à la recherche des femmes perdues dans l'espace-temps et autres aventures...
lundi 31 mai 2010
Neuf preux et neuf preuses
Au XVIe siècle, on comptait au nombre des merveilles du monde la chapelle des Marquis du Castello della Manta à Saluces sur les murs de laquelle s'étale l'immense fresque du XIVe siècle dite des neuf Preux et des neuf Preuses.
Les preuses ainsi représentées sont les reines : Sémiramis (de Babylone), Thomyris (des Massagètes), Teuca et Déiphylle , les Amazones : Penthésilée (reine des Amazones),Ménalippe, Lampétho, Hyppolitè et Cinopé.
Les preuses sont d'habitude représentées en guerrières casquées portant l'armure et brandissant armes et écus armoriés. Cette imagerie des femmes fortes avaient beaucoup de succès en ce temps et on en trouve d'autres représentations un peu partout dans le monde chrétien.
Dans cette fresque, on a attribué aux marquis et aux marquises de Saluces un preux ou une preuse censé être leur pendant moral.
A propos du terme "preuse" :
Au XVIe siècle, il ne serait venu à l'idée de personne de laisser les mots célibataires et tous les noms quels qu'ils soient et quelle que soit la fonction qui s'y associait, avaient leur féminin : l'abbé, l'abbesse, le bailli, la baillive, le maire, la mairesse, le connétable, la connétable, le peintre, la peintresse, le poète, la poétesse, l'empereur, l'emperesse (l'impérator, l'impératrice), etc... même si la femme ainsi nommée ne l'était souvent qu'en tant qu'épouse.
Depuis qu'il est prouvé scientifiquement qu'Eve ne saurait avoir été créée à partir d'une côte d'Adam, le sexisme a quitté le domaine de la science pour s'en prendre à la langue et éradiquer ses formes féminines là où certaines fonctions alors simplement représentatives sont devenues bien réelles.
A ce propos "La Papesse" de Sönke Wortmann (2009) est un excellent film sur le génie féminin et sa difficulté à en faire profiter le monde.
Libellés :
Amazones,
fresque,
Penthésilée,
preuse,
Sémiramis,
Thomyris,
XIVe siècle
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Il y avait aussi "médecienne" qui a perdu son "e" et l'un de ses "n" pour donner "médecine" dont le sens lui-même a glissé vers la discipline et non plus celles qui l'exercent.
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec toi: la langue peut être un outil au service du sexisme. D'ailleurs, le féminin grammatical recule ces derniers temps ... un signe.
C'est vrai ! Hypathie l'a même mentionné sur son blog. Et bien réutilisons "médecienne" ! Il suffit de le dire et de l'écrire. À force d'insister, Benoîte Groult a bien fini par faire passer "écrivaine".C'est tellement idiot de dire "je vais chez "la" médecin !
RépondreSupprimerAh, c'est beau ! Christine de Pisan a parlé de touts ces preuses dans la Cité des Dames. :-)
RépondreSupprimerA Canthilde, cela me fait très très plaisir que tu les connaisses ! J'essaierai de revenir sur chacune d'elle.
RépondreSupprimer