mercredi 14 juillet 2010

Judith, la coupeuse de tête





Au XXIe siècle, l'Olympe (le domaine des dieux) pour nous qui représentons la masse indistincte de la foule plus ou moins bêlante ou rebelle selon les cas, ce sont les acteurs/chanteurs que nous désignent les médias et aussi quelques intellectuel-le-s acquis-es à la cause médiatique. Chacun de puiser ses héros, ses héroines et ses stars là-dedans, de comparer, d'échanger, d'imiter, d'adorer, de détester en commun ces idoles, bref de ressentir une appartenance commune à travers elles.
Au XVIe siècle, il se passe la même chose. Mis à part que que la référence universelle faisant office de télévision et plus si affinités, c'est la Bible. Retenez bien ce nom. Mais je crois que vous l'avez déjà fait. Quelques dieux grecs, le polythéisme ayant été mal éradiqué, l'astrologie et la cabale, en marge du livre sacré comptent également quelques figures fascinantes certes, mais leur impact reste mineur et c'est la Bible qui remporte le pompon en matière de figures de projection. La femme du XVIe siècle y puisent ses stars préférées dont la première au hit parade est sans conteste Judith du Livre de Judith.
En me promenant sur les blogs, j'ai trouvé un billet sur Lucas Cranach d'une blogoniste qui se posait des questions sur la série de "Judith et Holopherne" réalisée par ce peintre.
Comme je connais Cranach qui avait peut-être plus le sens du commerce que de la peinture d'après moi, il a du en faire faire à la chaîne par son atelier pour toutes les groupies qui en souhaitaient un poster.
Judith délivre son peuple du tyran Holopherne en lui coupant la tête. Ce courage d'une faible femme qui s'attaque au plus puissant d'entre les puissants et qui l'égorge comme un vulgaire poulet, a fasciné les foules. La plus célèbre scène de décapitation d'Holopherne est d'Artemisia Gentileschi, peinture dans laquelle elle semble exprimer une formidable rage misandre mais c'est peut-être une interprétation. D'autres paintresses italiennes du XVIIe siècle ont traité ce thème : Virginia Vezzi (1597-1638) (portrait de Judith ci-dessus, avec l'arme du crime) et Elisabeth Sirani (1638-1665). Au XVIe siècle les éternels peintres de renom : Le Caravage, Véronèse, Mantegna, Botticelli, Le Tintoret, Michel-Ange ont peint cette scène d'une autre manière. Le Caravage a l'air de se mettre dans la peau d'Holopherne et Judith fait figure d'une chochotte un peu dégoûtée, qui ne sait pas manier le tranche-lard.
Quant à la poétesse francaise Gabrielle de Coignard, elle a dédié à cette héroine biblique des sonnets homériens.

En réalité, les femmes de l'Antiquité qui semblent avoir été de célèbres coupeuses de tête, sont au nombre de trois : Judith, Salomé et Thomyris. Et il y a toujours un tyran à la clé.
Judith coupe la tête d'un tyran, Tomyris fait couper la tête à un tyran et un tyran fait couper la tête d'un saint afin d'obtenir le corps de Salomé.
Conclusion : là où il y a un tyran il y a au moins une mort brutale et horrifiante quelque part.
Et parfois là où on s'y attend le moins.
Alors attention les tyrans.

4 commentaires:

  1. Le tyran décapite ceux qui le dépasse. Ils, les tyrans, sont connu pour ne pas tolérer plus grands qu'eux. L'habitude de décapiter perdure quand on étête les sapins. Le végétal contrairement à l'humain, survit à l'amputation et au ridicule scintillant des guirlandes mais il a un peu les boules.
    J'aime bien par ici, je repasserai.

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  2. A dusportmaispasque : "le tyran décapite ceux qui le dépasse" : oui, j'aime bien cette remarque. Le végétal et l'animal ont franchement de quoi avoir les boules, en effet. De nos jours plus que jamais.
    C'est OK. Ma porte virtuelle est ouverte.

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  3. ce que je préfère c'est ta conclusion ;o)

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  4. A Emelire : ben Attila a été assassiné par Iloico, l'une de ses concubines et Cyrus par Thomyris, la reine des massagètes (en Crimée) dont il voulait conquérir le royaume (la honte ! Le grand Cyrus vaincu par une femme ! Les historiens ne s'en vantent pas comme tu t'en rends compte). Encore deux femmes qui ont assassiné deux tyrans. Et je parie que j'en trouve d'autres. Ben oui, c'est toujours aux femmes de faire le sale boulot, comm' d'hab ! ;)

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