mercredi 3 avril 2013

Susanna Van Steenwijk-Gaspoel, encore une peintresse dont l'essentiel de l'oeuvre porte la signature du mari

Merci à Colo (qui publie une excellente série sur la poétesse espagnole Rosalía de Castro dont ce poème), pour son aimable contribution à ce blog avec le résumé ci-dessous de ce texte néerlandais sur Susanna Steenwijck-Gaspoel :


Susanna Gaspoel est née probablement à Londres après 1602/1603 et enterrée à Amsterdam probablement le 2/08/1664. Elle est connue comme peintre d’architecture.
Elle s’est mariée entre 1623 et 1628/29 avec Hendrik Van Steenwijck (1580-1649). Elle a donné naissance à au moins deux fils.
Hendrik Van Steenwijck, originaire d’Anvers, a travaillé dès 1617 en Angleterre, à la cour de Charles Ier.
Susanna était bien plus jeune que son mari.
Il semble que Susanna soit retournée en Hollande ( Amsterdam et Leyde) vers 1632, il n’est pas clair si elle était seule ou avec son mari et quelle en était la raison.

Il est probable que S. Gaspoel a appris le métier de peintre d’architecture avec son mari et qu’elle a travaillé dans son atelier.
Le 1er tableau signé SvS représente l’intérieur d’une église et semble dater de 1628 ou 1629. L’œuvre présente de nettes ressemblances avec le travail de Van Steenwijck.
Un autre tableau représentant un intérieur d’une église gothique datant de 1639 présente lui aussi, au niveau du sujet et du style, des similitudes avec l’œuvre de son mari.
En août 1642, Susanna présente à la ville de Leyde une représentation de la Halle aux draps. La ville lui a acheté le tableau pour une somme de 600 gulden.
On pense que son mari est décédé en 1649 à La Haye.
Ensuite Susanna Gaspoel s’est installée à Amsterdam où elle semble avoir acquis une bonne réputation en tant que peintre d’architecture.
Si on se base sur la signature, on peut lui attribuer avec certitude seulement trois tableaux. D’autres œuvres sont sans doute aussi d’elle et sont signées Susanna Van Steen.
Comme Susanna a peint surtout des tableaux d’architecture et qu’elle a travaillé en étroite collaboration avec son mari, on suppose que certaines de ses œuvres sont signées du nom de son mari.
Deux panneaux peints faisant partie d’un cabinet du 17ème siècle sont sans aucun doute de la main de Susanna et sont signés Susanna V. Steenwijk.
Si j'ai bien compris ce meuble et le panneau qui se trouve à côté ont été peints par notre peintresse (Colo dit moi si c'est bien cela)).
Ce que je retiens de cette bio, c'est que seulement trois oeuvres ont pu être formellement identifiées comme étant de SvS et comme on se doute qu'elle n'en a certainement pas eu aussi peu à son actif, on voit par là comment les oeuvres féminines ont été enterrées en douce, soit parce que les maîtres ont signé les travaux des élèves, soit parce que les maris ont signé les travaux des femmes, toute appropriation du travail des femmes que nous connaissons encore aujourd'hui.
Car le machisme ne consiste pas seulement à s'approprier notre corps mais aussi notre travail. C'est ce que nous oublions souvent de dire.

11 commentaires:

  1. Excellent billet !

    Un copain a failli me sauter à la gorge quand je lui ai dit que son peintre préféré avait peint ses plus beaux tableaux avec l'aide de sa femme, le minimum c'était qu'elle signe les tableaux avec lui...mais non, d'après lui, elle n'a été qu'une petite main...il y a des baffes qui se perdent !!!!

    Bonne journée :)


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    1. Merci Nadezda. Moi aussi j'ai un copain dans ce genre. On leur a tellement rabâché qu'ils étaient meilleurs que nous, ils y croient dur comme fer.

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  2. Bonjour Euterpe, l'article est fort prudent et rempli de conditionnels: il semblerait, serait, etc...
    Mais tu as bien compris, oui, et ce cabinet est superbe!

    Belle journée!

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    1. Oui, les auteurs de l'article marchent sur des oeufs ! ;) Néanmoins c'est très intéressant. Ils semblent d'abord dire qu'elle imitait seulement son mari mais après on s'aperçoit que la ville lui achète un tableau pour une somme considérable et qu'elle a peint toute seule 14 ans durant comme veuve ce qui signifie qu'à l'instar de Rachel Ruysch, elle avait son propre atelier même si elle n'était pas dans la guilde. Ce ne sont pas des infos négligeables !
      Belle journée à toi ;)

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  3. Heureusement nous vivons une époque qui permet aux femmes de signer leurs œuvres et de rendre à Susanna ce qui revient à Susanna. Bonne journée !

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    1. Tu as raison Tania. Néanmoins, jeme demande s'il ne vaudrait pas mieux signer ses oeuvres d'un nom d'homme pour pouvoir être connue et gagner de l'argent ! Je me demande si ce n'est pas encore plus difficile d'avoir un nom en tant que femme aujourd'hui ! Les artistes contemporains masculins continuent à être très connus du grand public, très exposés et vendus très chers, les artistes féminins restent totalement inconnues.

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  4. L'appropriation des femmes et de leur production par les hommes est l'essence même du patriarcat. Quand une femme met un enfant au monde, c'est le nom du mari qui lui est donné (y compris quand il n'est pas le géniteur). Donc rien d'étonnant à ce qu'une femme qui donne naissance à une oeuvre d'art voit son travail signé par son mari ! Les hommes n'ont honte de rien.

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    1. Non, les viriarques n'ont honte de rien du tout. Mais à part cela, on a droit à des pavés philosophiques sur la Vérité avec un grand V, la loyauté avec un grand L, et l'honnêteté avec un grand H. Ah oui, mais c'est entre eux qu'ils causent, c'est vrai...

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  5. C'est fou, quand même, toutes ces femmes qui ont accepté de ne pas exister tant qu'on leur permettait d'exercer leur art !

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    1. D'un autre côté, c'est probablement parce que ces femmes acceptaient de rester dans l'ombre que les hommes les laissaient créer - dans une cetaine mesure néanmoins. Ils mettaient sûrement plus de bâtons dans les roues à celles qui cherchaient à se faire un nom. Je pense même que si les hommes pouvaient automatiquement et de plein droit s'approprier le mérite et la gloire des oeuvres et découvertes de leurs filles et épouses, signer systématiquement de leur propre nom les travaux de celles-ci, les hommes laisseraient les femmes écrire, composer, peindre, sculpter, travailler dans les sciences etc, sans aucun problème.

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    2. Oui, je pense aussi qu'elles ont été piégées. Comment auraient-elles fait autrement ? Elles n'avaient pas le pouvoir de poser leurs conditions. Celles qui ont pu faire commerce de leur art en leur nom propre ne l'ont pu qu'avec la permission des hommes.

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