jeudi 5 juillet 2012

Espèce de vache

Non ce n'est pas de femmes cette fois, que je parle mais de vaches.
Non, mon titre n'est pas à interpréter comme une insulte mais doit être pris au premier degré. Je parle vraiment d'une espèce de vache.
(Oui comme avec les femmes ("espèce de fille", "femmelette",...) on peut dégrader quelqu'un avec simplement le nom d'un animal qui pourtant n'en peut mais. 
D'ailleurs je peux bien parler de vaches, puisque femmes et animaux ont un peu le même destin en ce monde.
Les animaux sont néanmoins un peu plus traités comme un tas indistinct que les femmes. Cependant, ne vous y fiez pas, la différence reste plus petite que vous ne croyez (voir mon billet intitulé Sibylle de Valois).
 J'ai aussi envie de faire un clin d'oeil à lucrecia bloggia qui a publié plusieurs séries de ce genre, sympathiques et drôles sur les vaches de ses contrées, ainsi qu'à insolente veggie et sa présentation d'un livre très intéressant sur la propagande mensongère concernant les vertus du lait de vache (vidéo ici) et à Hypathie qui nous détaille un peu ce que veut dire être une usine à lait pour la ruminante la plus exploitée de notre planète. 
Celle dont je souhaite vous parler est béarnaise. Comme j'ai fait un petit tour en Béarn, j'ai cherché à la voir en vrai mais sans succès et pourtant elle existe.
Elle est présente depuis longtemps sur les armoiries de la région : « D'or aux deux vaches de gueules, accornées, colletées et clarinées d'azur, passant l'une sur l'autre », ce qui signifie « sur fond jaune doré, deux vaches rouges aux cornes, au collier et à la cloche bleue ».
Elle évoquerait l'animal sacré des Vaccéens* dont les Béarnais seraient les descendants.
Présente depuis des temps immémoriaux en Béarn dans les vallées d’Aspe et du Lourdios, elle fut représentée à partir du XIIIe siècle sur la monnaie du Béarn, « la baquette », frappée à son effigie… Ce serait une vache laitière très rustique, issue de l’ancienne race « Blonde des Pyrénées ». Ses belles cornes vrillées, très longues, ont la forme d'une lyre. Elle aurait un tempérament vif et un pied sûr de montagnarde. Elle bénéficie aujourd'hui d'un programme de conservation car n'étant pas assez rentable pour une industrie agro-alimentaire mortifère, la voilà, comme beaucoup d'autres vaches d'Europe, en voie de disparition.
Dans cet encadré pêché sur un site consacré au Béarn , on trouve d'autres informations sur elle :







                        l'image de l'ours,  notre belle vachette béarnaise est en voie de disparition , comme si les 2 ennemis intimes ancestraux étaient en fait liés , mystérieusement, pour l'éternité. Leur destinée commune a quand même quelque chose de vraiment surprenant. Nos baquettes ont frôlé la disparition à la fin du XVIII° des conséquences d'un épizootie. Sa robustesse lui permit de survivre, mais c'était pour mieux se trouver croisée quelques décennies plus tard, avec la garonnaise ou la Quercy , pour donner naissance à la célèbre blonde d'Aquitaine.
                       Alors qu'on comptait 360.000 vaches de race béarnaise en 1937 et encore 200.000 en 1962 , on n'en comptait plus que 120 en 1978, presque uniquement en vallée d'Aspe, et ce, malgré l'étendue de ses qualités.
Maintenant la béarnaise n'est plus présente que dans une petite dizaine de troupeaux, mais son nombre est en augmentation .  La plupart des rescapées se trouvent dans des élevages du Haut-Béarn , comme ceux de Patrick Prétou à Lourdios, Bernard Cimora à Précilhon, Roger Betbeder à Escot, Bernard Mora à Arros(Asasp) , Germain Laulhive etc.... Il ne reste plus que 150 vaches béarnaises et 18 taureaux à semence. La politique agricole des années 60 a fait presque disparaître la race béarnaise au profit de l'appellation "Blonde d'Aquitaine" qui est une race hybride créée par l'homme. (voir plus haut)
          
La nouste baquette est facilement identifiable par sa belle robe rousse aux reflets dorés, la finesse de ses traits et ses cornes dont tout le monde associe la forme, à la lyre. On n'hésite pas à dire qu'elle est élégante. Elle est agile, et très adaptée au milieu montagnard . C'est un animal rustique , très résistant, quelque peu nerveux, comme toutes les bêtes de race.  C'est une excellente mère, qui se sacrifie  pour sa progéniture, quitte à dépérir et à en devenir squelettique.
Son intelligence est surprenante: elle connaît son monde et réagit spécifiquement aux personnes, et aux circonstances: c'est ainsi que nos "béarnaises" savent  faire front face à l'ours. Elles forment tout simplement un cercle (comme les pionniers américains face aux indiens) et présentent leurs cornes acérées au plantigrade qui fuit sans demander son reste.
           
Son intelligence n'empêche pas notre baquette de garder un côté sauvage, empreint d'une certaine fierté . Une fierté qui fait que dans les estives, elle ne peut supporter la présence d'autres vaches au-dessus d'elles, quitte à leur abandonner de meilleurs herbages.
La viande de la béarnaise est très savoureuse, mais elle a été sacrifié sur l'autel de rendement, car elle a été trouvée insuffisamment charnue et laitière . On sait bien que la quantité prime, depuis belle lurette, sur la qualité.

           Les béarnais sont très fiers d'avoir la vache pour emblème: d'ailleurs au moyen-âge, elle figurait sur les monnaies béarnaises.
Les béarnais s'identifient à son côté  généreux, à son dévouement, à son sens du groupe et à sa capacité d'abnégation sans borne....
Elle a donné aux béarnais leur cri de guerre "BIBA LA BACA" , qui leur permet de se sublimer


*Les Vaccéens : peuple celtibère (hispano-celtique) qui vivait vers les sources du Duro au Portugal. Repoussé vers le nord par les Wisigoths, il choisit les territoires au pied des Pyrénées que sont aujourd'hui la Navarre, le Nord-Aragon, le Béarn et la Bigorre. Les Vaccéens pratiquaient le culte de la vache sacrée.

Comme quoi, la vache n'a pas toujours été cette machine à produire du lait à laquelle nous l'avons réduite.

Voici ce qu'au XVIe siècle, François Ier disait de nous autres femmes et animaux : "un gentilhomme, tant superbe soit-il, ne saurait mieux recevoir un seigneur, tant grand soit-il, en sa maison ou château, [sans] qu'il y opposat à sa vue et première rencontre une belle femme sienne, un beau cheval et un beau lévrier : car, en jetant son oeil tantôt sur l'un, tantôt sur l'autre, et tantôt sur le tiers, il ne saurait jamais fâcher [personne] en cette maison ; mettant ces trois choses belles pour très plaisantes à voir et admirer, et en faisant [faire] cet exercice très agréable".

..."ces trois choses"....


Et pour finir à propos de vaches : J'ai eu autrefois une élève sud-africaine qui lors d'un de mes workshops a fait un magnifique livre sur les vaches Nguni avec la signification cosmique de leurs taches dans la tradition ancestrale zoulou. Mais, bien sûr, elle n'a guère trouvé d'éditeur.
La vache Nguni est exploitée pour sa peau qui doit essentiellement restée décorative, sans la moindre signification.

Ajout du 06.07.2012 : pour un traitement humain des vaches, une pétition à signer ici

Ajout du 28.07.2012 : encore un lien qui explique très bien pourquoi le lait de vache c'est pour les veaux.

9 commentaires:

  1. Toutes ces magnifiques vaches rustiques (Pie Noire bretonne, Nantaise, Froment du Léon..., sont comme ta Béarnaise, condamnées parce qu'elles ne produisent pas leurs 50 - 60 litres de lait par jour après des vêlages à répétition et des séparations déchirantes d'avec leur veau ! Pire, une ferme de 1000 vaches hors-sol est en cours d'enquête d'utilité publique dans la Somme : une horreur d'exploitation des animaux, horreur écologique, etc... On peut se renseigner et signer sur le lien suivant :
    http://www.l214.com/projet-elevage-mille-vaches-somme
    L'humanité est une parasite de la vache, il n'y a pas d'autre explication à une pareille exploitation. En tous cas bravo pour ce billet qui rend hommage aux vaches, animales sublimes, et les liens qu'il contient ! Merci aussi pour le renvoi vers mon billet de l'été dernier ;))

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  2. A propos des vaches zulus, bicolores (v/élève et les vaches ngunis), une dizaine pour la dot d'achat -lobolo- d'une fille, c'est honnête...

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  3. A Hypathie : j'ai signé et je relaie. C'est effectivement horrible et ça commence à bien faire.
    On vit très bien sans produits laitiers, d'ailleurs. Je ne me suis jamais mieux portée que depuis que je ne crois plus à la propagande lactivore (ou galactophage). Cela fait du bien au corps et à la conscience d'arrêter de cautionner cette torture en s'alimentant comme le veut le lobbie agro-alimentaire !

    A christine GMD : oui c'est intéressant cette assimilation des vaches et des femmes ! Cela rejoint ce que je dis dans ce billet. La différence de traitement (ou de perception) n'est pas énorme entre elles et nous. La voilà chiffrer : de 1 à 10.
    Dix vaches valent une femme, une femme vaut dix vaches. Les vaches et nous, sommes étroitement liées au niveau de l'oppression machiste. Sauf que la vache subit la phallocratie humaine encore plus violemment (10 fois plus violemment, donc).

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    1. Pour ce qui est de proportion 1 à 10, il s'agit d'un témoignage de l'hémisphère austral, tout à l'envers et l'eau du robinet qui tourne dans le sens inverse... C'est donc sous toute réserve.

      Cependant, il me semble bien que les filles subissent plus encore que les vaches (on a plutôt tendance à leur caresser le pis) en torture en nombre au rythme de 223/heure - http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/01/mutilation-sexuelle-feminicide.html
      http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/05/feminicide-excisionnelarchiveue.html
      http://susaufeminicides.blogspot.fr/2009/10/mutiliations-sexuelles.html
      http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/02/violences-femincides-et-abandon-de.html

      J'aurais cru (non pas de jeu de maux) que tu avais vu les chiffres et variétés http://susaufeminicides.blogspot.fr/p/estimations.html

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    2. En fait, j'ai un peu du mal à lire des articles sur l'excision tellement cette pratique m'est odieuse. Néanmoins à ce que je sais par moi-même et par Hypathie, c'est que les vaches subissent des tortures dont la cruauté est aussi due à leur accumulation : découpage des cornes à l'acide sans anesthésie, privation du veau qu'elles viennent de mettre difficilement au monde (et qu'elles veulent et qu'elles aiment) pour leur prendre leur lait, obligation de fournir 50 à 60 litres de lait par JOUR ! C'est une quantité surhumaine et surbovine certaiment aussi sans parler des étables modernes où elles ont en permanence la tête coincée entre deux barreaux et ne peuvent même pas se coucher si elles en ont envie, etc, etc...pour finir à l'abattoir, cette épouvantable machine à exterminer.

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  4. Dans mon passé d'enfant, j'ai gardé mes vaches dans le département voisin. C'étaient des vaches noires ou noires et blanches.
    Ce soir j'ai entendu que la transhumance se faisait en vallée d'Ossau: qui sait si ces vaches sont de la fête et du déplacement?

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  5. Maïté/ Aliénor : dans les Hautes-Pyrénées ? En fait, j'adore cette région qui est d'ailleurs encore assez agricole. Mais l'élevage est devenu difficile à cause de l'exigence en rentabilité. C'est moche.
    Moi aussi j'ai connu des vaches quand j'étais petite. Elles étaient aussi noires et blanches, brunes et blanches, rarement unicolores. A l'époque on ne leur demandait pas de produire 50 à 60 litres de lait par jour, pauvres bêtes !
    La transhumance en vallée d'Ossau...quel dommage que je n'y suis pas pour voir cela !
    Merci pour cette info, elle me fait très plaisir pour des raisons que je garde secrète...chut !

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  6. Ce n'est que ce soir, que je lis ce billet!! (vieux motard que jamais!)

    Effectivement, la conation machiste entre les vaches et les femmes a aussi lieu par chez moi. Du moins dans un milieu que je qualifierais de "défavorisé".
    Sauf que moi, j'aime les vaches! Beaucoup. Énormément. Elles sont trop cool! Trop belles! (les goûts ne sont pas à discuter!).

    Le sort de certaines espèces d'entre elles est trop triste. J'ai honte pour ce que l'humain fait subir à certaines espèces animales. J'ai vu des millerss de vaches dans des conditions innommables aux frontières de l'Arizona, du Colorado et du Nouveau-Mexique. C'était en a pleurer. Ce que je ne me suis pas gêner de faire. Épouvantable. Ça doit déjà faire au moins sept ans de cela, mais je n'en reviens toujours pas! C'est pourquoi quand je vois des vaches heureuses dans des champs par chez moi, je ne peux que me réjouir intérieurement et prendre des photos pour immortaliser leur bienheureux passage sur terre.

    Chacun ses plaisirs, quoi!! :¬)

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  7. Merci Lucrecia Bloggia de cet aveu sincère. Moi aussi j'aime beaucoup les vaches. Je n'en vois malheureusement que très rarement et j'ai toujours un peu peur d'en découvrir des malheureuses car je ne supporte pas que l'on fasse du mal aux animaux. Pour moi, les enfants et les animaux sont une source inépuisable de plaisir, alors je te comprends très bien !:)

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