samedi 12 juin 2010

Cette chère Sofonisba !


Tous ces portraits et autoportraits sont de la peintresse (en anglais : paintress) Sofonisba Anguissola très connue en histoire de l'art mais, étonnant non? pas du tout du grand public ! Elle fut la première artiste italienne de toute l'histoire de la peinture qui fit une carrière véritablement internationale. Elle peignit plus d'autoportraits qu'aucun peintre en plus d'un siècle, de Dürer à Rembrandt. Ce sont d'ailleurs ses autoportraits dont émanent quelque chose d'éminement moderne qui lui conférèrent sa notoriété d'alors. Michel-Ange lui-même lui exprima son admiration.
Philippe II d'Espagne l'invita à faire les portraits des membres de la famille royale et elle y travailla pendant dix ans. Elle peignit également des scènes religieuses mais elle reste avant tout une grande portraitiste. Van Dyck la rencontra à Palerme en 1624 et fit plusieurs portraits d'elle, âgée, mais je ne les trouve guère avantageux pour ne pas dire laids..
Il écrit dans son "Livre d'esquisses d'Italie" : Lorsque je fis son portrait elle me donna des conseils concernant la lumière : elle ne devait pas tomber trop à la verticale, car les ombres des rides en seraient ainsi exagérément accentuées. Puis elle me raconta sa vie dont il ressortit qu'elle était une peintre d'après nature, exceptionnelle".
Il écrivit en dessous de l'un de ses portraits : Portrait de signora Sophonisba, dessiné d'après nature à Palerme le 12 juillet 1624, alors qu'elle était âgée de 96 ans, encore en possession d'une excellente mémoire, d'un esprit vif et amicale dans ses manières".
Elle mourut l'année suivante.

Question : pourquoi les deux portraitistes de cour, Clouet et Holbein, nous sont-ils si connus (et je ne parle que de ceux auxquels on accroche la mention "le Jeune") alors que les deux portraitistes de cour Levina Teerlinc et Sofonisba Anguissola nous sont à ce point inconnues ?

5 commentaires:

  1. Cette peintre méconnue mérite bien d'être remise à l'honneur. Après avoir lu ce billet, j'étais tellement intriguée que j'ai cherché et trouvé d'autres illustrations sur un site espagnol : http://historiasconhistoria.es/2008/11/27/%C2%BFquien-pinto-este-cuadro.php

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  2. Ca alors ! La personne qui a écrit ce billet mentionne aussi que peu de gens savent que le superbe portrait de Philippe II (et là encore le traitement des noirs est renversant !) est peint par une femme,cela veut dire qu'elle n'est même pas connue en Espagne où elle était peintre de cour...Sur l'âge de sa mort, les indications varient. Mais van Dyck lui donne 96 ans lorsqu'il la peint.
    Merci Tania pour ce lien qui par ailleurs foisonne de richesses.
    Je retiens cette citation d'elle qui convient bien aux amoureux du dessin et de la peinture : La vida está llena de sorpresas, intento capturar esos preciosos momentos con los ojos bien abiertos.

    A part ca, je viens de lire sur un autre site qu'en tant que femme, elle n'avait pas le droit d'étudier l'anatomie et dessiner des nus masculins ou féminins. Que n'aurait-elle encore peint de sublime si elle avait eu ce droit!

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  3. Très intéressant. Et je n'avais jamais entendu parler de Levina Teerlinc. Artemisia Gentileschi est peut-être désormais un peu plus connue mais elle est restée très longtemps ignorée aussi.

    J'ai lu vos commentaires chez Polluxe à propos de "Mademoiselle" et je tenais à vous dire que je suis en tous points d'accord avec vous, et que j'ai beaucoup apprécié la validité de votre démontage irréfutable de méthodes employées par certains "gonzes".

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  4. Et je mets votre blog en lien, si vous n'avez rien contre.

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  5. Avec plaisir Floreal ! Je vais faire de même avec le vôtre.

    A part ca, je me suis déjà demandée si j'allais faire un billet sur Artemisia Gentileschi mais comme elle est née en 1593, on ne peut plus la considérer comme une peintresse du XVIe siècle. Par contre, j'ai envie de faire un billet sur la mode de ces prénoms : Sofonisba et Artemisia (Sophonisbé et Artémise) qui avait cours à l'époque. Elle en dit long sur l'idée qu'on avait de l'héroisme féminin en ce temps-là !

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