samedi 15 janvier 2022

Marguerite de Navarre, le retour

 Bon ben voilà.


Je voulais publier un nouveau post et je l'ai effacé sans faire exprès en voulant mettre cette vidéo:

Il était question du film Michael Kohlhaas de 2013 avec Roxane Duran dans le rôle de Marguerite de Navarre, cette reine écrivaine dont j'ai beaucoup parlé sur ce blog.

Pour ne pas anéantir à nouveau mon travail, je vais essayer de ne pas effectuer trop de manipulations à base de liens et autres. Cela ne me réussit pas.

Je voulais exprimer ma stupéfaction de voir Marguerite de Navarre qui devrait être suffisamment célèbre pour que cela ne lui arrive pas, être utilisée pour "ramener des personnages féminins" dans le récit comme le dit la co-scénariste du film.

Il s'agit de l'adaptation ciné d'une oeuvre de Heinrich von Kleist, un écrivain très connu en Allemagne qui s'est servi en son temps d'une histoire réelle avec laquelle il a pris un certain nombre de libertés hormis sur l'époque et le lieu: le début du seizième siècle en Allemagne.

Les scénaristes du film en ont fait un "Schinken" comme on dit chez moi, c'est-à-dire un film à costumes avec épées, cavaliers et décapitations, à savoir un divertissement pour amateurs de brutalités de l'Ancien Régime. 

Que fait la reine de Navarre là-dedans ? C'est simple. Il n'y a pas de personnages féminins dans le roman original. C'est une histoire de mecs. Alors on met des femmes. Or l'action ne se déroule plus du tout en Allemagne ! Elle se déroule en France où le droit pourtant devait être catégoriquement différent, En effet, c'est le droit normalement allemand qui y joue le rôle principal puisqu'un homme du peuple allemand y cherche à faire valoir ses droits contre l'arbitraire criminel d'un baron allemand.

On aime bien les histoires de lutte des classes mais de préférence, celles du passé sans toutefois se préoccuper de détails aussi dérisoires que le pays où cela se passe même si cela change tout du point de vue de l'historicité. 

Donc il fallait des personnages féminins et puisqu'on s'en tient quand même aux personnages existants à la même époque en France, on prend la reine de Navarre au lieu du prince électeur de Saxe, je crois, qui était apparemment un personnage sans pitié pour le bas-peuple, TOUT LE CONTRAIRE de Marguerite de Navarre mais qu'importe. J'ajoute que la reine de Navarre est déjà âgée proche de la cinquantaire mais, là aussi qu'importe, une fille de vingt ans c'est plus vendeur.

Le cinéma ne cherche pas à informer mais à plaire au dépend de la vérité et à promulguer une forme de pensée "moderne". Dans le film, le personnage qui veut faire valoir ses droits, les obtient mais, en même temps, il est tué. Le message que l'on fait donc passer est le suivant : ne vous rebellez pas contre la classe des très puissants même si celle-ci "ramène des personnages féminins" . Vous aurez peut-être gain de cause mais vous serez en même temps assassiné.

Juste petit clin d'oeil de fin quand la fille du héros qui remplace les garcons de l'histoire originale "pour-ramener-du -féminin" est assise par son père sur le cheval récupéré au prix de sa vie : vos enfants en profiterons, allez. Enfin peut-être. On ne sait jamais.

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