vendredi 9 novembre 2012

Digression à propos de Jean bodin

La diatribe de Jean Bodin contre le médecin allemand Jean Wier m'a inspiré de nouvelles réflexions sur la médecine et sa corrélation avec la chasse aux sorcières.
On observe qu'entre Galien (131-201 ap. J.-C.) et Vésale (1514-1564), il n'y eut aucun grand médecin en Europe (les femmes ne comptant pour rien) et la référence en matière de médecine resta pendant des siècles le "grand Galien" (comme ils disaient). Puis Vésale apparut remettant en cause toutes les théories de Galien y compris ses fameuses histoires de chaleur et de sécheresse qui auraient caractérisé les hommes et de froid et d'humidité qui auraient caractérisé les femmes.
Or, pendant tout ce temps de friche médicale masculine, se perpétua une forte activité médicale féminine, les hommes ayant abandonné ce domaine qui ne leur paraissait pas assez glorieux au profit de la guerre qui le leur paraissait plus.
La médecine s'occupant de la santé du corps, un peu comme la mère soigne le nourrisson, pendant longtemps,  on a trouvé normal de laisser le soin aux femmes de guérir les maladies. On sait qu'à Salerne, l'activité médicale féminine a été remarquable. Cette école a été ouverte par des hommes à partir de la découverte des travaux d'Avicenne (dont je parle plus loin) mais la pratique médicale étant entre temps plutôt devenue une affaire de femmes et surtout de religieuses des couvents (comme Hildegarde de Bingen et son Causae et curae), il n'est pas étonnant d'y avoir vu briller de grandes médeciennes comme Trotula.
L'Europe découvrit donc qu'un certain Abu 'Ali al-Husayn Ibn Abd Allah Ibn Sina que l'on ne tardera pas à appeler par commodité Avicenne, né en 980 en Ouzbékistan et mort en 1037, avait travaillé sur Galien et publié un Canon de la Médecine qui prouvait qu'en Orient on n'avait peu négligé ce domaine au profit des femmes comme Hildegarde de Bingen et Trotula et qu'il pouvait être un fascinant terrain de recherche pour les hommes. Les croisés avaient rapporté le livre d'Avicenne en Europe, où il avait été traduit mais ne bénéficia d'un grand retentissement qu'à partir de l'essor de l'imprimerie ce qui nous amène à la Renaissance.
Avant l'imprimerie, les femmes s'étaient donc appropriées la médecine dans la mesure de leur moyen (j'en parle ici) sachant que le titre de médecin ne leur serait jamais attribué officiellement ce qui n'empêchait pas chacun de recourir à leurs soins si besoin était. Elles allaient bientôt connaître là leur douleur. Comme elles n'avaient pas été censées étudier, leurs pratiques étaient encore fortement teintées de superstitions + imprégnées de rites antérieures au christianisme, ce qui les rendait suspectes aux religieux, bonne aubaine pour s'en débarrasser.
Elles n'avaient eu aucunement accès aux nouvelles connaissances, ce qui a permis plus tard aux inquisiteurs de leur reprocher d'avoir eu parfois recours à des incantations ou autres pratiques désignées désormais comme sataniques que, faute d'avoir été alphabétisées et reconnues comme praticiennes comme cela se serait fait pour des hommes, elles avaient sans doute mêlées à leurs soins.
Après quoi, ces femmes qui, pendant des siècles, avaient servi de médecins sans en obtenir le statut furent du jour au lendemain poursuivies comme sorcières lorsque ces messieurs voulurent se réapproprier un domaine qu'ils avaient depuis si longtemps délaissé !
On voit par là que l'abnégation féminine lui est fatale. Or une femme ne peut pas laisser mourir son prochain pour faire pression sur le pouvoir afin d'obtenir un statut officiel qui la mettrait à l'abri des poursuites. Mais cette abnégation, ce manque de dureté vis-à-vis du patriarcat et des conditions imposées par lui, finit toujours par occasionner d'infinies souffrances aux femmes.     

33 commentaires:

  1. Hé oui, l'Université (XII°) puis la 'Renaissance' puis le Siècle des 'Lumières' furent de grands moments de misogynie...

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    1. J'aimerais bien que tu me cites un moment de non-misogynie ! :)

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    2. Huhu Euterpe: disons de misogynie particulièrement frontale et 'décomplexée' ....

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    3. Je la trouve aujourd'hui très frontale et décomplexée dans le champ du symbolique. Partout ce n'est que mots et images présentant les femmes commes des objets de consommation et des bonniches. Mais, OK, la justice fait semblant d'être impartiale, par contre. A ces époques-là, la femme était juridiquement considérée comme un objet de consommation doublé d'une bonnniche. On ne faisait même pas semblant, tu as raison.
      Néanmoins, quelque chose continue à me dire que nos victoires sur le sexisme vis-à-vis de ces périodes sont d'une extrême maigreur et surtout d'une extrême précarité.

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  2. Intéressante digression, merci pour ce rappel historique, Euterpe.
    Aujourd'hui, en Belgique, les femmes sont de plus en plus nombreuses à étudier et à exercer la médecine : http://www.lalibre.be/actu/belgique/article/73975/dix-fois-plus-de-femmes-medecins-qu-il-y-a-trente-ans.html

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    1. Au risque de passer pour trop pessimiste, j'aurais tendance à penser que, les hommes se précipitant tous dans les métiers de l'informatique, la voie semble libre pour les femmes du côté de la médecine où l'on n'éprouve moins l'urgence de les décourager.
      Mais j'applaudis quand même très fort les jeunes femmes belges qui ont choisi cette voie ! Pourvu que ça continue !

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    2. "Les hommes se précipitent tous dans les métiers de l'informatique" ???????
      Etant étudiant dans le département d'informatique d'une école d'ingénieur généraliste, je peux vous assurer le contraire.

      Les informaticiens sont mal considérés par beaucoup de gens et les non-informaticiens sont bien rares à savoir en quoi consiste notre science. Il me semble qu'il y a bien plus d'étudiants et d'étudiantes en médecine qu'en informatique.

      De plus les filières scientifiques de l'enseignement supérieur manquent de monde donc on ne peut pas dire que les hommes s'y "précipitent" (que ce soit en physique, en mathématiques, en informatique, en biologie, en chimie, ...). Il n'y a qu'à faire un sondage autour de soi pour s'en rendre compte.

      Je vous prie de ne pas véhiculer ce genre de stéréotypes. Ils me rendent toujours triste car ils témoignent d'un certain dédain pour les sciences.

      Je souhaite également bonne chance aux futures professionnelles de santé belges et je souhaite que les belges comme les françaises se tournent plus vers toutes les sciences, que l'on en finissent avec le cliché qui voudrait que les sciences soient forcément masculines, compliquées et surévaluées.

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    3. Désolée de vous attrister mais je ne vois autour de moi que des garçons choisissant la filière informatique comme la seule valable et digne d'être étudier si l'on veut être un homme moderne.
      Il fut un temps révolu où ceux-ci ne juraient que par la médecine.
      Quant au "dédain pour les sciences", désolée encore mais si vous connaissiez mon parcours vous sauriez que je n'ai jamais dédaigné les sciences, loin de là. Elles ne sont ni masculines, ni compliquées ni surévaluées. Elles sont confisquées par les hommes, rendues parfois stériles et arides par ces mêmes hommes dans le but de maintenir les femmes à distance et prises à tout bout de champs comme références pour tout et n'importe quoi alors même qu'aucune découverte scientifique ne reste définitive. Malgré cela, il faut toujours qu'un mâle vous sorte les récentes découvertes scientifiques pour étayer n'importe quel propos sans le moindre rapport, façon Jean Bodin citant Pline et Galien.

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    4. En plus, dans n'importe quel boîte où vous travaillez vous voyez l'informaticien considéré comme le "deus creator omnium" sans lequel rien n'est possible et dont tout le monde est archi dépendant ce qui lui donne un pouvoir de nuisance énorme.
      Je comprends que cela vous déplaise si vous étudiez vous-même l'informatique mais demandez donc, je vous prie, aux écoliers d'aujourd'hui ce qu'ils veulent faire plus tard !

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    5. Bigre, les goûts ont changé en 5 ans... De mon temps l'informatique n'intéressait presque personne en terminale S (et je parle pas des ES, L, des bacs techno et pro, des CAP et des BEP). Ceci dit il est vrai que les modes ne durent pas mais quand même ça me fait prendre un coup de vieux.

      Par contre je n'ai pas l'impression que les sciences soient confisquées par les hommes. Les milieux scientifiques aimeraient bien un peu plus de mixité lorsqu'elle manque (ce qui n'est pas toujours le cas, il y a une bonne parité en chimie ou en biologie). Quant à être rendue stériles pour mettre les femmes à distance, je n'y crois pas car 1°) les hommes seraient mis aussi à distance par ces mesures et 2°) il est difficile d'étudier sérieusement un sujet sans le rendre aride au profane ou à l'étudiant débutant.

      Je crois que le problème vient avant tout d'une fausse idée des familles qui tendent à orienter les filles dans des filières plus littéraires. Mais à mon avis cela vient avant tout de l'absence de culture scientifique chez la plupart des parents (demandez donc la différence entre mathématiques et physique autour de vous, la plupart des gens auront probablement du mal à répondre), ce qui les rend perméables aux stéréotypes en tout genre.

      Dire qu'une découverte scientifique n'est pas définitive est vrai mais pas totalement. Certes les paradigmes changent radicalement avec le temps mais les résultats des observations (encore faut-il qu'elles soient bien faites) et les applications pratiques restent. En gardant cela à l'esprit il est possible d'utiliser les sciences pour tout et n'importe quoi. C'est d'ailleurs souhaitable car cela offre une bonne base de travail.

      Que les informaticiens soient "les dieux créateurs de toute chose" en entreprise, j'en suis évidemment conscient. Le problème est qu'ils ont tendance à parler à des gens qui n'y connaissent rien et qu'ils peuvent donc arnaquer facilement. L'informatique rend possibles beaucoup de choses, le tout est de savoir ce que l'on veut (ce qui est rarement le cas en entreprise...).

      Lorsque j'ai animé des ateliers Main à la Pâte en primaire l'an dernier je n'ai pas eu l'impression qu'ils voulaient faire de l'informatique plus tard, mais après cela dépend du milieu dans lequel on se trouve.

      Pour terminer sur science et femmes voici le genre de choses qui me révoltent (c'est une campagne de l'UE, attention elle pique les yeux) : http://www.youtube.com/watch?v=g032MPrSjFA

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    6. Jene suis pas pour stigmatiser les parents qui sont majoritairement de purs suiveurs/veuses. Ils suivent la tendance extérieure, celle de l'école. Je signale que l'école n'a qu'un souci actuellement ou presque : comment tout informatiser et remplacer livres, cahiers, crayons et matériel scolaire par des ordinateurs. Il est évident que, du coup, celleux qui maîtriseront l'outil seront les maîtres.

      Pour ce qui est des bases scientifiques, le problèmes c'est qu'aujourd'hui beaucoup d'hommes font comme ils étaient les seuls détenteurs du savoir scientifique et en profitent pour sortir des énormités sous prétexte que ceci et cela n'a pas été prouvé scientifiquement, comme, par exemple, le réchauffement climatique du à l'activité humaine (donc il n'existe pas), la non-dégradation des déchets nucléaires (nous n'avons pas pu faire d'observation sur plusieurs milliards d'années, donc, voilà) etc, etc...
      La science c'est un outil pas une preuve. Pourtant il y a des scientifiques aux É-A et ailleurs qui viennent sur les plateaux télévisés expliquer avec des chiffres que le réchauffement climatique du à l'activité humaine, c'est de la foutaise. C'est effrayant.

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    7. Je crois que le problème est que nous n'avons pas la même définition de l'informatique. Je ne suis pas pour l'utilisation à outrance des ordinateurs au contraire, mais ce n'est pas ce que j'appelle informatique (mais c'est un point de vue d'étudiant du domaine, pas un point de vue généralement partagé).

      Les parents sont bien sûr des suiveurs. Le problème c'est que les meneurs sont rares et ont une influence très inférieure à celle des suiveurs qui entretiennent la situation actuelle comme des grands.

      Quant à l'utilisation de la science, elle sert à donner une description de faits. Le tout est de savoir prendre les décisions ensuite : que le réchauffement climatique soit ou non une réalité peu m'importe, ce n'est pas pour ça que la pollution n'est pas une menace pour l'être humain.

      Je crois beaucoup en l'importance de Main à la Pâte (animations scientifiques en primaire) et aux Cordées de la Réussite (accompagnement de collégiens et lycéens brillants mais n'osant pas les études longues pour des raisons familiales) pour amener plus de gens (et des gens plus diversifiés) vers les sciences ou au moins une certaine culture scientifique. Ce qui aurait pour effet connexe de limiter la crédibilité de ceux qui déblatèrent des insanités sur l'impossibilité de l'évolution et autres joyeusetés.

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    8. Une question qui n'a rien à voir : quand vous écrivez "celleux" je suppose que c'est pour ne pas utiliser le masculin "ceux".
      Est-ce un usage répandu ou est-il de vous ? Pourquoi un néologisme plutôt que "celles et ceux" (à part pour des raisons de longueur)?

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    9. J'espère que dans vos animations scientifiques les filles sont écoutées si elles parlent et encouragées à parler si elles se taisent ! Dans les groupes mixes les garcons s'imposent et comme les animateurs ne réagissent qu'à ce qui prennent le plus de place, les filles renoncent à participer activement.

      Oui, j'utilise celleux par commodité. "Celles et ceux" est très long.

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    10. J'aime beaucoup le néologisme celleux, je trouve qu'il devrait exister une forme plurielle androgyne pour ne plus que les femmes soient incluses dans la forme masculine, et parce qu' utiliser a chaque fois le masculin et le féminin n'est pas pratique car trop long. Il ne peut pas y avoir d'égalité femmes/hommes tant que dans la langue que nous parlons quotidiennment, le masculin l'emporte sur le féminin.

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    11. Merci Sylphe. Oui, la masculin doit cesser de l'emporter en francais.C'est d'ailleurs une spécialité typiquement francaise. Dans les autres langues, si le masculin domine, il ne l'emporte pas à tout coup et, pour donner un exemple, en allemand pour "ils et elles" c'est "elles" qui l'emporte et pour "celles et ceux", c'est également "celles" (pour dire "frères et soeurs" c'est "soeurs", etc...).

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    12. En ce qui concerne les langues le pluriel est soit neutre (anglais par exemple), masculin (français) ou féminin (allemand, il n'y a que le datif pluriel et les adjectifs introduits par un article défini pour lesquels la désinence est différente).

      En italien et dans les autres langues romanes il me semble que le pluriel est neutre (mes connaissances grammaticales ne sont pas excellentes pour l'italien cependant).

      Le vrai problème c'est l'apprentissage de la règle. Personne n'a conscience que le féminin l'emporte en Allemagne alors qu'en France tout le monde sait que "le masculin l'emporte". Après l'accord de proximité me choque parfois, et parfois c'est son absence qui me choque.

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    13. Pour les animations, en fait ce n'est pas "les filles" ou "les garçons". Il y avait deux enfants qui parlaient, une fille et un garçon. Et encourager les autres à participer quand on n'a pas de formation concernant les petits enfants c'est dur (c'est à ça que sert l'instit d'ailleurs), et il y a des enfants brillants et timides qui écoutent sans parler donc je pense que même si des filles n'osent pas s'exprimer, ce genre d'animation est tout de même bénéfique.

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  3. D'accord avec ce billet ! Toutefois, ce mythe d'une médecine scientifique et rationnelle (le malade n'a rien de scientifique, il est unique et sa maladie est donc unique), n'importe quel bon médecin te dira que les médicaments ont 40 % d'effet placebo ; la médecine scientifique est surtout une médecine technique assistée de machines (donc largement déshumanisée) et là, suis mon regard, ils y sont bien à leur affaire ! Les aides-soignantes mal payées et donc femmes se chargent de "l'humain" !

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    1. Tout à fait d'accord avec toi, Hypathie. D'ailleurs, l'éradication des pratiques chamanes via le meurtre des femmes qui les connaissaient encore, s'est intensifiée avec le fameux siècle des Lumières et les nouveaux penseurs dits "de la raison" comme, entre autres, l'épouvantable Descartes, ainsi qu'avec l'essor soudain des sciences et techniques.
      "Je putréfie le Patriarcat" explique très bien dans son dernier billet ce que ce culte de la science et du rationnel recouvre.

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  4. L'Histoire se repete par cycles. A la fin du Moyen-Age,les femmes étaient quelque peu émancipées et pouvaient exercer certains métiers, dont celui de médeciennes. C'est ce qui a engendré un retour de baton de la part des hommes pour, comme le mentionne ce billet, se réapproprier ces domaines. Or, la soumission des femmes et leur renvoi au foyer s'obtient par la violence. Quand on constate aujourd'hui que l'acces des femmes a l'emploi, et leur émancipation en général, est de plus en plus contesté et réprimé, on peut craindre que nous vivions une période semblable a celle qui précede l'inquisition médiévale, et de se trouver a l'aube d'une nouvelle chasse aux sorcieres.
    "ce manque de dureté vis-à-vis du patriarcat et des conditions imposées par lui, finit toujours par occasionner d'infinies souffrances aux femmes." Il serait temps que les femmes le comprenne et réagissent si on ne veut pas voir l'Histoire se répéter sans cesse.

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    1. Absolument d'accord. Il faut que les femmes arrêtent de croire aux vertus de la douceur et de la compréhension quand on a à faire à une volonté de destruction clairement dirigée contre nous, nos libertés, notre intégrité, nos vies, à des fins d'oppression voire d'esclavagisme.
      Il n'y a pas de progrès linéaire dans le temps. Il n'y a que des cycles avec d'effrayants retours en arrière.
      Ce qui me donne un espoir de changement c'est de voir que dans les pays orientaux comme l'Iran, entre autres, des femmes s'organisent et n'hésitent plus à frapper les hommes qui prétendent les contrôler et leur dicter ce qu'elles ont à faire.

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    2. J'ajouterais que les femmes doivent absolument sortir de leur naiveté. Qu'elles cessent de croire que la misogynie n'est le fait que de quelques marginaux, ou que les violences faites aux femmes sont des cas isolés. Il faudrait prendre conscience de l'étendue de la misogynie, de l'hostilité a l'encontre des femmes qu'éprouvent des hommes que nous cotoyons quotidiennement. Si les femmes au Moyen-Age s'étaient doutées du sort qui leur serait fait, n'auraient-elles pas cherché a résister plus vivement ? Ce qui fini toujours par perdre les femmes, c'est aussi leur candeur par rapport aux sentiments et intentions masculines a leur égard.

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    3. Tout à d'accord. Il faut dire que cette hostilité de la part des hommes envers nous est tellement difficile à comprendre !

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  5. Je voudrais nuancer votre propos Euterpe.
    Certes la médecine officielle a été très lente et très peu efficace pendant des siècles (d'où l'amour fou que Molière portait aux médecins...). Certes les femmes ont été parmi les plus efficaces des pratiquantes de la médecine au moyen-âge (avec les barbiers qui faisaient les opérations chirurgicales, et un châtreur de porcs suisse qui a réussi la première césarienne sur une femme vivante en 1500). Certes les connaissances accumulées par ces femmes ont ensuite servi de socle à la médecine officielle (qui est quand même restée très peu efficace pendant encore quelques siècles). Et certes ces femmes ont été persécutées par la suite.

    Cependant le comportement des académiques à ce sujet n'est pas vraiment du sexisme dans le sens où il résulte d'un processus qui a touché beaucoup de gens et également beaucoup d'hommes. En effet l'acquisition de connaissances suivie de la persécution/ exploitation/ dénigrement de ceux qui les ont rassemblées est une constante dans la civilisation occidentale (Clifford Conner (auteur de "histoire populaire des sciences", excellent livre conseillé par un chercheur du domaine) en fait l'explication majeure de l'essor de l'Europe au seizième siècle). Pour rester dans le domaine de la médecine on peut citer par exemple la récupération des remèdes amérindiens (en particulier l'écorce de quinquina contre le paludisme) puis le massacre des dites populations d'Amérique.

    De nombreux exemples concernent toutes les sciences et de nombreuses catégories de personnes (majoritairement les artisans, les femmes et les "sauvages"). De tels comportements sont à mon avis plus représentatifs d'un manque de scrupules dans l'exploitation de son prochain que de sexisme (qui existait bien sûr par ailleurs à la même époque).

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    1. Je ne dis pas que la médecine a été très lente et peu efficace. Peut-être a t-elle été très efficace mais pas de la manière dont nous la pensons aujourd'hui. Quand on explore le moyen-âge, on s'aperçoit qu'il est bourré de guérisseuses qui faisaient des miracles. Comme le dit Hypathie plus haut, il y a une énorme part de placébo dans les médicaments ce qui laisse un champ ouvert totalement inexploré et peut-être totalement inexplorable sur le fonctionnement de la guérison humaine. La médecine, ce n'est pas seulement la chirurgie et les méthodes "mécaniques" de soins.
      Le savoir des femmes que l'ont a brûlé est donc parti en fumée avec elles, pas sûr que l'on est pris soin de conserver tout ce qui aurait pu être conservable. Quand je parle de Hildegarde de Bingen et de Trotula qui ont échappé à ce sort parce que protégées (comme Luther l'a été dans le domaine religieux), je ne mentionne pas le fait que leur science n'a bien entendu pas du tout été prise en compte dans l'enseignement dispensé à l'université de Montpellier créé à la Renaissance. Les femmes auraient pu faire toutes sortes de miracles et avoir été sur la Lune, même, rien à faire. Pour les hommes n'ont compté et ne comptent pour partie encore que les expériences des hommes.
      Mais je suis d'accord avec vous pour dire que ce comportement ne touche pas que les femmes. Il touche toutes les catégories infériorisées. Les gens issus de castes considérées comme socialement inférieures, lesdits "sauvages" et les gens sans protection haut placée.
      Mais n'oublions pas que le sexisme est un racisme parmi les autres. De plus il est difficile pour une femme d'être autre chose qu'une femme tandis qu'un homme peut passer (même si c'est difficile) d'une caste social à l'autre. Par contre, les amérindiens sont effectivement complètement nos "frères et soeurs". Et cela pour la bonne raison que les femmes passaient (passent ?) comme eux pour être une espèce intermédiaire entre l'homme et l'animal.

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  6. Je viens d'être opéré de la cataracte par une femme chirurgienne efficace et rassurante qui sifflotait tout en m'opérant. Quelqu'un(e) de ma famille a été opérée avec succès par une chirurgienne d'une grave tumeur au cerveau qu'aucun homme ne voulait "prendre le risque" de toucher .
    Il y a aussi dans ma famille très proche des femmes-médecin , de plus en plus, dans des endroits( à la campagne) que les hommes désertent pour aller se "fixer" au soleil dans des stations balnéaires richissimes.

    Il y a de plus en plus de femmes dans tous ces domaines ( celui de la micro-chirurgie par exemple) de la médecine mais là où les hommes leur ont laissé la place . Elles sont donc bien souvent là par "défaut" dans des domaines qui passent peu glorieux ou pas assez rémunérés au goût de ces messieurs.

    J'ai une fille sage-femme qui fait tout le boulot du début à la fin mais l'obstétricien( le plus souvent un homme) arrive quand tout va bien, quand tout est fini , juste pour signer l'acte d'accouchement avec bien entendu la rémunération qui s'ensuit.

    Cependant les hommes dans leur immense courage ou leur infinie abnégation désertent de plus en plus les métiers exposés aux procès des patients laissant ainsi aux femmes la place libre( obstétrique, anesthésie, etc..)
    Eux ils se réservent les postes de conseillers ou de "coachs" , de conférenciers . Ils sont directeurs de services ,"grands professeurs" réputés, bien loin des corps et des âmes à soigner tous les jours.
    Ils passent à la télé , sont "maîtres" de recherches en collaboration avec des labos privés, écrivent des bouquins, donnent leur avis sur tout, s'achètent des villas somptueuses dans des paradis fiscaux ( aux Canaries ou ailleurs) et se forgent ainsi une réputation d'homme bons ,intelligents efficaces et généreux . Ils se font des c... en or pendant que les petites mains féminines vident les bassins et changent les pansements ou réparent les dégâts causés par ces spécialistes de plus en plus nombreux en chirurgie dite "esthétique". Car vous aurez remarqué aussi, ce n'est pas un hasard, que tous ces grands "refondateurs" après Dieu des corps féminins sont presque tous des hommes.

    Le métier de "grand professeur" ou de "spécialiste" ressemble de plus en plus à celui d'homme d'affaire, territoire de chasse bien gardé par les hommes même si quelques femmes ont le droit de cité ..à condition bien sûr qu'elles adoptent le même comportement que celui du sexe masculin.
    On demande par exemple un dépassement d'honoraire pour opérer une hernie discale. Si par hasard le "patient" ou plutôt le client n'a pas le sou on ne lui enlève sans doute que que la moitié ou il attend "ad vitam aeternam" qu'on daigne lui donner un rendez-vous?

    Qu'est-ce qui a changé au fond? La médecine est comme le reste une affaire de gros sous et les femmes qui font leur métier avec beaucoup de courage et d'abnégation ne sont que la bonne conscience d'une profession presque entièrement dirigée par des hommes, le conseil national de l'ordre des médecins nous en donne d'ailleurs l'exact reflet . A part la vice présidente Irène Kahn-Bensaud, jamais aucune femme n'a été présidente et la composition est à presque 100% d'hommes. S'i y a bien un domaine où la représentation féminine est loin d'être respectée c'est bien là et ça confirme bien tout ce qu'écrit Euterpe.

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    1. Merci de ce témoignage, coup de grisou. C'est bien la preuve que rien n'a changé.
      Et comme le dit souvent Hypathie, on a à faire là à du pur parisitisme.
      Ces médecins n'ont tout compte fait de médecins que le nom et ne sont en réalité que des businessmen.
      Là encore ils ne visent que le pouvoir et l'argent pour leur propre personne.
      C'est lamentable.

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    2. parasitisme (pas parisitisme) :)

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  7. Merci pour cet article! Il fait notamment prendre conscience que la médecine n'a pas toujours été une affaire d'hommes, notamment au Moyen-âge que l'on diabolise bien trop souvent, à tort.

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    1. Oui le moyen-âge n'est pas abordé en histoire parce qu'il y aurait trop de femmes hors du commun à mentionner alors on lui donne une mauvaise réputation, et voilà.
      Merci beaucoup pour ta visite ! Je fais régulièrement un tour sur ton blog qui est très enrichissant !

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  8. N'exagérons rien, si les programmes n'ont pas changé dans les 10 dernières années, le Moyen-Age constitue l'ensemble du programme de 5° (empires byzantin, arabe et carolingien, pouvoir grandissant de l'église, architecture (les cathédrales quoi), les croisades et la guerre de 100 ans) et une partie du programme de seconde (la Méditerranée au XII° siècle).

    Bon je ne dis pas que les cours sont de qualité et la seule femme mentionnée est Jeanne d'Arc ("ben c'est une fille, elle a eu des visions et elle a repris Orléans puis les Anglais l'ont brûlée vive"). Mais dire que le Moyen-Age n'est pas abordé en histoire est assez abusif.

    C'est une période qui gagnerait à être d'avantage connue, même si j'avoue que par goût je pencherais plus sur les civilisations antiques. En ce qui concerne le rôle des femmes, j'aurais tendance à dire que la période la plus intéressante serait la préhistoire mais c'est la plus dure à étudier (on pense qu'un certain nombre de savoir-faire comme la métallurgie résulte du travail des femmes, du moins s'il est vrai que c'est les hommes qui partaient chasser...)

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