mardi 26 février 2013

Au secours.

Osgar, Oskar, Asgeirr, Ansgar, Oskari,....Oscar sont des dérivés d'un prénom germanique signifiant "divinité avec une lance" (démiurge avec un phallus ?) ou "sous la protection de Dieu" ou "celui que Dieu protège".

Il ne possède aucun équivalent féminin.

Cette statuette adorée (et dorée) de notre civilisation contemporaine, est une récompense. Un trophée.

Qu'est ce qu'il représente ? Un personnage masculin aux proportions parfaites plus musclé qu'un mâle humain ordinaire. On dirait une sorte de maître étalon de la virilité. Sans cheveux. Car la calvitie est associée à une forte production de testostérone...la calvitie est virile. Par contre, il n'a pas de barbe, parce que la barbe est douce et l'homme ne saurait être doux.

Il est couvert d'or. Son nom est Oscar qui, comme le mot "or", commence par "o" et termine par "r".

Tout cela pour dire que les femmes ne peuvent pas briguer une telle statuette, un tel fétiche si peu représentatif d'une humanité bisexuée. L'homme est seul car la femme l'encombre. Elle l'empêche d'être viril.


Je ne voudrais pas faire de mauvais esprit (non, moi, jamais) mais il ressemble énormément aux genres de sculptures réalisées sous le IIIe Reich à Berlin et que
l'on trouve encore sur certaines façades d'époque... 


Extrait d'un article de Geneviève Sellier intitulé "Gender studies et études filmiques" :

"La cinéphilie se construit en France dès les années vingt avec Louis Delluc, Jean Epstein et leurs amis, comme un regard cultivé sur le cinéma qui, à l’époque, est encore un divertissement populaire méprisé par les élites. Opposant l’excellence du cinéma américain à la médiocrité des productions européennes, la cinéphilie de Delluc construit une équivalence entre beauté, virilité et abstraction d’un côté et laideur, sentimentalité et féminité de l’autre. Ce qu’il explicite dans sa “ Présentation de Douglas Fairbanks ” (1923) [1] :
Fairbanks est mâle. C’est un homme et pas un amant. Voilà qui fait plaisir à voir. Trop souvent la mode cinégraphiste a voulu la gloire de jeunes gens lassés de vivre, raffinés ou seulement affinés par la drogue, l’homosexualité ou la tuberculose. [...] Mieux et plus fréquemment s’imposent les hommes à femmes. Ceux du théâtre sont innombrables et certes la chaude complicité de la rampe sert leurs lombes provocants comme leurs sourires dangereux - et puis ils parlent, et la voix est un outil persuasif qui chatouille les dames.
[...] Fairbanks est autre. Non qu’il ne conquière point. [...] Mais ni son œil tendre, ni son sourire tout soudain confus, ni la gaucherie coquette de ses gestes, ne nous font dire : Quel amant !... Même quand il l’est autant qu’on peut l’être vous dites : Quel homme ! Il est homme, il est l’homme. Il est un animal parfait, accompli, qui soigne ses poumons, ses muscles et le moindre pore de sa peau parce qu’on se sert mal de son âme quand le corps n’est pas au point
(Delluc 1985, p. 197 et suiv.).
L’idéal viril, qui se lit dans cette déclaration d’amour pour “ Doug ”, semble nourri par une peur panique de l’emprise des femmes : derrière la charge contre les “ jeunes gens raffinés ” et les “ hommes à femmes ”, se profile la hantise d’une contamination de l’identité masculine par les valeurs “ féminines ”. Le cinéma américain, à travers ses genres et ses acteurs vedettes les plus masculines, sert de munition contre un art européen jugé efféminé".


Tiens, au fait, l'assassin de Reeva Steenkamp ne s'appelle t-il pas aussi Oscar ?
Sa femme le gênait aussi extrêmement dans sa virilité, apparemment.

Ajout du 2 mars : un intéressant article sur le déchaînement testostérique de la mâlitude lors de la remise des Oscars 2013 à Hollywood.

10 commentaires:

  1. Que serait la virilité sans la féminité?
    Quelle serait sa raison d'être, si ce n'est d'être à son service?

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    1. Merci Alex C. ! C'est vrai que ce mode de fonctionnement qui exclut les femmes est aberrant et pourtant si répandu !

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  2. C'est en effet très révélateur.
    Oscar Pistorius , libéré après avoir tué son épouse car vénéré partout comme un hyper-mâle , un super-héros...ça donne la gerbe.
    Mais il y a heureusement d'autres Oscar comme Oscar Wilde , Oscar Peterson(pianiste de jazz), etc.....
    Les Oscar comme les Césars (soit disant dédiés au "célèbre" sculpteur ou réalisateur de compressions mais qui me font plutôt penser au sinistre dictateur) ne sont rien d'autre que des symboles de la domination des hommes de "l'art" sur la matière ductile et malléable que sont les artistes féminines.
    Il y a belle lurette que ces grandes messes ne m'intéressent plus.

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    1. Oscar Wilde n'était pas tellement l'ami des femmes. Par contre, Oscar Peterson me paraît avoir été un homme très gentil.

      Oui, les "Césars", c'est pareil. César veut dire empereur, tsar, kaiser, le mec qui commande, quoi.

      Le problème c'est que les arts ont toujours été au service des "empires" justement. Le cinéma n'est rien qu'un instrument de propagande. Il (dé)forme les esprits.

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  3. Envahi de productions gros sous, truffé d'effets spéciaux stroboscopiques qui peuvent à mon avis déclencher des épilepsies lors d'exposition trop longue, bourré de héros d'acier super-mâles dont les exploits nous fatiguent, et bien sûr frileux en matière artistique, le cinéma américain boursouflé est devenu mauvais et il perd de l'audience selon Télérama. J'en suis réduite à aller voir des copies restaurées des années 70 et 80. Bien, ton explication d'Oscar ! Et elle tombe à pic.

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    1. Merci Hypathie. Tout à fait d'accord avec toi mais beaucoup de gens regardent les films en streaming ou s'abonnent à une vidéothèque au lieu d'aller au cinéma et regardent quand même ces films, j'ai l'impression.

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  4. Au s'cours Oscar - excellent. Allons-y Alonsa.

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  5. Oscar roule en carosse, Alonsa a le salon...hum...bon bref... :)

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  6. sebastien chabal qui a de la barbe et des cheveux doit doit être l'archétype de l'homme efféminé

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    1. Efféminé, non, ce n'est pas cette idée-là qui se cache derrière ce rejet de la barbe. Les nazis n'aimaient pas non plus les barbus. L'homme occidental ne trouve pas la barbe virile, selon moi parce qu'elle évoque l'homme sauvage alors que dans un univers hautement technologisé la mâlitude doit s'apparenter à un robot métallique dépourvu de toute pilosité.
      Les barbus ce sont les Orientaux qui veulent retourner à l'époque médiéval, d'après l'homo occcidentalus.
      Ma réflexion sur la douceur de la barbe, c'était juste un raccourci rapide pour ne pas développer ;)

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