lundi 29 juillet 2013

Arrêtées, molestées, battues, elles n'avaient pourtant pas les seins nus

AVERTISSEMENT : CE BILLET NE S'ADRESSE PAS AUX JEUNES FEMMES EN MAL DE VOCATIONS SACRIFICIELLES ET D'ACTIONS DIRECTES MAIS AUX FÉMINISTES ANTI-FÉMENISTES comme celle-ci et se veut un PETIT RAPPEL HISTORIQUE à base de photos de suffragettes anglaises prises entre 1903 et 1914. Parmi elles, Emmeline Pankhurst (2e photo en partant du haut) et Edith Bowermann (dernière photo (femme à terre, blessée par des coups de matraque)).



pankhurst.jpg
Photograph:Police officers arrest a “suffragette” who had been protesting for British women's right to vote, outside Buckingham Palace, in London, in 1914.
A Suffragette is Arrested and Escorted by Police in London, May 1906 (b/w photo)


 




Police and Pankhurst Family



Suffragettes vs. police

À force de répression et d'insuccès, le mouvement d'Emmeline Pankhurst se radicalisera et optera pour le vandalisme. E.P. dira : "L'argument de la vitre brisée est le meilleure argument en regard de la politique moderne". Elle exportera le modèle de la combattante pour le suffrage aux États-Unis auprès d'Alice Paul et de Lucy Burns qui crééront l'antenne américaine du mouvement.
Emily Davison posera, entre autres, des fumigènes à la paraffine dans trois boîtes aux lettres, mettra le feu à une corbeille de sciure dans une poste et posera une bombe dans la maison du premier ministre David Lloyd Georges.
De l'autre côté de l'Atlantique, les Américaines ne seront pas en reste.
Si bien qu'après cinq longues années d'assauts suffragistes du mouvement américain pour les droits civiques des femmes, le président des États-Unis,Woodrow Wilson, finira enfin par être favorable à un amendement qui accorderait aux Américaines le droit de vote et prononcera cet étonnant discours féministe devant le sénat :

"Devons-nous seulement demander à nos femmes, et prendre tout ce qu'elles peuvent donner en service et en sacrifice, tout en continuant à affirmer que nous ne voyons pas quel droit cela leur confère pour se joindre à nous et veiller aux affaires de la nation ainsi qu'aux nôtres ? Dans cette guerre [la première guerre mondiale où les femmes ont remplacé les hommes dans les usines entre autres "services rendus à la nation"], nous avons fait de nos femmes nos partenaires ; devons nous les accepter seulement dans un partage de la souffrance, du sacrifice et du labeur et leur refuser le partage du privilège et du droit ?"

Mais le sénat restera insensible à ces paroles et attendra encore un an avant de voter l'amendement (à une majorité d'une seule voix) le 4 juin 1919. On se rappelle que le 4 juin fut également le jour où Emily Davison fut tuée par une collision avec le cheval du roi Georges V).

Les femmes qui menèrent le combat pour le droit de vote des femmes ne manifestaient pas les seins nus car il n'en était encore nul besoin pour être visible aux yeux de la presse et pourtant elles n'ont pas été mieux traitées que leurs arrière-arrière-petites-filles, les Femen. D'ailleurs, il me semble que pour la visibilité/audibilité, ce soit les seins nus ou la vitre brisée, pas les deux*.
Et en attendant que nous ayons à mettre nos slogans sur nos fesses pour ne pas être maintenues dans l'ombre du foot, du pape, de la guerre (israélo-palestinienne, syro-syrienne, égypto-égyptienne, etc, au choix), du bébé des Windsor, et autres glorifications virilo-virilistes habituelles (pendant que la banquise du pôle Nord fond, la centrale de Fukushima fuit, un défenseur des tortues est assassiné, infos quand même nettement plus urgentes à communiquer) soutenons les femmes en lutte contre le patriarcat mortifère : Sacha, Oksana et Alexandra, les Pussy Riot, Amina et leurs ami.e.s emprisonné.e.s, tabassé.e.s ou simplement intimidé.e.s.

L'argument du maintien de LEUR ordre est leur seul argument.

Le droit de vote fut cédé par eux à force d'usure et à la condition (cachée) que nous ne leur laissions le pouvoir. Maintenant, nous ne voulons plus de leur autorité appuyée par les "hauts dignitaires" de leurs religions phallocentrées. Il faudra qu'ils le comprennent également.


Concernant le combat pour le suffrage et le cinéma, je suis tombée par hasard sur ce film de 1949 "Adventure in Baltimore" traduit voluptueusement en frenchy par "Un délicieux scandale", film qui bien sûr, se sert des suffragettes pour alimenter les fantasmes sexuels masculins. Car de la sorcière à la suffragette, tout est bon pour alimenter les fantasmes sexuels de ces messieurs. Les Femen n'y sont pas pour grand chose et se mettre nue ou non n'y change(ra) rien. La preuve :
A propos du personnage qu'est censée jouer Shirley Temple ici, il y a bien eu une suffragette peintre : Louise Jopling (1843-1933), mais, bien entendu, cette grande artiste fut sans rapport avec la petite fille gâtée mettant en danger la gloire de la mâlitude de cette stupide comédie américaine.


 *Aujourd'hui le vandalisme a des fins politiques est tout bonnement assimilé à du terrorisme et est beaucoup plus réprimé que dans les années 1900/1910. Il n'est pas étonnant alors que les seins nus le remplacent.

vendredi 26 juillet 2013

Habillées ou nues, le combat continue !

Femmes du mouvement Femen, Ottawa juillet 2013, manifestant pour que Nathalie Morin retenue en Arabie Saoudite contre son gré puisse rentrer chez elle.


Photograph of Mary Winsor, standing outside, holding a banner that reads: "To Ask Freedom for Women is Not a Crime. Suffrage Prisoners Should Not be Treated as Criminals."
Mary Winsor, of Haverford devant la prison d'Occoquan en Virginie, septembre 1917, manifestant pour la libération des suffragistes Alice Paul et Lucy Burns, entre autres, ou du moins pour un traitement humain des mêmes.

jeudi 25 juillet 2013

Égalité femmes/hommes = inégalité et grosse injustice envers les hommes

Voici une belles collection d'affiches d'époque contre le vote des femmes.
Les idées masculinistes complètement crétines (pléonasme) n'ont pas bougé d'un iota depuis les années 1910.

Top: A little boy reprimands a young suffragist for ignoring her dolls in this U.S.-made card marked "BS." Above: In 1909, the Dunston-Weiler Lithograph Company of New York issued possibly the most beautiful set of 12 anti-suffrage cards ever. Palczewski, Catherine H. Postcard Archive. University of Northern Iowa. Cedar Falls, IA.

Starting in 1909, imprisoned Suffragettes going on hunger strikes were often force-fed by their jailers, a form of torture that made them ill. Some even died from it. Copyright June Purvis.

A woman dominates her husband in this Bamforth postcard. Palczewski, Catherine H. Postcard Archive. University of Northern Iowa. Cedar Falls, IA.

The women here are smoking, playing poker, and eating chocolate while the man cleans and tends to the baby. Palczewski, Catherine H. Postcard Archive. University of Northern Iowa. Cedar Falls, IA.
In anti-suffrage postcards, babies were usually crying for their absent mothers, or the women were depicted as whining babies. Palczewski, Catherine H. Postcard Archive. University of Northern Iowa. Cedar Falls, IA. 
The "Suffragette Madonna" was a popular theme in anti-suffrage postcards. Palczewski, Catherine H. Postcard Archive. University of Northern Iowa. Cedar Falls, IA.

Images piochées ici

ajout du 26 : hier, 25 juillet, google a célébré le 93e anniversaire de la naissance de Rosalind Franklin, découvreuse de l'ADN!

dimanche 21 juillet 2013

D'Alice Paul à Amina, cent ans déjà...

À l'heure où Amina Tyler, emprisonnée pour avoir revendiqué son appartenance au mouvement féministe international Femen, doit se plier au Ramadan qu'elle le veuille ou non, souvenons-nous des peines infligées dans les années 1910 aux suffragistes anglaises et américaines qui pourtant NE réclamaient RIEN QU' un droit citoyen de base : celui de voter !
Il faut d'abord savoir que le droit de vote des femmes existait déjà dans certains états d'Amérique avant 1786, date à laquelle il fut aboli !

L'une des grandes figures de l'époque où ce droit revint à l'ordre du jour dans les revendications des femmes, fut, aux côtés de son amie Lucy Burns, Alice Paul.


Alice Paul, (1885-1977), a consacré sa vie à la cause des femmes, à faire reconnaitre leurs droits. Elle est née de parents quakers, or l'un des principes fondateurs des quakers est l'égalité des deux sexes. Aussi Alice considéra-t-elle toujours cette égalité comme allant de soi et lutta toute sa vie pour la faire passer dans les faits.
Elle suivit des études de droit et de biologie, et obtint un doctorat en droit civil en 1928. Mais auparavant, elle s'était rendue en Angleterre, avait travaillé avec les suffragettes britanniques Emmeline Pankhurst et ses filles, qui avaient choisi d'attirer l'attention des médias par des actions d'éclats afin de faire entendre leur voix sur l'injustice que représente le fait de ne pas avoir le droit de vote simplement parce qu'on est une femme. Alice participa à leurs actions et fut emprisonnée à plusieurs reprises. Elle rapporta ce même esprit militant aux Etats-Unis quand elle y revint en 1910. A cette époque, la Nouvelle Zélande, l'Australe, la Finlande avaient déjà accordé le droit de vote aux femmes.
En 1913, Alice Paul organisa une parade des suffragettes dans Pennsylvania Avenue à Washington ; les femmes qui défilaient pacifiquement furent agressée par une foule masculine tandis que la police laissait faire. Après des piquets de protestation devant la Maison Blanche pendant des mois, des arrestations, une grève de la faim, un nourrissage de force, le président Wilson finit par céder sous la pression de l'opinion publique et demanda au Sénat en 1918 d'accorder le droit de vote aux femmes par le 19 ème amendement à la constitution, ce droit fut entériné de justesse (à une voix près) par l'Assemblée le 26 aout 1919, jour qui est célébré aux Etats-unis comme le jour de l'égalité des femmes.
Après cette victoire, Alice Paul poursuivit son combat pour le vote d'un amendement intitulé l'amendement pour les droits égaux (The equal rights amendement) qui, à ce jour, n'a toujours pas été adopté au niveau national, mais a été adopté au niveau de nombreux états.
Après avoir décroché ses diplômes universitaires, Alice Paul poursuivit son combat et créa en 1938 le World Woman's Party (WWP) pour travailler avec la société des Nations sur l'égalité des droits des femmes dans le monde. Après la guerre, elle demanda la création aux Nations Unis d'une commission sur les droits des femmes.
Elle montra un courage, une détermination et une abnégation à son combat qui forcent l'admiration.
Arrêtée en 1917, Alice Paul restera 7 mois en prison
Elle est la figure principale du film "Volonté de fer" (quelle traduction de titre ! Et pourquoi pas "Dames de fer" tant qu'on y est ?). À VOIR TOUT PARTICULIÈREMENT LA SCÈNE OÙ ELLE SUBIT LE GAVAGE FORCÉ AFIN DE SE DONNER UNE IDÉE DE CE QU'ILS SONT CAPABLES DE FAIRE PLUTÔT QUE DE NOUS ACCORDER LES MÊMES DROITS QU'ILS SE SONT OCTROYÉS GRATUITEMENT À EUX-MÊMES. Et ayons une pensée pour Amina en visionnant cette scène. (Comme je ne suis pas sûre que la scène soit visible sur ce billet, je donne le lien).
Une bonne vidéo en anglais sur Alice Paul ici.

vendredi 19 juillet 2013

Debout

Lucy Burns addresses a crowd La suffragiste Lucy Burns, debout.
 
La suffragiste Lucy Burns, à bord d'un aéroplane, s'apprêtant à déverser des tracts en faveur du vote des femmes sur la ville de Seattle. Pour l'anecdote : la bannière de l'Union Congressionnel pour le suffrage des femmes qu'elle porte en bandoulière va s'envoler et atterrir sur le toit d'une maison. 
File:Lucy Burns in Occoquan Workhouse.jpg
La suffragiste Lucy Burns en prison.

Après l'avoir arrêtée trois fois pour être restée debout à protester (avoir fait le piquet) devant la Maison Blanche (occupée à l'époque par Woodrow Wilson) afin d'obtenir le droit de vote pour les femmes, on
tenta de la dissuader de recommencer en la torturant. Elle fut laissée sans soin, battue et ses mains enchainées au-dessus d’elle aux barreaux de sa cellule. Elle passa toute une nuit pendue ainsi, en sang, et au bord de l’étouffement.
Après quoi elle refusa pendant trois jours de manger. Les gardiens essayèrent de lui faire ingurgiter du poulet frit. Elle déclara aux autres femmes : "“I think this riotous feast which has just passed our doors is the last effort of the institution to dislodge all of us who can be dislodged. They think there is nothing in our souls above fried chicken.”(...) Je crois qu'il n'y a rien d'autre dans leur âme que du poulet frit".
On la sépara des autres femmes et pratiqua sur elle, sur ordre de Woodrow Wilson qui ne voulait pas que la cause des femmes fasse des mortes, le nourrissage forcé. Cinq personnes durent s'y mettre pour contraindre Lucy Burns à manger, raconte l'historienne Eleanor Cliff, et comme elle n'ouvrait pas la bouche, on lui administra la nourriture par le nez.

Lucy Burns détint le record des suffragettes emprisonnées. Aucune d'entre elles ne fut aussi longtemps incarcérée.

Dans l'hymne du MLF, il est dit aux femmes de se mettre debout. Mais ce n'est pas sans danger comme nous l'apprends l'herstoire.
Iron Jawed Angels dont voici la B.A. est un film de Katja von Garnier sur cet épisode (la lutte pour le 19e amendement de la constitution américaine) autour de la personnalité d'Alice Paul, une amie de Lucy Burns emprisonnée en même temps qu'elle. L'actrice Frances O'Connor joue le rôle de Lucy Burns.
Il existe une version allemande de ce film archi primé (dont la réalisatrice est allemande) intitulée : Alice Paul – Der Weg ins Licht (Alice Paul - Le chemin vers la lumière). En France, on n'a pas daigné le montrer....heu, ah si, mais sous le titre "Volonté de fer". On peut le voir en streaming. Il n'y a pas de B.A. en v.o.s.t. sur youtube, par contre.

mardi 16 juillet 2013

Marianne empêchée de circuler le jour de la Révolution

Inna Shevchenko à propos du choix de son visage pour incarner la nouvelle Marianne sur le timbre poste standard de la France :

"FEMEN is on French stamp.Now all homophobes,extremists,fascists will have to lick my ass when they want to send a letter". ( "Les FEMEN sont sur le timbre français. Maintenant les homophobes, extrémistes, fascistes devront lécher mon cul quand ils voudront envoyer une lettre" !)-





La chef de file des Femen, l'une des inspiratrices du timbre du quinquennat.

L'un des graphistes du timbre, Olivier Ciappa, avait expliqué dans un message s'être "surtout" inspiré de Inna Shevchenko, l'une des créatrices du mouvement féministe ukrainien Femen.


A noter que le choix d'Inna Shevchenko pour représenter la Marianne nationale n'aura pas empêché que "les activistes FEMEN [soient] bloquées par la police", hier dans la matinée (soit quelques heures à peine avant la présentation) du timbre).
Celles-ci souhaitaient "sortir de notre centre d'entraînement au Lavoir Moderne Parisien pour la présentation de la bannière FEMEN à l'effigie de nos activistes sur le mur d'un immeuble", comme Femen France l'explique sur sa page Facebook.
Une répression que le groupe a souligné hier et ce matin avec deux messages rageurs sur son compte Twitter.

 1 - Des policiers sont devant le Lavoir et nous forcent à rester enfermées pour notre "protection". C'est une protection forcée +d'infos à venir

2-  Hier FEMEN a été bloqué par la police pdt le défilé du ! C'est donc Marianne qu'on a empêché de circuler le jour de la révolution!


Le PCD, la formation dont Christine Boutin fut fondatrice et qu'elle délaisse pour le Printemps pour tous (et tenter de se recaser à Strasbourg, aux frais des contribuables) lance un appel au boycott de ce qui serait, sans rire, « un outrage à la dignité de la femme, à la souveraineté de la France ». Rien que ça, et les veilleuses et veilleurs sont priés de cerner les bureaux de poste pour exiger le « retrait du timbre de l'outrage ».

Le PS, par contre, aurait-il retrouvé ses racines avec August Bebel qui écrivait en son temps _ « Les hommes, pris en grande majorité, ne voient dans la femme qu’un instrument de profits et de plaisirs; la considérer comme leur égale en droits répugne à leurs préjugés. (…) [Mais] aucun sexe, pas plus qu’une classe n’est fondé à imposer ses limites à l’autre sexe ou à une autre classe. »


Ah non, pas vraiment. La preuve : l'interdit de sortie des Femen, le 14 juillet.

On est toujours dans la double morale (Doppelmoral en allemand= différence d'appréciation des conduites suivant des intérêts donnés ; en fr. on parle plutôt de double standard).
Soyons "rassuré.e.s"..........

samedi 13 juillet 2013

Notre 14 juillet devrait être le 4 juin


Je viens de lire une très belle bio de Emily Davison dans le magazine féministe allemand Emma mais je n'ai pas le temps de la traduire. Heureusement, à l'occasion du centenaire de sa mort, le 4 juin 1913, un journaliste de Mediapart a fait un article sur elle. J'ai juste remplacé un paragraphe (et quelques bouts de phrases par ci par là), après avoir copier/coller l'article, afin qu'il ressemble un peu plus à celui d'Emma que je trouve bien meilleur. Néanmoins, merci à Jean-Louis Legalery pour ses efforts pro-féministes.
D'ailleurs, au sujet des hommes qui veulent être nos alliés, un excellent article de Hypathie est à lire ici.

Emily Davison, martyre de la cause féministe (le vrai titre était Emily Davison, pionnière de l'égalité mais je l'ai changé).

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Photo Hulton Archive/Getty images.
Le 4 juin 1913, il y a cent ans, lors du célèbre Derby d’Epsom, traditionnelle et annuelle course hippique de plat, dans le Surrey, dans laquelle la famille royale engageait toujours un cheval, reconnaissable au fait qu’il n’arborait pas de couleurs attachées à la selle, une femme sortit de la foule, dans la courbe de Tattenham Corner, et fut heurtée violemment par Anmer, le royal équidé. Jusqu’à un passé récent l’histoire britannique a fait passer cet événement tantôt pour le geste d’une déséquilibrée, tantôt pour le suicide d’une désespérée. Il est désormais avéré que ce n’est ni l’un ni l’autre. La jeune femme s’appelait Emily Wilding Davison. Elle avait quarante ans et était militante du WSPU, Women’s Social and Political Union et elle voulait accrocher à la selle d’Anmer un ruban aux couleurs du WSPU pour promouvoir le droit de vote des femmes, mais préjugea tragiquement de la vitesse du cheval lancé au galop.

La suite est connue. Elle fut conduite inconsciente à l’hôpital d’Epsom où elle mourut de ses blessures quatre jours plus tard, aux confins d’un anonymat que l’establishment tenta de créer à travers la mise en scène d’un fait divers. Mais, lorsque sa dépouille fut ramenée en train jusqu’à sa ville natale de Morpeth, dans le Northumberland, au nord-est du Royaume-Uni, comme l’a raconté Val McDermid dans le Guardian du 31 mai, des milliers de gens attendaient à la gare pour lui rendre hommage, preuve d’une popularité extraordinaire. Emily Davison, issue d’un milieu modeste et d'une famille nombreuse, avait obtenu une bourse pour aller étudier la littérature et les langues, dites modernes à l’époque, en 1891 au Royal Holloway College, à l’âge de 19 ans. Mais le décès de son père la contraignit à abandonner, en raison des frais d’inscription trop élevés que sa mère ne pouvait assumer. Elle devint gouvernante, pour subvenir à ses besoins, puis enseignante et économisa suffisamment d’argent pour reprendre ses études supérieures au St Hugh’s College d’Oxford. Cependant les femmes n’étaient pas autorisées à obtenir les mêmes diplômes que les hommes, elle obtint néanmoins les plus hautes distinctions dans chacune des matières préparées.

[Elle] adhér[a] au WSPU, créé par Emeline Pankhurst. Les nombreuses demandes de cet organisme envoyées au gouvernement pour obtenir le droit de vote des femmes obtinrent systématiquement une fin de non recevoir. Les femmes devaient garder le même statut que les enfants, les handicapés mentaux et les fous. Alors Emily Davison décréta qu'il fallait passer aux actes et se radicalisa à chacune de ses actions consistant, par exemple, en jets de pierres et incendies contre les élus qui faisaient obstruction au droit de vote pour les femmes. Elle fut emprisonnée à plusieurs reprises car, à chaque incarcération, elle commençait une grève de la faim qui la faisait libérer, et, une fois qu’elle avait repris des forces, elle était à nouveau incarcérée. L’exploit qui scella sa notoriété eut lieu au soir du recensement national, le 2 avril 1911. Elle s’enferma dans un placard à balais de la chambre des communes, y passa la nuit et indiqua comme adresse, sur la feuille de recensement, the House of Commons. En 1999, le ministre travailliste Tony Benn, qui devint le plus jeune élu, en 1950, en remportant la circonscription de South Gloucestershire, rendit hommage  à Emily Davison et aux suffragettes. en posant une plaque commémorative à leur noms.
(...)
 Le droit de vote fut octroyé [par la suite] aux femmes, victoire posthume d’Emily Davison, dont la devise était deeds not words, des actes pas des mots.
A voir ici les trois vidéos rétrospectives de British Pathé :
http://www.youtube.com/watch?v=fJBdPFfnZHU
http://www.youtube.com/watch?v=siZ1rcIECdk
http://www.youtube.com/watch?v=-G4fJ9I_wQg

Le féminisme a sa martyre. Nous devrions commémorer chaque année la mort d'Emily Davison.
Ce serait notre 14 juillet à nous car celui des hommes ne compte pas. Pour LEUR révolution, ils se sont juste servis de nous. Et quand nous avons réclamé le droit de vote, ils nous ont décapité en la personne d'Olympe de Gouges ainsi que d'autres peut-être dont nous ne savons plus rien puisqu'ils effacent notre mémoire.

Et à propos des actes (pas des mots) : voir la vidéo ici (chez Emelire) des féministes solidaires d'Amina Tyler, devant la préfecture de Toulouse, venues demander sa libération et qui n'ont pas hésité à faire un sitting torse nu pour faire relâcher la Femen toulousaine embarquée par la police pour exhibition sexuelle (sic). Oui, Deeds not words, telle devrait être aussi notre devise !

mardi 9 juillet 2013

United Stasi of America (actualisé)

Toujours pas envie de bloguer sérieusement. Je ne sais pas si la nouvelle a atteint la France mais un attentat lumineux (Lichtanschlag) a été perpétré sur l'ambassade des États-Unis à Berlin : voilà à quoi il a ressemblé :


Der Lichtanschlag auf die US-Botschaft fand in der Nacht von Sonntag auf Montag statt

Complément du 10 juillet :

Oliver Bienkowski, l'auteur de la projection, est déjà connu à Berlin pour ses actions de guerilla (Guerilla-Aktionen) par exemple humanitaires. Il avait fait il y a peu une fausse campagne de pub pour des Shitstorms (littéralement "tempête de merde") organisés, proposant contre une somme d'argent appréciable des actions de dénigrement sur le net à la commande. Il prétendait faire travailler des sans-abri. L'histoire avait indigné la presse.
En fait, il voulait  attirer l'attention sur la situation des sans-abri en Allemagne. Ci-dessous Oliver Bienkowski avec le panneau "580 000 sans-abri en Allemagne, c'est trop !"
Il s'est marré parce qu'avec son coup monté, il a épargné 68 000 euros de pub et de campagne de marketing pour rendre visible son message !

Hier kommt die Auflösung: Bienkowski vor der Düsseldorfer Bahnhofsmission (Foto: Bienkowski)

Le type représenté avec des lunettes noires sur la projection "United Stasi of America" est Kim Schmitz alias Kim Dotcom, le hacker réfugié en Nouvelle-Zélande suite à l'affaire Megaupload. Bienkowski lui a demandé la permission d'utiliser sa tête pour son projet.

J'approuve tout à fait cette action. Les fameux pays dit "libres" avant la chute du Mur le sont de moins en moins. Déjà par le fait que nous ne pouvons presque plus communiquer autrement que par des moyens tracables ce qui facilite grandement notre surveillance, comme par hasard. Par contre nous sommes de moins en moins informé.e.s sur ce qui se trame au-dessus de nous. La preuve : la fuite de Snowden.

On nous surveille jusque dans nos toilettes mais nous, nous ne devons apprendre que des miettes.

Ajout du 11.7 : d'après l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, si le chef du gouvernement luxembourgeois Jean-Claude Juncker a du démissionner aujourd'hui, ce serait à cause de ses services de renseignements qui auraient EUX-MÊMES mis sur pied une affaire d'espionnage compromettante pour leur chef afin de se venger de ne pas avoir obtenu de lui plus de moyens financiers pour surveiller tout le monde. Les services de renseignement mondiaux feraient ainsi pression sur leurs chef(fe)s (qui sont aussi chef(fe)s de gouvernement), afin d'avoir plus de pouvoir... voilà qui n'est pas rassurant.

(STASI vient de STAatSIcherheit = "sécurité de l'État", une police secrète de surveillance des citoyen.ne.s extrêmement organisée et intrusive du temps de la RDA). 

samedi 6 juillet 2013

Lücke Lücke

Il m'arrive de loin en loin d'être terriblement nonchalante et de n'avoir envie que de distractions faciles et familières remontant si possible à mon enfance. Dans ces cas-là, je me remets à lire, soit en francais soit en allemand, suivant les versions que j'ai sous la main, des BD que je connais par coeur. C'est ainsi que, depuis quelques semaines, je relis Lucky Lucke alors même que j'étais persuadée ne plus jamais tomber dans une telle régression un peu inavouable et je l'aurais volontiers passé complètement sous silence si, cette fois, je n'avais pas été si attentive à la présence des femmes dans ces BD. Jamais auparavant l'absence d'icelles ne m'avait à ce point frappée !
Prenons le titre "Les collines noires", par exemple. Je n'y ai trouvé que quatre cases où apparaît une femme (pas la même, d'ailleurs) !
Pire qu'au cinéma !
Et ce n'est pas un cas unique. Dans "La guérison des Daltons", on ne dénombre pas plus de quatre cases non plus comprenant des femmes. Quatre.....



Voyons les cases :


A la page 5, une femme avec une ombrelle est présente tout au fond de l'image. Non seulement les personnages principaux sont tous masculins mais les figurants également. Cette femme est quasi invisible et un ovni dans l'histoire.


Page 12, en détaillant bien les personnages du fond, on apercoit une silhouette féminine vêtue de noir.
Ici, miracle ! Une femme au premier plan assortie d'une bulle. Une ronchonneuse anonyme, en fait. Rien de glorieux. La ronchonneuse d'hôtel est un personnage récurrent autant qu'interchangeable dans "Lücke Lücke" et TOUJOURS féminin.
Ici, une femme est assise sur le siège du cocher du premier chariot. On la distingue à sa robe jaune.



Voilà, c'est tout !

4 cases comprenant des femmes dans toute une BD avec une seule et unique d'entre elles vraiment visible et douée de parole.
Les chevaux, les vaches, les mulets, les chiens et les vautours y sont plus nombreux.
Au cinéma, il y a tout de même plus de figures féminines, même si elles sont juste là pour le sexe (bon allez : "l'amour"). Ici il s'agit d'un livre pour la jeunesse donc pas de sexe (parce que "femme" = "sexe"). Malgré le genre féminin du nom "jeunesse", il n'en désigne donc pas la partie féminine. 

La jeunesse comme la vieillesse, comme l'âge mûr, cela veut dire masculine.

Ah oui, j'oubliais "Lücke", en allemand, veut dire "absence", "vide", "manque".
En effet, il ne manque pas qu'une case à la mâlitude.

vendredi 5 juillet 2013

"Doris Becker"......(en réalité : Sabine Lisicki)

Comme vous l'aurez peut-être remarqué, je prends moins le temps de bloguer en ce moment. Je me sens gagnée par une certaine paresse estivale, j'en suis quelque peu désolée, pardonnez-moi.

Mais après que coup de grisou m'ait posté ce commentaire judicieux sur le cas des sportives : "Et chaque fois qu'une femme se distingue, comme Jannie Longo (cyclisme), Amélie Mauresmo (tennis) , et beaucoup d'autres (Laure Manaudou à ses débuts), on les soupçonne d'être des transexuelles ( surtout pour Mauresmo) ou des garçons "manqués" , "superbe" expression qui voudrait dire en somme que ce ne sont ni des hommes ni des femmes! Un exemple parmi tant d'autres : "vous ne trouvez pas qu'Amélie Mauresmo ressemble à un homme?" ...réponse:"On dirait Schwarzeneger" http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20070104072132AAY18HF", cela c'est illico vérifié et j'ai pu, en effet, constater à la lecture des journaux que la tenniswoman berlinoise Sabine Lisicki vainqueuse, il y a trois jours, de Wimbledon contre la numéro un mondiale Serena Williams s'est vue à l'instant rebaptiser "Doris Becker". Décidément ces messieurs sont le mètre (maître) "étalon" (sic) de toutes choses...
Heureusement, certains journaux ont quand même préféré parler d'une nouvelle Steffi Graf.......
http://us.cdn003.fansshare.com/photos/sabinelisicki/sabine-lisicki-1535668744.jpg

mardi 2 juillet 2013

Lily Herse neuf fois championne et vivante à 85 ans, Jacques Anquetil trois fois champion et mort à 53 ans


Pourquoi ?

C'est le dopage qui fait la différence.

La plupart du temps (ou même tout le temps), les championnats masculins (kissékialaplugrosse, comme en politique) s'effectuent dans une atmosphère parfaitement malhonnête.

Pour écraser les autres, rien de tel que le dopage.

La fille de Jacques Anquetil écrit, à propos de son père, qu'il aimait tellement les produits dopants qu'il en donnait même à ses poissons rouges.

Résultat : cet homme qui aurait du avoir 80 ans l'année prochaine est mort d'un cancer de l'estomac en 1987.

 Dernièrement Michael Rasmussen reconnaissait 12 ans de dopage.

Depuis 1881, 1387 coureurs professionnels ont été officiellement convaincus de dopage (partie émergeante de l'iceberg). (Anquetil c'était avant).

L'ancien coureur cycliste Philippe Gaumont qui a dévoilé dans un livre les pratiques du dopage est mort le 18 mai de cette année à l'âge de 40 ans.

 La course cycliste, quel exemple ! Les mâles qui la pratiquent (rien qu'entre eux, cela va de soi) ne sont même pas capables d'être loyaux les uns envers les autres, comment voulez-vous alors qu'ils le soient envers les femmes ?


Et comme on peut le constater là comme ailleurs, ils ne respectent même pas leur propre corps ni leur propre vie.

Être DEVANT, c'est leur seul credo.

File:Châteaufort 78 Anquetil.jpg