dimanche 21 avril 2013

ll y a 150 ans ce que disait la féministe Eugénie Niboyet

"Messieurs qui réglez tout, ne trouvez-vous pas que l'heure de la réparation soit venue ? La vie ainsi employée à cumuler intérêts sur intérêts, chiffres sur chiffres, est-elle ce que vous avez rêvé pour vous d'abord pour vos fils ensuite ?"

"Depuis des siècles et des siècles la science fait des pédants, l'humanité tâtonne ; l'omnipotence de l'homme est absolue, et le progrès loin d'améliorer la société ne fait que le pousser à sa perte. N'y a t-il pas là le principe d'un mal dont il faut attribuer la cause à l'éducation faussée des sexes qui se trahissent là où ils devraient se prêter appui ?".

"Les hommes ne doivent point imputer aux femmes les travers qu'elles caressent. Eux seuls sont les maître, eux seuls font les lois, eux seuls dirigent le monde"

"Partout où l'homme peut devenir envahisseur, il n'y manque pas ; ainsi tandis qu'il vend du tulle, des épingles, de la mercerie, du papier et mille bagatelles qui n'exigent aucune force du poignet, par un côté immoral de la spéculation, on confie aux femmes le service de certains restaurants, les comptoirs des cafés, la caisse des établissements de bains. Quelle anomalie !"


"L'accouchement, par exemple, est envahi par les hommes et ne seraient-ils pas bien conforme aux lois de la pudeur d'élever jusqu'aux plus hautes connaissances chirurgicales, par l'anatomie, les femmes que leurs aptitudes poussent à la profession d'accoucheuse ?"

"Que sont ces définitions de sexe fort et de sexe faible ? Chacun selon son tempérament propre à sa force et sa faiblesse (...)"

(In : Le vrai livre des femmes, d'Eugénie Niboyet, 1863).

Description de cette image, également commentée ci-après
Eugènie Niboyet pose bien des questions de son temps, qui pour certaines sont encore du nôtre, sur l'inégalité des salaires, l'absence de retraite pour les mères, l'avidité de l'or que cultive les hommes, l'esclavage en Amérique qui a été aboli mais qui n'empêche pas le racisme et l'exploitation général des femmes avec juste pour contrepartie de leurs services le mépris et la haine. Pour le reste, son livre traite énormement du problème de la dot qui transforme le mariage en négoce. Nous n'avons du moins plus cela à régler aujourd'hui.
Il y a également dans son livre une perspective chrétienne qui ne correspond plus aux valeurs des féminismes actuels et une insistance sur les talents maternels de la femme qui montre assez combien à l'époque, on en était encore à essayer de faire reconnaître quelques valeurs particulières à notre sexe, ne comprenant pas l'indignité dont il était frappé.

2 commentaires:

  1. Je trouve que les questions du temps d'Eugénie Niboyet sont encore les nôtres pour la plupart, ce qui prouve bien que l'humanité piétine, n'en déplaise aux défenseurs du "progrès". Et vu le backlash ambiant, la question religieuse n'est pas non plus éradiquée.

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  2. Oui, je suis assez d'accord avec toi. Sauf qu'Eugénie Nivoyet se réclame elle-même de la religion comme d'autres féministes de son époque qui débutent également quelques phrases par "Dieu a voulu que...." et là peut-être que nous avons un peu avancé, enfin, du moins j'espère parce que des religions à la sauce machiste, il y en a maintenant d'autres non reconnues comme telles donc aussi éventuellement véhiculées par des féministes.

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