mercredi 14 août 2013

Il y a cent ans : Inez Milholland Boissevain


Le 3 mars 1913, Alice Paul et Lucy Burns organisent en collaboration avec d'autres femmes comme Inez Milholland Boissevain une manifestation-spectacle de grande envergure. 8000 femmes défilent en costume blanc du Capitol à la Maison Blanche. En tête du cortège,  Inez Milholland Boissevain est montée sur un cheval blanc. L'événement attira un demi-million de spectateurs et reçut une publicité énorme de la part de la presse. Mais les rencontres avec le nouveau président (Woodrow Wilson), les piquets devant le Maison Blanche, les grèves de la faim en prison qui suivirent, tous ces efforts restèrent vains. Ce fut seulement après la guerre et sous la pression de l'opinion publique que Wilson changea d'avis.






L'avocate et journaliste américaine portait une bannière sur laquelle était écrit “Forward Out of Darkness, Leave Behind the Night, Forward Out of Error, Forward Into Light." ("Avançons hors des ténèbres, quittons la nuit, sortons de l'erreur, allons vers la lumière").
Nous étions dans un univers encore très imprégné de christianisme et ce slogan n'est pas sans évoquer les chrétiens qui auraient été appelés des ténèbres vers la lumière par Jésus-Christ ou quelque chose d'approchant.
Aujourd'hui, le féminisme (occidental) ancien est imprégné de valeurs écolos, néopaiennes et multicultis qui ont émergées dans les années 1968 et suivantes,  le féminisme nouveau est plus mu par des valeurs en rapport avec le corps magnifié comme dans le système économique dans lequel nous vivons.
Mais si les formes de manifestations sont très peu ressemblantes, le désir de voir les femmes reconnues par les hommes comme des êtres humains de valeur égale à eux, est identique. 
Pendant la 1re G.M., Inez fut correspondante de guerre et milita en tant qu'avocate pour un règlement pacifique de la guerre. Elle revint aux USA en 1916 et fit une tournée de promotion du suffrage des femmes dans 12 états de l'ouest des États-Unis. Le 22 octobre 1916, En prononçant un discours public à Los Angeles, Inez s'effondre. Elle mourra d'une anémie pernicieuse à l'âge de 30 ans en novembre 1916.


Inez Boissevain lors du défilé des suffragettes à Washington, DC, en 1913.


Le personnage dans le film : "Iron Jawed Angels"pioché sur un billet de blog comparant la fiction à la vérité historique.


Inez Boissevain fut déclarée martyre du mouvement pour le suffrage féminin.  Un mémorial à son nom a été dressé au Capitol en 1916.
  
Sa dernière phrase publique avait été : "Mr. President, how long must women wait for liberty?" 

(Lien en anglais ici ). 
http://www.sewallbelmont.org/womenwecelebrate/inez-boissevain/

5 commentaires:

  1. Belle image, beau combat. Morte à trente ans !

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  2. Oui, encore l'une d'entre nous partie prématurément... le temps d'une apparition. On aurait voulu qu'elle dure éternellement (l'apparition et la personne) !

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  3. J'aime beaucoup cette image et cette photo ! Superbe iconographie qui va bien avec cette militante féministe.

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    1. On sent comme l'empreinte de l'imagerie médiévale du christianisme était encore forte au début du 20e siècle : l'archange Saint-Michel, Jeanne d'Arc et puis aussi les grandes reines, les preuses de l'antiquité...il y a de tout cela dans son allure. Il n'y avait pas d'autres cultures à l'époque, pas d'autres références. Seule la touche d'art déco marque la modernité. Aujourd'hui, si une féministe se promenait comme cela, on penserait tout de suite qu'elle est d'extrême-droite. Cette esthétique est confisquée par l'extrême-droite (mais la gauche qui glorifie uniquement les cultures exotiques et veut "faire du passé table rase" y est aussi pour quelque chose).

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    2. Tout à fait, l'extrême-droite nous a piqué Jeanne d'Arc ! D'où les ricanements des féministes quand on parle d'elle. Finalement, les structures patriarcales nous auront tout piqué.
      PS Dworkin dans intercourse fait un superbe paragraphe sur Jeanne d'Arc et la virginité (refus de se soumettre aux diktats et au pouvoir masculins) qui rétablit sa réputation, mais comme il se doit, l'ouvrage n'est pas traduit en français :((

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