Sur le site de l'Atelier du centre de recherches historiques
j'ai trouvé un inventaire des éditions qui se sont attelées à la tâche d'imprimer la Bible dite historiale, la "Vulgate", c'est-à-dire les premières versions en langue vernaculaire de la Bible.
Voici l'introduction de cette liste et les deux paragraphes qui citent Madeleine Boursette. Je les reproduis ici pour montrer que si ses initiales figuraient bien sur son enseigne, elle s'est gardée en tant que femme de signer de son nom la fabrication en papier imprimé du livre "sacré".
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Les éditeurs de la Bible historiale sont connus par la présence de leur nom, de leur marque ou de leur adresse inscrits dans les ouvrages. C’est un tout petit monde parisien et lyonnais. Contrairement à ce qui a été fait pour les peintres des manuscrits, nous donnerons dans les pages suivantes les éléments biographiques de ces éditeurs - que nous ne reprendrons pas dans le Catalogue des imprimés de la Bible historiale.
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[§ 50]
Madeleine Boursette
Madeleine Boursette est la veuve de François Regnault ; libraire éditeur, elle exerce à Paris entre 1541 et 1556 à la même adresse que son défunt époux, avec la même devise. Dans cette édition, son nom n’est pas mentionné mais, son époux étant mort en 1540-1541, l’adresse figurée à la page de titre renvoie implicitement à elle : « On les vend a paris en la rue Sainct Jacques a lenseigne de Lelephant devant les Mathurins » ; seul le premier volume de son édition est connu.
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[§ 54]
Madeleine Boursette et Pierre Regnault
En 1543, Madeleine Boursette et son fils, Pierre Regnault, créent la première édition in-8°, plus petite et plus épaisse que toutes les autres. Seul son nom à lui est mentionné, avec une nouvelle adresse sur la page de titre, donnant également le nom de Jean Bignon : « Nouvellement imprimee a Paris, par Jehan Bignon pour Pierre Regnault ; On les vend a Paris en la rue sainct Jaques a lenseigne des trois Couronnes de Cologne, par Pierre Regnault ». Pierre exerce également dans la capitale, de 1531 ( ?) à 1552 seulement, et toujours rue Saint-Jacques. En revanche, on lui connaît plusieurs noms d’enseignes : « A l’Image Sainte Barbe », « Au soleil d’or », « A l’enseigne des Trois Couronnes de Cologne », « A l’écu de Cologne ». Sa devise diffère de celle de ses parents : « Concordia parvae res crescunt, discordia magnae dilabuntur ». Apparenté à Pierre I Regnault, libraire à Rouen et à Caen, il apparaît parfois sous le nom de Pierre II Regnault.
Finalement, elle est très moderne, cette Madeleine Boursette malgré son XVIème siècle. Je ne suis pas sûre qu'aujourd'hui une femme qui succèderait à son mari imposerait son nom à sa maison d'édition non plus, hélas. Et sa "Vulgate" est peut être annonciatrice des romans de Céline en BD, phénomène contemporain, par exemple ?
RépondreSupprimerA Hypathie : très moderne, en effet.
RépondreSupprimerElle ne fut pas la seule mais elle fut la seule femme à le faire.
Céline en BD, oui mais cela ne représente aucun danger, du moins je crois. A l'époque décrite, traduire la Bible était plus subversif que cela. Quant aux femmes, il leur était interdit de lire les Ecritures, tout bonnement.
Ce qui serait vraiment subversif aujourd'hui ce serait de publier une version latine de Virginie Despentes en latin à l'intention du pape et des "tradis" ou d'éditer Monique Wittig en hébreu ou en persan (la tête d'Ahmadinejab!) :)