lundi 18 février 2013

Marie Jaëll, compositrice prodige

  Pianiste et grande amatrice de musique, Fa# qui ne s'appelle pas fa dièse pour rien, déplore ainsi que nous tou.te.s le silence total qui pèse sur l'existence et les oeuvres de nos compositrices. Mais pourquoi en est-il ainsi ? Et bien le sexisme ! What else ? Petites citations masculines à travers les siècles sur les femmes et la musique :

Ne fréquente pas la femme musicienne,de peur que tu ne sois pris dans ses rets.
(L’Ecclésiaste, IX, 4)


"Une femme qui compose, c'est un peu comme un chien qui marche sur ses pattes de derrière. Ce qu'il fait n'est pas bien fait, mais vous êtes surpris de le voir faire" Dr Johnson Samuel, linguiste anglais du XVIIIe siècle

"Un nom d'homme sur votre musique, et elle serait sur tous les pianos."
Franz Liszt à Marie Jaëll

« Ce que j’aime quand une femme joue du piano, c’est surtout la regarder … » : réplique du film Le 

Cavaleur de Philippe de Broca.

 Marie Jaëll fait partie de toutes ses compositrices extraordinaires, non jouées, tues, invisibles, inaudibles, inconnues, ignorées, jetées aux oubliettes, niées et exclues de la culture avec un grand "C" (bon OK on peut trouver cet enregistrement sur youtube = youpi).




25 commentaires:

  1. J'ai écouté le concerto en entier, c'est magistral. C'est absolument incroyable de voir la peur et la jalousie chez les hommes du talent féminin. Ils ont vraiment un complexe d'infériorité. Que des types comparent les femmes artistes à des chiens révèlent l'étendue de leur haine, ainsi que leur propre bassesse... Au lieu d'avoir l'honneur de témoigner du respect et de l'admiration à une femme brillante, ils ne reculent devant rien pour la rabaisser, la décourager voire l'anéantir. La jalousie haineuse est l'un des comportements les plus bas qui existent. Pauvres types...
    On se demande d'ailleurs pourquoi les hommes manifestent tant d'acharnement à empêcher toute femme d'exercer une profession prestigieuse, s'ils les croient vraiment inférieures. Traitent-ils les chiens de tous les noms, salissent-ils leur dignité et leur réputation pour s'assurer qu'ils ne composeront, ni n'écriront, ni ne peindront jamais, n'entreprendont pas une carrière scientifique ou politique, etc ?
    De surcroît, comme l'écrivait Aria Ly, les hommes sont plus prompts à effacer le souvenir des grandes femmes que l’herbe à recouvrir leurs tombes ! Ils découragent les plus grands génies d'exercer leurs talents quand ce sont des femmes, jetent aux oubliettes celles qui sont parvenues à passer entre les mailles de leurs filets. En bref, ils préfèrent priver l'humanité de chefs-d'oeuvres artistiques, de trésors intellectuels, plutôt que de reconnaitre qu'ils ne sont pas les seuls êtres dotés d'intelligence dans le monde !
    La réflexion de Franz Liszt à Marie Jaëll résume tout. Mais peut-être que les hommes composent avec leur pénis !?

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    1. Moi aussi je le trouve renversant de beauté. Je pourrais me le repasser en boucle.
      Ces machos qui n'aiment que la musique d'hommes semblent être complètement incapable de voir dans un femme leur semblable appartenant à la même espèce et jouer de la musique composée par un non-homme doit les terroriser complètement puisque non-homme = non humain dans leur esprit !
      Mis à part les éthologues qui va s'amuser à jouer de la musique de chiens savants ?

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    2. Le plus triste, c'est que les machos parviennent à convaincre un grand nombre de femmes avec leurs préjugés au sujet des femmes artistes. Je me souviens d'une conversation que j'avais eu avec ma tante à propos de littérature. Durant la discussion, elle avait confié ne pas aimer lire des livres écrits par des femmes, elle avait un a priori négatif à l'égard d'un livre d'autrice :( :( :( Pourtant, ce n'est pas une femme à la mentalité rétrograde ou conservatrice.
      Et je crois que les préjugés qui concernent les femmes qui composent sont encore pires que pour celles qui écrivent.

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    3. Oui le malheur c'est de voir tant de femmes convaincues d'être inférieures et incapables d'admirer une autre femme dans une activité autre que, par exemple, savoir faire briller des chaussures ou réussir une savarin au rhum !
      Il y d'ailleurs très peu de féministes dans mon entourage immédiat. Sans parler de mes collègues de travail qui adorent les journaux de mode et de recettes réservés à leur usage (intitulés "Die Frau" (La Femme) ou "Bild der Frau" (Image de la femme)) ! Les compositrices, cela ne les intéresse pas.
      Je ne connais de féministes quasiment que par internet.

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    4. Je suis convaincue que si plus aucune femme ne collaborait avec le patriarcat, celui-ci ne pourrait perdurer.

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    5. Je partage ta conviction Sylphe et je pense que toutes les féministes doivent la partager.
      Je trouve cet effacement des femmes toujours incroyable. Ca m'évoque une "double mort", après la mort physique, le patriarcat tue spirituellement les femmes. D'où l'importance de ton travail Euterpe. Je ne te le dirait jamais assez, mais merci pour toutes ces femmes remarquable que tu me fait découvrir presque chaque jour. Ce Concerto de Marie Jaëll est un délice pour mes oreilles.

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    6. Oui, vivante ou morte nous sommes la plupart du temps vouées au rôle de fantôme dans cette société.
      Et nos génies subissent le même sort. J'essaie de ressusciter ces dernières mais il y en a tant !!!!!!
      Merci mad meg pour tes encouragements ! :)

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  2. Force et harmonie, c'est superbe!
    Hélas oui, comme pour la peintre María Blanchard de mes billets passés, il ne faisait pas bon être femme-artiste.
    Cela a-t-il vraiment changé? Je n'en sais rien.
    Bonne semaine Euterpe.

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    1. Malheureusement, il faut bien réfléchir pour se rappeler d'une artiste contemporaine un peu médiatisée tandis que les noms de Richter, Kiefer et Baselitz viennent immédiatement à l'esprit de tout.e un.e chacun.e !
      Bonne semaine à toi, Colo.

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  3. Je n'avais jamais entendu ni sa musique ni même son nom !
    A corriger dans Wikipédia :
    "Sainte Cécile est la patronne des musiciens ainsi que des brodeurs et brodeuses."
    en
    "Sainte Cécile est la patronne des musiciennes et des musiciens ainsi que des brodeurs et brodeuses."

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    1. Ah oui ! Bonne idée ! Je vais aller voir cela dès que j'ai un moment.
      Merci Tania.

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  4. Je ne suis pas spécialiste, mais ce concerto vaut bien ce que les "sublimes" compositeurs hommes produisent ! Super, la collection de stupidités et de perles sur les femmes musiciennes dans ton billet ; au moins l'Ecclésiaste dit une grosse bourde : elles sont tellement talentueuses qu'il ne faut pas les écouter ! Jaloux, va !

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    1. Je les ai collecté sur des pages parlant de compositrices.
      Chacune a sa citation, alors je me suis dit que cela valait le coup de les rassembler ;)
      Pour la Bible, oui, c'est un peu le principe des Sirènes. L'influence de l'Odyssée ?

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    2. Ce passage de l'Ecclésiaste révèle la peur qu'ont les hommes des femmes et de leur suprématie... Ils les surestiment tellement qu'ils les percoivent comme dangereuses et les infériorisent afin que leur potentiel soit anéanti au lieu de pouvoir s'épanouir.
      Et ce préjugé rejoint effectivement le mythe des sirènes. Je trouve d'ailleurs que cet être mythique est une parfaite représentation des délires et phobies masculines à l'endroit des femmes : de belles créatures à la voix sublime et ensorcelante, qui séduisent les marins par leur chant, dans le seul but de les tuer et les dévorer ensuite. Et les pauvres marins, sous l'emprise du pouvoir de séduction des sirènes, sont pris au piège comme des agneaux par ces créatures maléfiques. Les femmes sont vues par les hommes comme de dangereuses tentatrices, attirant de pauvres hommes qui ne peuvent leur résister, uniquement dans le but de les mener au péché et à leur perte.

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    3. Je me suis fait exactement la même réflexion sur le mythe des sirènes en écrivant ma réponse à Hypathie. Ce sont les "Eve" de la musique en quelque sorte !
      Encore des femmes diffamées, bien sûr. Il y a une idée de billet à creuser, là.

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  5. Hello,
    Hier 19-2, le mari d'une musicienne pussyriot , a lancé un appel.
    Il va introduire une action en justice pour faire commuer la peine de son épouse ( 2 en 1) . Il aura alors besoin de l'aide des réseaux sociaux. Il l'a signalé alors qu'on lui donnait la parole ce jour-là sur une tribune.
    Pour l'aider au bon moment il propose aux volontaires de se tenir informé(e)s en consultant freepussyriot.org

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  6. Dès que j'aurai du temps à moi j'écouterai attentivement ce concerto, ce WE probablement.
    Pour ce qui est de la "pianiste" je suis une amatrice très modeste malheureusement, en revanche j'ai jeté un rapide coup d'oeil sur celle que vous présentez et dont j'ignorais le nom, je vais lire plus attentivement ce qui la concerne et surtout sa pédagogie.
    Je vais revenir ....

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    1. merci Fa# ! En tout cas, je vous crois plus grande connaisseuse que moi. Vous nous direz s'il vous a plu, alors ! C'est vrai qu'il est assez long à écouter par rapport aux morceaux que je publie d'habitude.

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  7. A quand un livre ? où tu nous dirais toutes ces femmes oubliées. J'apprends beaucoup en te lisant, et très souvent ça m'ouvre des horizons. Bon week-end à Berlin (ici, il fait un froid de canard). Bises.

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    1. Merci lucia mel !
      Un livre ? J'en écris déjà un, en fait :)
      Ici c'est bien simple il neige tout le temps (mais vraiment tout le temps).

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  8. J'ai tout écouté, c'est très beau , c'est de la même veine que Liszt et Chopin.

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  9. J'ai emprunté aujourd'hui un cd de Marie Jaëll à la médiathèque. Le livret contient une biographie de la compositrice, et un passage porte sur les critiques de l'époque adressées à Marie Jaëll. Je le retranscris ici car je trouve que cet extrait complète les citations masculines mentionnées dans ce billet sur les compositrices : 'Et la critique d'alors, porteuse des préjugés de son temps, d'asséner à Marie Jaëll ses pavés de l'ours, l'un complimentant l'interprète sur " son jeu mâle et puissant ", l'autre louant " les hardiessses et les virilités " de la compositrice. "Très supérieur à ce que l'on est en droit d'attendre d'une femme ", résume un troisième.'

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    1. merci Sylphe ! En effet, cela vaut son pesant de cacahuètes !!!
      Quels bandes de fats ! Qu'ils ne se soient pas trouvés ridicules c'est hallucinant !

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