vendredi 21 décembre 2012

Sophia Brahe, astronome, médecienne, chimiste, horticultrice, alchimiste, astrologue, généalogiste





Scientifique du 16/17e s. très connue en Scandinavie, Sophia Brahe (ou en fr. Sophie Brahé) naquit en 1556 à Knudsturp au Danemark, la dernière de 10 enfants. Elle eut pour père Otte Brahe rigsråd (conseiller) du roi du Danemark ; et pour mère Beate Bille Brahe, gouvernante de la chambre de la reine Sophie. Le célèbre astronome Tycho Brahe, de 10 ans son aîné fut son frère. Sophie l'assista dans ses observations astronomiques, en particulier en 1573 lors de l'éclipse lunaire qu'il y eut cette année, et l'aida dans le travail qui a posé les bases du calcul contemporain de l'orbite des planètes. Ceci se passait dans  l'observatoire d'Uranienborg, sur l'île danoise de Hveen. Tycho écrit qu'il initia sa soeur à l'horticulture et à la chimie mais qu'il ne lui enseigna pas l'astronomie. Il est fier de mentionner qu'elle apprit l'astronomie par elle-même, étudiant des livres en allemand, et en faisant traduire d'autres du latin avec son propre argent afin de pouvoir les comprendre. Le frère et la soeur n'était pas seulement unis par la science, mais par le fait que leur famille n'approuvait pas cette activité qu'elle considérait comme inappropriée à leur condition. Tycho parle avec admiration de l''animus invictus' (âme invaincue) de sa soeur. C'est elle qui le poussa à résister à la pression familiale.
Elle épousa Otto Thott en 1576, à l'âge de 19 ou 20 ans, il en avait 33, et eut un enfant avec lui avant qu'il ne meurt le 23 mars 1588. Son fils,  Tage Thott, naquit en 1580. Après la mort de son mari, Sophia géra leur propriété de Ericksholm, jusqu'à la majorité de leur fils. Durant cette période, elle se consacra à l'horticulture, en plus de ses études de chimie et de médecine. Les jardins qu'elle créa à Ericksholm furent d'une beauté exceptionnelle et unique dans cette partie du monde. Concernant la chimie et la médecine, Sophia s'intéressait plus particulièrement à l'enseignement de Paracelse, pour lequel de petites doses de poisons servent à la fabrication de puissants remèdes.
Elle effectua ce genre de préparations pour ses ami.e.s, les gens de sa classe mais aussi les pauvres sans contrepartie financière.
                                             

Elle aida parallèlement son frère (de 1588 à 1597) à établir des horoscopes.

Le 21 juillet 1587, le roi Frédérick II du Danemark signa un document octroyant à Sophia Brahe les titres de la ferme de Årup qui est actuellement en Suède (les Danois ont occupé longtemps le sud de la Suède), sans doute en récompense de ses nombreux talents.
Elle rencontra un certain Erik Lange, avec qui elle étudia l'alchimie. En 1590, elle se lia avec Lange. Malheureusement, il avait usé une grande partie de sa fortune pour ses expériences d'alchimie, si bien que leur mariage fut repoussé et pour éviter les créanciers, Lange partit pour l'Allemagne où il essaya de trouver des "sponsors". Tycho Brahe écrivit lors de cette séparation le poème Urania Titani, comme si c'était une lettre de Sophia à son fiancé. En 1599, Sophia rejoignit Lange à Hambourg, mais ils ne se marièrent pas avant 1602. Le mariage eut lieu à Eckenförde (une petite ville d'Allemagne du nord que je connais bien). Ils y vécurent longtemps dans une extrême pauvreté. Sophia écrira à sa soeur Margrethe Brahe qu'elle a été obligée de porter un justaucorps troué pour son mariage et Lange un costume de location. La lettre de Sophie exprime sa colère contre sa famille qui n'accepte pas ses études scientifiques, et la laisse intentionnellement sans argent. Vers 1608, Erik Lange s'installe à Prague, où il mourra en 1613.
Vers 1616, Sophia rentre au Danemark et s'installe à Helsingør. Elle passe les dernières années de sa vie à rédiger les généalogies des familles nobles danoises, publiant la première version en 1626. Son oeuvre est encore considérée aujourd'hui comme la plus importante source historique sur la noblesse danoise. Elle meurt à Helsingør en 1643 et est enterrée à Kristianstad.

21 commentaires:

  1. Merci! Je ne la connaissais pas, et c'est bien dommage, c'est réparé grâce à toi :-)

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    1. Super ! Je n'aurais alors pas inutilement repris le wiki anglais dans ses grandes largeurs (vu que le wiki francais est toujours aussi vide à son sujet) ! Il y a bien plus à raconter sur elle mais il faut que je fasse une compile de plusieurs sites anglais et allemands (en attendant que je comprenne le danois, lol) et je n'ai pas le temps malheureusement, snif !

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  2. Bonjour, Euterpe

    À moins que vous ne l'ayez déjà fait, vous devriez écrire un article sur une femme remarquable, Hidelgarde de Bingen, sans vous laisser arrêter par ses bondieuseries et sa récupération par le Pape.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Hildegarde_de_Bingen

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    1. Merci Elie Arié mais j'ai déjà écrit à plusieurs reprises sur elle et je le ferais sans doute encore.
      http://lesaventuresdeuterpe.blogspot.de/2010/11/jy-crois-pas.html
      http://lesaventuresdeuterpe.blogspot.de/2010/11/vous-savez-ce-quelle-vous-dit.html
      http://lesaventuresdeuterpe.blogspot.de/2010/11/leonard-de-vinci-copie.html
      http://lesaventuresdeuterpe.blogspot.de/2011/08/tag-de-juan.html

      En Allemagne, tout le monde sait qu'elle n'était pas qu'une mystique. On vend des livres de ses recettes, de ses partitions de chants, de ses recherches sur les simples. On vend des biscuits Hildegarde de Bingen, des mélanges d'herbes et d'autres produits.
      Chacun sait que c'était une femme très savante et polyvalente.

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  3. Quelle vie, quelle femme! Merci pour tout ce travail...et excellentes fêtes, bon repos, distractions.
    J'adore les Christstollen, et comme il y a beaucoup d'allemands ici, j'en trouve facilement.

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    1. Merci Colo ! Bonnes fêtes à toi aussi !
      Moi j'adore les Lebkuchen. J'ai pris un bon kilo à force d'en manger ces derniers jours !:)

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  4. Sophie Brahe, un nom à retenir et une scientifique renommée que je découvre grâce à toi, merci.
    Bon week-end, Euterpe.

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  5. En voilà une, Sophie Brahe, qui est partie longtemps de son pays certes pas pour payer moins d'impôt ! Encore une belle figure que vous racontez. Merci Euterpe.

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    1. En effet, on ne peut pas lui faire ce reproche-là :) Je suis contente que vous l'appréciez, merci !

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  6. "Elle effectua ce genre de préparations pour ses ami.e.s, les gens de sa classe mais aussi les pauvres sans contrepartie financière."
    Une vraie "femme savante" et humaine . Belle découverte. Merci Euterpe .

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    1. OUi, on préfère s'appesantir sur les guerriers sanglants, alors que de telles figures ont existé. Les livres d'histoire gagneraient en humanité si on consacrait quelques de pages à ces femmes-là !
      Bonnes fêtes de Noel à vous, coup de grisou.

      Et à tou.te.s !

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    2. Après tout ce que vous avez écrit sur votre blog ,avec toutes les connaissances que vous avez, vous devriez écrire un livre sur toutes ces femmes brillantes pour rétablir un peu l'équilibre. Je suis certain qu'il aurait du succès et de l'influence.
      Joyeux Noël à vous aussi Euterpe. Vous nous avez fait plein de cadeaux toute l'année. Que pourrions-nous vous offrir d'autre que notre reconnaissance?

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    3. C'est ce que vous pouvez m'offrir de plus beau ! Merci de tout coeur, coup de grisou !

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  7. Un portrait et une femme superbes ! Excellant en plusieurs matières, ce qui serait impossible aujourd'hui, où l'hyper spécialisation sévit, donnant de super techniciens sans conscience et majoritairement au masculin. Le contraire de cette humaniste. L'humanité perd énormément à se passer du potentiel des femmes.

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    1. Oui, c'est tellement vrai ! Et on voit que pour elle qui était d'une famille pourtant très privilégiée, arriver à donner au monde ce qu'elle avait à donner, n'a pas été si facile non plus avec des proches qui les premiers se sont efforcés de lui mettre des bâtons dans les roues, alors on comprend combien c'est dur pour les autres femmes !
      En ce qui concerne les spécialistes sans conscience, il y a un terme spécifique en allemand : "Fachidiot", de "Fach" = spécialité, et "Idiot" = idiot. Aujourd'hui le monde est couvert de "Fachidioten".

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    2. C'est tout à fait ça, des idiots spécialisés ! J'en ai recruté pendant des années : des ingénieurs bac+5 supposément généralistes mais venant d'école d'ingés se tirant la bourre et en compétition pour encaisser le plus possible d'inscriptions de scolarité, spécialisées en mécanique OU électronique OU télécoms OU électricité... Je terminais tous mes entretiens en anglais (ils devaient parler anglais dans des boîtes internationales) en leur demandant de façon très ouverte de me citer, en anglais donc, le dernier livre, la dernière expo ou le dernier film ou la dernière pièce qu'ils avaient lu, vu ou apprécié et pourquoi. Juste histoire de vérifier leurs "humanités" (mon côté tortionnaire !). Je ne te dis pas la panique puis le flop. Je me souviens d'un, très content, et conscient tout de même de pouvoir me répondre sans que ce soit sa partie, qui m'avait dit qu'il suivait sa femme les week-ends, car elle travaillait en arts appliqués et devait donc aller régulièrement dans des musées et des expos pour nourrir sa pratique professionnelle ; je pense que ce jour-là, il a dû la remercier d'exister et de lui tirer une super épine du pied !

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    3. Excellent !;)
      J'avais déjà observé cette mentalité pendant mes études en communication visuelle. J'ai fait d'autres études par la suite en partie pour cette raison car c'était déshonorant auprès de la confrèrie qui se prenait pour une élite de s'intéresser à autre chose qu'à la matière principale surtout si c'était une matière un peu "intellectuelle". Celleux qui, comme moi, prenait au sérieux n'était-ce que l'histoire de l'art, par exemple, étaient regardé.e.s comme des sortes de traîtres.ses. Il régnait dans cette branche une sorte de pression anti-humanisme très aliénante qui m'horripilait.
      Mais apparemment c'est le fait de la majorité des spécialisations.

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  8. Belle découverte, encore une grande femme effacée de la mémoire collective !
    Je me demandais Euterpe, d'où tirez-vous toutes vos sources historiques qui vous permettent ainsi de remettre en lumière tant de femmes brillantes mais oubliées ?

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    1. Merci Sylphe. Je ne souhaite malheureusement pas révéler mes sources car cela m'obligerait à donner trop d'indications sur ma profession exacte. Vous ne m'en voudrez pas, j'espère.

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    2. Aucun problème, je respecte votre désir d'anonymat ;)

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