samedi 13 avril 2013

Gerda Wegener, Jeanne Memmen, caricaturistesses

Après avoir trouvé d'anciennes caricaturistesses nées au tout début du 20e siècle, voilà que j'en ai trouvé deux nées à la fin du 19e siècle ! Je remonte le temps ! Peut-être Claire Villeneuve en fait-elle partie mais nous ne connaissons malheureusement pas sa date de naissance.

Ci-dessous Gerda Wegener (1889- 1940) est une caricaturiste (même si le Wiki français n'utilise pas ce mot (l'allemand, si)) qui a travaillé pour plusieurs journaux satiriques français comme Le Rire ou La Baïonnette.
Ici, l'un de ses dessins humoristiques à propos de la mode des cheveux courts apparue dans les années 1920 : "Chez le coiffeur : cheveux courts, c'est la barbe !"



La deuxième est une berlinoise, Jeanne Mammen (1890-1976) dont le nom a été donné à des arcades qui se trouvent dans le quartier de Charlottenbourg à Berlin (les arcades de Savignyplatz pour celleux qui connaitraient vaguement Berlin). En Allemagne, elle passe pour une caricaturiste mais apparemment pas en France (voir Wiki). Pourtant ses oeuvres font de toute évidence partie du genre caricatural. Ma préférée (ambiance typiquement berlinoise) :

Jeanne Mammen: Carnival in Berlin N III (Fasching Berlin N III), c. 1930, watercolor


D'autre part, elle a déjà eu l'idée de la femme sur la croix. C'était il y a tout juste 100 ans.
Sur ce blog consacré aux artistes de la République de Weimar, on trouve une bio en anglais et d'autres oeuvres. Deux femmes sont encore mentionnées : Lotte Laserstein, une peintresse, et Londa Felixmüller qui semble avoir surtout collaboré à des travaux de son mari Conrad (très connu en Allemagne). Sur ce lien la même personne (du blog "Weimar") explique que Jeanne Mammen s'est surtout attachée à montrer l'arrogance de la bourgeoisie et les conditions morales déplorables dans lesquels vivaient le peuple (et surtout les femmes).
Près des arcades Jeanne Mammen, il y aussi le café Zille. Heinrich Zille aussi s'attachait à dénoncer par ses caricatures, les conditions déplorables de vie du bas-peuple au début du 20e siècle. Intéressant de les trouver tout près l'un de l'autre dans la toponymie berlinoise !

4 commentaires:

  1. Tu connais "La tentation de St Antoine" de Rops ?
    La mode garçonne des années 1920 a sans doute joué un rôle dans l'émancipation des femmes.
    Je sens qu'en tirant sur le fil, nous aurons droit encore à d'autres excellentes caricaturistes ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah oui tu as raison ! Elle a l'air de s'être même inspirée de cette toile (l'homme qui se tient la tête, la créature fantômatique derrière la croix, le torse décharné).
      Oui, les cheveux courts pour les femmes...je me demande d'où est venue la mode...en tout cas, elle arrive juste après le combat des suffragistes.
      J'espère en trouver d'autres, mais ce n'est pas évident évident. Ce qui est intéressant, en tout cas, dans cette recherche c'est qu'on explore en même temps le monde de la presse satirique.

      Supprimer
  2. Oh la, une femme en croix ! Décidément, ce "blasphème" (selon les pisse-froid) ne date pas d'aujourd'hui ! Froufroutante de partout, de surcroît les seins à l'air, et avec un éventail ! Bigre. Comme ça a dû barder à l'époque ! A moins que le backlash soit uniquement contemporain, actuel ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui il est vrai qu'une femme représentant une femme en croix ce n'est pas la même chose qu'un homme représentant la même scène. Cela dit Jeanne Mammen était effectivement influencée par le symbolisme belge dont Rops (je viens de le lire sur un PDF consacré à Mammen et qui analyse ses toutes premières oeuvres dont "la femme en croix" semble avoir été la plus significative. Mais à la différence de Rops, l'autrice de l'analyse voit dans "La tentation de saint Antoine" version Mammen, une idée diamétralement opposée. Il s'agit d'une parabole sur la création artistique avec l'artiste (Antoine) comme média d'hallucinations et d'obsessions qui le torturent et l'amènent à créer. C'est l'une des représentations d'un cycle sur d'autres en relation avec la thématique de la tentation de saint Antoine,mais elle a fait exprès d'en faire une sorte de star du Moulin Rouge. Néanmoins on préférait trouver Félicien Rops scandaleux, avec, en particulier, son "Pornokrate" représentant une femme nue, yeux bandés, tenant un cochon en laisse (c'est cela qu'il y aurait du avoir sur la couverture du livre de Marcela Iacub !) retiré de certaines grandes expositions des années 20.

      Supprimer