Inés Suárez (Plasencia (Extremadure, Espagne) 1507 - Chili 1580, a participé à la conquête du Chili et à la fondation de Santiago du Chili.
A 19 ans elle épouse un certain Juan de Malaga qui part se joindre à la conquête de l'Amérique du Sud. Elle l'attend jusqu'à l'âge de 30 ans, où elle décide d'aller le chercher. Elle embarque avec l'expédition des frères Pizzaro. Sur place, elle apprend que son mari est mort en mer dans un bateau naviguant pour le Pérou. Elle fait la connaissance du conquistador Pedro de Valdivia, ils se plaisent, une liaison démarrent entre eux. (Ils ne se marient pas car lui est déjà marié en Espagne). Malgré l'opposition des prêtres mais encouragés par quelques capitaines, il lui confie le commandement d'une troupe espagnole.
Du Pérou, ils partent pour le Chili. Inès de Suarez s'occupe de trouver de l'eau dans le désert, de soigner les malades et sauve Valdivia lorsque l'un de ses rivaux tente de l'éliminer.
Arrivés au bord du Mapocho, un endroit irrigué et fertile Valdivia décide de s'y implanter. Il offre des cadeaux aux autochtones pour leur manifester ses intentions pacifiques. Ceux-ci prennent les cadeaux mais attaquent les espagnols. Ils sont sur le point de vaincre lorsqu'ils jettent leurs armes et s'enfuient ayant vu un cavalier monté sur un cheval blanc et l'épée nue à la main descendre du ciel. Les espagnols pensent qu'il s'agit de saint Jacques le Majeur et nomment l'endroit "Santiago". La ville de Santiago du Chili est officiellement crée le 12.02.1541.
Mais bientôt les autochtones songent à reconquérir l'endroit et se regroupant atteignent bientôt le nombre de 20 000 combattants. Les espagnols assaillis par une aussi grande armée croient que le jour du Jugement Dernier est arrivé et commence à perdre ce qu'il leur reste de courage quand Inès de Suraez qui s'occupait jusque là essentiellement d'apporter nourriture et boisson ainsi que du secours aux blessés, a une idée qui paraît bien cruelle aujourd'hui mais qui sauva la situation des espagnols.
Elle propose de décapiter sept otages et d'exposer leur tête sur des piques pour les brandir devant les indiens afin de les effrayer. Quand l'un des capitaines lui demande "Qui va tuer ses hommes, madame ?" elle prend l'épée et tue elle-même les otages, revêt une armure, monte sur un cheval et se rend elle-même face aux indiens encourager les espagnols de la voix et du geste à montrer qu'ils ne se laisseront pas massacrer.
D'après des témoins de l'époque, les indiens auraient dit que sans la femme sur le cheval blanc, les espagnols n'auraient pas été les vainqueurs de cette bataille.
Bien entendu, on ne sait pas exactement la vérité mais on est cependant sûr que la ville de Santiago n'aurait pas été sauvée sans Inès de Suarez.
Valdivia fut bientôt contraint d'abandonner sa liaison avec Inès sur ordre du gouverneur royal.
Inès alors âgée de 42 ans épouse Rodriga de Quiroga de 4 ans son cadet. Elle termine sa vie tranquillement à Santiago, honorée de tous comme une femme vaillante et une grande capitaine, reprenant les activités de charité auxquelles elle se livrait auparavant. Valdivia devient lui-même gouverneur royal. Tous deux meurent à Santiago en 1580 à quelques mois d'intervalle.
Ajout du 7.12.2012 : A la suite d'une remarque judicieuse de JEA sur les personnages de conquistadores dans l'histoire du monde, gens qui ont détruit des peuples entiers pour leur dérober leurs biens avec des conséquences que l'on peut encore observer aujourd'hui (combien de natifs d'Amérique du Sud viennent en Espagne faire les sales travaux dans des conditions d'esclaves ?) je précise que je ne suis pas non plus très enthousiaste à leur sujet. Si j'ai citée cette femme dans la galerie des femmes d'exception du XVIe siècle c'est principalement pour réviser la préjugé selon lequel au XVIe siècle, les femmes se contentaient de filer la laine du matin au soir en attendant le XXe siècle et Simone de Beauvoir (en caricaturant, bien sûr).
Bonsoir Euterpe, à ce sujet j'ai vu dans une librairie le livre d'Isabel Allende intitulé "Inés del alma mía" (Inés de mon âme), présenté comme une roman historique.
RépondreSupprimerLe connais-tu?
Quelle histoire inouie! Y compris la mort dans la même année des amants conquérants.
RépondreSupprimerPour égaler les hommes il faut en passer par le meurtre hélas.
A Colo : je ne connaissais pas ce livre mais je viens d'en lire la présentation suite à ton commentaire et visiblement Isabel Allende a romancé cette histoire en changeant la fin à moins que la fin soit la bonne et que j'aie fait de grosses erreurs en traduisant et résumant le wikipédia anglais (j'ai d'abord essayé avec l'espagnol mais je n'ai presque rien compris).
RépondreSupprimerVoici le résumé du roman d'I. Allende en francais :http://www.evene.fr/livres/livre/isabel-allende-ines-de-mon-ame-32805.php et ici le wiki espagnol : http://es.wikipedia.org/wiki/In%C3%A9s_de_Su%C3%A1rez
Si tu veux comparer la fin de leur vie et me dire si je me suis trompée ou pas...Sinon ce n'est pas grave, j'attendrais que le wiki francais s'étoffe car il s'y trouve actuellement environ une seule ligne sur la vie d'Inès de Suarez !
A zoé lucider : oui, et en même temps on voit que la femme ne recule devant rien pour protéger la vie des siens. C'est sans doute l'exemple de Judith qui l'a guidée (Judith décapite Holopherne pour sauver son peuple). C'était au XVIe siècle le modèle d'héroisme féminin par excellence.
@ Euterpe
RépondreSupprimerC'est le respect réel porté à vos recherches (réel et non formel)
qui me conduit à vous écrire ces quelques mots.
Déjà à propos de Mme Chanel, je n'avais pu retenir une réaction de mise à distance : voilà une collaboratrice qui plus est antisémite, pardon mais de tels choix qui furent libres et personnels, la rendent définitivement infréquentable, lui retirent toute aura, lui interdisent quelque valeur d'exemplarité
non parce qu'elle était femme mais parce qu'elle était... collabo et antisémite
ici, voilà une conquistador
non pas une complice mais bien une actrice armée et responsable de la destruction d'une autre civilisation, coupable si l'on s'en tient au vocabulaire contemporain non seulement de crimes de guerre mais encore de crimes contre l'humanité
on ne pas revenir sur cette guerre économico-religieuse d'invasion colonialiste
Par contre, une femme unique :
RépondreSupprimer- http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/01/06/le-nom-retrouve-de-jeanne-baret-premiere-circumnavigatrice-et-botaniste_1626379_3244.html
oh merci JEA ! Je ne connaissais pas cette Jeanne Baret. Du coup j'ai lu sa biographie et sa vie ressemble à l'une de celles que j'aurais bien aimé avoir : naviguer sur les mers du monde au nom de la botanique comme Thor Heyerdahl l'a fait également.
RépondreSupprimerOui, désolée. Je vais retirer Coco Chanel de ma liste. Quant à Inès de Suarez, je vais mettre un bémol. Je ne suis pas non plus très enthousiaste à son sujet mais je l'ai citée parce que trop de femmes et d'hommes croient qu'au XVIe siècle, les femmes se contentaient de filer la laine du matin au soir en attendant le XXe siècle et Simone de Beauvoir (en caricaturant, bien sûr).
Est-ce qu'on peut relire l'Histoire (his story, en plus, je le rappelle au risque de radoter) avec les lunettes d'aujourd'hui ? On sait depuis Hannah Arendt (1906 - 1975) que le colonialisme est une des racines du totalitarisme, et que ses conséquences désastreuses nous empoisonneront longtemps encore. Mais pourquoi demander aux femmes d'être meilleures que les hommes, surtout celles du XVIème siècle ? Comment auraient-elles pu s'affimer / différentes (deux actions héroïques) en dehors de toute notion de féminisme, sachant qu'elles étaient à peine considérées comme des êtres humains entiers et qu'elles n'avaient pas de modèles autres que les hommes ? Pour elles s'émanciper, c'était vivre comme des hommes et être violentes comme eux. Les extraire de l'Histoire (her story) au motif qu'elles ne sont pas très présentables serait révisionniste et mensonger. Enfin, je trouve.
RépondreSupprimer@Euterpe, l'histoire est la même sur la Wiki espagnole, les seules précisions ajoutées sont que les 7 prisonniers qu'elle a exécutés étaient des caciques, pas n'importes quels otages donc, et également qu'avant la première exécution "Muchos hombres daban por inevitable la derrota y se opusieron al plan, argumentando que mantener con vida a los líderes indígenas era su única baza para sobrevivir, pero Inés insistió en continuar adelante con el plan"
RépondreSupprimer"Beaucoup d'hommes pensaient la défaite inévitable et s'opposèrent au plan, argumentant que maintenir en vie les leaders indigènes était leur unique atout pour survivre, mais Inés insista pour poursuivre son plan".
@ Hypathie
RépondreSupprimermerci de me stigmatiser comme "révisionniste mensonger"
(à la lumière des causes de mon rejet par rapport à Mme Chanel, ces mots prennent encore plus de sel)
ici ou ailleurs, je n'ai jamais "demandé" aux femmes d'être meilleures que les hommes, surtout celles du XVIème siècle..."
ce genre de simplisme débile me reste totalement étranger
mais j'estime non seulement avoir le droit de m'élever contre le comportement de qui - avec la croix et la bannière -, fit disparaître une part de l'humanité au nom d'une supériorité fictive
mais aussi de répéter que quiconque "s'émanciperait" au prix d' assassinats collectifs et de la destruction d'une culture, tourne le dos à tout humanisme
qui et quiconque : homme ou femme
mes excuses à Euterpe pour cette réponse brève et directe
C'est vrai que le titre de ton billet dans ma blog-roll m'a surprise: une conquistadora ...
RépondreSupprimerMais en même temps, à la réflexion, ton billet a le mérite de:
- prouver que les femmes peuvent n'être pas meilleures que les hommes quand elles évoluent dans un monde où les valeurs sont édictées par ceux-ci (et là, je rejoins Hypathie);
- de parler d'une femme au même titre que Cortès, Pizarro ou Colomb dont on continue à nous brosser un portrait plutôt flatteur dans les manuels d'Histoire malgré l'indécence que cela constitue.
Revenons d'abord sur l'héroïsme dont on gratifie encore chevaliers, guerriers, généraux, colons et conquistadores. Les gosses (mâles) les badent et rêvent encore de leur ressembler ... Et nous parlerons des rares femmes qui ont, toutes choses remises en contexte, suivi le mouvement.
A Hypathie : en effet, qu'auraient-elles pu faire d'autre quand on sait que celles qui faisaient autrement se faisait brûler pour sorcellerie...
RépondreSupprimerA JEA : j'ai retiré Coco Chanel après être tombé sur votre billet "le procès de Céline", personnage que j'ai en horreur. Et j'ai cru comprendre qu'il avait été écarté des célébrations nationales, ce que j'ignorais et dont je me félicite grandement. Mais effectivement comme l'écrit judicieusement Héloise, ce n'est pas encore le cas de Pizzaro, Cortès and Co.
Il faudrait faire campagne à ce sujet mais je vois mal les espagnols renoncer à leurs monuments à la gloire de ces hommes. Quoique...ils ont bien réussi à abolir la corrida ! Tout espoir n'est donc pas perdu :)
Merci beaucoup Héloise d'avoir apporté l'eau manquante au moulin (j'avoue n'avoir plus su quoi dire, là !) :)
A Colo : merci d'avoir fait les recherches ! Oui j'ai oublié le détail des caciques.
RépondreSupprimerI. Allende a donc bien modifié le dénouement, si je comprends bien. Il faut dire qu'un roman ne peut pas respecter la réalité parce qu'il exige une certain ordre qui n'existe pas dans la vie. La vie ne respecte aucun ordre.
@ JEA : Employer ces termes à l'encontre d'un historien de la Shoah tel que vous est indigne et scandaleux.
RépondreSupprimerQuant à l'interprétation de l'histoire, forcément à rebours, c'est un fameux débat que je laisse aux spécialistes, n'étant pas assez informée sur le sujet - d'où mon intérêt pour les blogs qui nous apportent des éclairages documentés.
@ Euterpe : Voilà une question fondamentale qui fera peut-être un jour un billet sur ton blog ? Elle lui est sous-jacente. Comment parler des femmes du passé sans refaire ni défaire l'histoire ?
A Tania : les termes employés par Hypathie ne qualifiaient pas JEA qui en tant historien de la Shoah met légitimement en avant le problème du/des génocides et c'est tout à son honneur, elle notait que "extraire de l'Histoire [ses femmes] au motif qu'elles ne sont pas très présentables SERAIT (sans viser personne) révisionniste et mensonger.
RépondreSupprimerJe ne vois pas là d'attaque personnelle.
Néanmoins je comprends que chacun.e.s soient exaspérés. La Shoah et les génocides sont des monstruosité de l'histoire et personne ne le niera mais les massacres de femmes au Mexique, la destruction de millions de foetus féminins de l'Inde au Caucase, les viols de masse en RDC, les chasses au sorcières, les tueurs fous qui ne visent que les femmes, les femmes lapidées pour adultère ou brûlées dans leur cuisine au Pakistan pour s'en débarrasser, l'excision etc...tous les gynécides et persécutions de femmes ne le sont pas moins. Effacer les femmes de l'histoire permet de mieux justifier ces crimes. Les femmes n'existent pas donc on peut les massacrer.
Je vais faire un nouveau billet qui ne sera pas une thèse sur la question mais qui montrera que le débarquement sur le "Nouveau Monde" comme on disait en ce temps-là n'a pas toujours été ce que l'on croit.
En parlant de cette jeune espagnole qui a participé activement à la colonisation du Chili, je laisse en fait l'histoire intacte, je trouve. Sans pour autant approuvé ce qui s'y est fait.
"des monstruosités" (en autres fautes). Désolée, j'ai écrit ce commentaire un peu vite.
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