jeudi 6 septembre 2012

La virilité, "étalon" universel

Citations :

Clélie : "Porsenna, vaincu par le courage d'Horatius Coclès, par l'action forcenée de Mucius Scevola, par la résolution virile de la jeune Clélie" (Lésveque)


Marguerite de Navarre : "corps féminin, coeur d'homme et tête d'ange". (Clément Marot)

Marie de Hongrie : « c’est une femme qui tient beaucoup de l’homme, car elle pourvoit aux choses de la guerre et elle en raisonne, ainsi de la fortification des places et de toutes les matières d’état. […] » (un ambassadeur vénitien)

Jeanne d'Albret : "n'ayant de femme que le sexe, l'âme entière aux choses viriles, l'esprit puissant aux grandes affaires, le coeur invincible aux adversités" (Agrippa d'Aubigné)

Charlotte Corday : "Ce qui plus qu'aucune chose rendait mademoiselle Corday très-frappante, impossible à oublier, c'est que cette voix enfantine était unie à une beauté sérieuse, virile par l'expression, quoique délicate par les traits". Jules Michelet

Michelle Delaunay, députée de Bordeaux à propos de Ségolène Royal : "une femme qui en a !"
Le Canard Enchaîné à propos de Valérie Trierweiler : sévèrement Burney (jeu de mots sur un certain Burney)

Jean-Pierre Mocky à propos d'actrices talentueuses (Deneuve, Moreau) "ce sont des hommes" (à entendre ici)

quant aux hommes qui déplaisent :

« Ce qui frappe le plus en lui, c'est l'absence de toutes les qualités de l'intelligence virile. Son esprit même, qui est incontestable et, je l'avoue, de rare valeur, est surtout un esprit de femme, et encore l'esprit d'une femme de la cour. L'élégance y domine, mais maniérée (...)

(Bernard de La Monnoye (1641-1728) à propos du poète Mellin de Saint-Gelais (1494-1558) dont j'ai publié un poème ici).

8 commentaires:

  1. Comme s'il pouvait y avoir "une intelligence virile" !
    On confond force physique ou morale , courage et intelligence avec virilité .
    La virilité ne se nourrit pas des autres , elle est foncièrement narcissique. Elle ne satisfait que le sujet lui-même et peut-être ses courtisan(e)s qui croient trouver en "l'homme viril" la protection nécessaire alors que c'est tout le contraire .
    La virilité est associée à la puissance , au pouvoir et donc à la guerre . Pour exister les hommes dits virils ont besoin de montrer leur force et leur courage et ne rechercheront donc que les conflits qu'ils sont sûrs de gagner physiquement.
    Pas d'esprit d'apaisement ,bien au contraire, faire le coq devant la cour en agressant l'autre , celui qu'on considère comme un lâche ou un inférieur sans parler de tous les autres noms d'oiseaux qu'il lui attribuera s'il a eu le "malheur" de défendre d'autres valeurs que celle de "l'home , du vrai , qui en a "!
    Ca va avec l'alcool , les grosses bagnoles , le foot et le parler fort quand ce ne sont pas les idées racistes et machos , les plaisanteries sexistes en-dessous de la ceinture et l'idéologie de l'être supérieur!
    Et ce sont souvent eux les vrais dangers pour ceux et celles qu'ils sont censés protéger : leur propre famille .
    Tout le contraire des femmes à qui on attribue cette "virilité" malsaine mais qui ont toutes les qualités que ces hommes n'ont pas et n'auront certainement jamais ...trop de chemin à faire !

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    1. Saint-Gellais était un poète d'une grande subtilité et devait énormément aimé les animaux car il nous reste plusieurs épitaphes d'animaux émanant de sa plume.
      La subtilité et l'amour des animaux ne devaient pas faire partie des qualités dites "viriles" à l'époque (d'ailleurs aujourd'hui non plus).

      Aujourd'hui, une femme qui parle plus haut qu'un homme est considéré comme un homme. On ne prononce plus le mot de "viril" mais l'idée est la même.
      L'éloquence, la force et le courage sont pourtant des vertus tout aussi bien féminines que masculines mais les hommes se les attribuent à eux seuls.
      Nous devrions appeler gynil ou muliéril, les qualités féminines de courage et de force. Pour que l'on comprenne enfin que nous ne sommes pas juste des ventres sur pattes.
      Il nous manque un qualificatif de ce genre, en fait.

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  2. Oui, cet adjectif manque...si tant est qu'il en faille un vu que personne ne doute, par exemple, du courage des femmes.
    Une anecdote: Mon jeune frère, 6 ans à l'époque, transportait un grand matelas dans un escalier tournant avec ma mère. Difficile entreprise! Arrivés en haut il l'a regardée et dit: "Heureusement qu'on est des hommes, hein, maman!".
    Bon weekend à toi.

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    1. Je pense qu'il en faut un sans quoi nous auront toujours la virilité et l'homme comme "étalon". Il nous faut une "jument", en quelque sorte !:)
      Très chou ton frère :)) Bon weekend à toi aussi !

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  3. Le pire c'est que, tout en étant l'étalon universel, la virilité est une chose fragile qui se perd stupidement comme un parapluie ou une carte bancaire ! D'où l'importance de la réaffirmer sans arrêt pour se convaincre qu'elle est toujours là et qu'elle mène le monde ! :-\

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    1. surtout que si on cherche vraiment de quoi il s'agit, il s'avère qu'il est surtout question de se montrer puissant sexuellement, d'en avoir une grosse, d'être grande gueule et de taper fort s'il le faut (ou même s'il ne le faut pas).
      Bref, le slip, la gueule et les gros bras.
      Pas de quoi la ramener à ce point-là !

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  4. Il me semble que la virilité, (de "vir", homme en latin, mais surtout homme respectable) soit le fait de faire preuve de qualité non directement liées (sauf par vous ici) au sexe. Mais ces qualités, humaines, ont représenté l'archétype de ce qui était réclamé... aux hommes (les mâles) pendant des siècles. D'où aujourd'hui la confusion.

    En fait, on pourrait dire que la virilité, c'est l'éternel masculin. ;-)
    C'est une injonction, d'être brave, courageux, de souffrir en silence, du sacrifice pour la communauté... c'est la liste de ce que la société demande à ses mâles. De la même façon qu'on demande d'autre qualités aux femmes, de façon tout aussi artificielle. Et on finit par confondre, dans les deux cas, ce que le groupe demande (par tradition, culture etc.) et ce que les individus sont, ou veulent être, ou doivent être.

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    1. Cela ne m'échappe pas que ce jugement masculin déformé a pour origine un monde de valeurs androcentré. Mais là est tout le problème. Il en ressort que toutes qualités humaines valeureuses sont depuis ce temps-là attribués aux hommes et qu'ils sont (les hommes) devenus la référence en la matière. La femme est capable de développer les mêmes qualités, sauf qu'elle en est empêchée et si elle les développe tout de même, elle se voit qualifier de viril ou d'homme.
      D'autre part, aux époques passées, voir des attributs masculins chez une femme et les exprimer n'était pas sans insinuer que la femme n'était pas une femme et pouvait même vouloir dire qu'elle était une virago, à savoir un fac-similé d'homme.
      Cet état des choses quel que soit son origine conduit à comparer encore aujourd'hui, puisque je cite des cas contemporains, les femmes à des hommes dès qu'elles montrent une certaine poigne.
      Et cela est tout simplement inadmissible parce que sexiste.
      C'est comme si on disait d'un noir qu'il est blanc chaque fois qu'il affirmerait sa personnalité en public.

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