jeudi 31 mai 2012

Encore un film que vous ne verrez pas à Cannes

Bon, finalement, après le festival le plus nul du monde, mon film préféré que je réalise moi-même, c'est moi en train de sortir du métro pris par la caméra de surveillance du quai de ma station. Je le visionne tous les jours sur l'écran de contrôle et je dois dire que je ne m'en lasse pas.
Il a quelque chose de Haneke mais l'héroïne est une femme autonome sans qui que se soit en train de lui servir de béquille car elle n'est ni accompagnée de bobon (masculin de bobonne) ni de maman et pourtant elle ne va pas se faire égorger au prochain coin de rue puisqu'on la revoit chaque jour.
C'est du Haneke version féministe.
Mais montrer les femmes de cette facon dans notre société c'est impensable au cinéma, voyons !
C'est pour cela que Frémaux conseillera désormais aux militantes de la Barbe de faire comme moi si elles tiennent absolument à voir un film réalisé par une femme avec sa vision du monde.
Il ne va pas accueillir des femmes autonomes dans un lieu comme Cannes, tout de même ! Ca le salirait.
Non mais vous avez vu une réalisatrice se pavaner avec une belle actrice sur des escalier faisant face à une avenue ensoleillée en bord de mer ombrée de palmiers ? C'est grossier ! Ou pire : une réalisatrice avec un jeune acteur au visage d'ange ? C'est immonde ! C'est pour cela qu'au festival il ne peut y avoir que des réalisatEURS. Seul un homme est fait pour se balader avec une beauté à son bras.
C'est physiologique.
Comme uriner debout.

Pour le cabinet ministériel des Droits des Femmes, pareil. Vous vous imaginez ce qui se passerait si la ministre des Droits des Femmes était entourée de femmes pour s'occuper de femmes ? Comment les hommes sauraient-ils si elles s'occupent bien d'elles-mêmes ?
Seul un homme sait réellement ce qu'est une femme !
C'est une science innée chez lui.
Tandis qu'une femme...mais que peut-elle bien savoir des femmes ?

Bon finalement nous aussi nous avons notre milice saoudienne pour empêcher que les femmes ne deviennent trop autonomes : sauf que chez nous elle se cache dans les cabinets ministériels...



 Et hop ! Encore un film que vous ne verrez pas à Cannes !

Ajout 1er juin - Monologue de l'héroïne :

- Que je sorte de ce centre commercial ?!
- Je vous montrerai qui va sortir du centre commercial !
- Ce ne sont pas vos affaires.
- Pourquoi vous me suivez ?
- Qu'est ce que vous me voulez ?
- Le gouvernement ne vous a pas envoyé pour me suivre.
- Le gouvernement a dit qu'il n'y aurait pas de persécution (de femmes).
- Votre travail est d'informer la population et ensuite de circuler.
- Vous n'avez pas le droit de harceler les gens.
- Assez. Sortez de ce centre commercial. Allez-vous en. Qui va s'en aller ?
- Ce ne sont pas vos affaires.
- Vous ne voyez pas les autres femmes ici qui montrent leurs cheveux - Ce n'est pas votre affaire.
- Je suis libre de mettre du vernis à ongles, si je veux.
- S'il vous plaît, partez. Moi je ne partirai pas. Qu'est ce que vous allez me faire?
- Je ne partirai pas.
. Je ne bougerai pas d'ici. Je ne bougerai pas d'ici.
- Pour votre information, je suis en train de filmer tout ça. Ici. Souriez à la caméra.
- (Aux policiers) vous êtes en mission n'est-ce-pas ? et bien vous avez ici une plainte d'une citoyenne pour harcèlement et peu importe si cela vient du gouvernement officiel ou non.
- Pour votre information, la vidéo est en route pour twitter et facebook pendant que nous parlons.
- Encore un mot de vous et je l'envoie à Abd-Al-Latif Aal Al-Sheik et il vous demandera des comptes.
- Vous n'êtes pas mon chef et vous n'avez pas à me dire de ne pas porter de vernis à ongles.
- Du rouge à lèvres sur ma bouche ? Viens, regarde ma bouche. Honte à toi !
Et il prétend craindre Dieu...
Ne le laisse pas me suivre. J'ai le droit de me balader dans ce centre commercial si je veux.    

(Explication : apparemment le grand mufti d'Arabie Saoudite a demandé que l'on arrête de persécuter les femmes sur des "détails" mais comme partout, on ne perd pas si facilement les "bonnes" habitudes. Cette femme est aujourd'hui activement recherchée par la police, non pas pour s'être défendue mais "pour avoir filmer des gens en public", ce qui serait formellement interdit par la loi islamique).

A propos de l'Arabie saoudite qui (à mon avis) menace chez nous ce qui reste de nos libertés féminines de par l'influence économique de ce pays ultrarichissime en Europe et dans le monde (principe des vases communiquants), cet article de Serge Halimi du Diplo sur l'impunité saoudienne.
Et ici : les conditions de vie des saoudiennes (elles sont soumises à une tutelle masculine permanente).

mardi 29 mai 2012

Le monde selon Haneke selon lulu


J'ai voulu arrêter avec le honteux festival de Cannes 2012 mais Sandrine du blog A dire d'Elle a publié ça et du coup me voilà en train d'en reparler.
La palme a apparemment été décerné au meilleur maltraiteur de femme âgée.

Commentatrice habituelle du blog cité plus haut, Lulu explique le monde selon Haneke (le primé) d'une façon très intéressante. Je n'ai pas pu m'empêcher de publier son commentaire:



Bof, le monde selon Haneke : il y a des gens bien (c’est-à-dire riches et de bonne famille et cultivés et raffinés et gentils et ouverts aux problèmes existentiels) qui vivent tranquillement leur vie de gens bien, parmi d’autres gens bien, dans des lieux de gens bien avec des distractions de gens bien et des rapports amicaux, amoureux ou familiaux de gens très bien.
Le malheur, c’est les autres : des gens pas bien (qui se révèlent être pauvres, pas cultivés, rustres, frustrés, et donc hargneux, violents) qui vont faire irruption dans le monde des gens bien, par jalousie, par envie mesquine, ou tout simplement parce qu’ils sont pauvres, et donc mal élevés, insensibles au bien et à la beauté et à la subtilité, et mauvais. Ces autres vont faire le mal, et tout casser dans le monde des gens bien, tuer détruire et faire ce que les pauvres font d’habitude.
Tout ceci me rappelle une conférence de Gadamer (un philosophe allemand de l’école de Heidegger, c’est-à-dire que c’est pas grave qu’il ait été antisémite et raciste) entendue dans les années 90 : 95 ans, tout rabougri, et on l’amène au podium et là, une métamorphose : une voix de 40 ans qui articule à merveille et laisse dérouler de si belles phrases, très cultivées et raffinées, avec un vocabulaire tellement subtil et précis, tout ça pour dire quoi : que la civilisation occidentale est en train de périr, que c’est la faute aux hordes de barbares qui sont à nos portes et nous décultivent et en plus vont probablement venir jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes. Et comme il a 95 ans, qu’il a vécu et prospéré sous le nazisme et en a entendu bien d’autres, que tout le monde le révère parce que c’est un si grand philosophe (le dernier encore vivant des vraiment grands), il ne prend même pas le détour d’un euphémisme et le dit plus ou moins très directement comme je l’ai écrit plus haut.
Ce discours pourrait convenir comme description du synopsis de funny games, ou du temps du loup, ou de code inconnu.
Seule “la pianiste” est un peu plus complexe (peut-être parce que d’après Jelinek, que je n’apprécie guère plus mais qui est tout de même un peu plus subtile), puisque pour une fois les pauvres (huppert et girardot) sont cultivées et que c’est plutôt leur point de vue que l’on suit. Mais on a tout de même une femme forcée de faire une fellation, violée (mais c’est de sa faute c’est ce qu’elle voulait depuis le début), qui se mutile le sexe, et qui se plante un poignard dans le coeur en dernière image. Et il n’y a aucune tentative d’analyse sociologique qui mettrait en évidence des mécanismes de domination : le seul éclairage est celui de la psychologie de bazar et de la psychanalyse (c’est paske son popa est parti et que sa moman est invasive). Bref, si huppert souffre, c’est parce que sa psyché la pousse à souffrir, c’est parce qu’elle n’assume pas ses désirs sexuels, et l’homme qui la viole et l’ignore n’est que l’instrument qu’elle s’est choisi pour se faire du mal…
Alors deux fois la palme à Haneke, sans compter tous les prix d’interprétation, du scénario etc qu’il a raflés au cours des ans, comment dire, c’est emblématique de cannes et cela illustre parfaitement le problème du quota d’hommes obligatoires dans la culture : ce n’est pas le plus intéressant, le plus innovateur que l’on récompense, mais celui qui illustre le mieux l’opinion dominante par une technique parfaitement maîtrisée, celui qui domine le plus l’art de la dorure sur maroquin et sait avec perfection reproduire le blason hérité des ancêtres (en l’occurrence celui des hommes de bonnes familles qui sont aussi des gens bien, riches, cultivés, bien élevés, conservateurs et aimables avec tout le mépris de classe et tout le sexisme que cela suppose et qui se fait jour dans la réponse de frémaux, par exemple).Fichier:Royal Coat of Arms of Navarre (1483-1512).svg
Du coup j'ai eu envie d'illustrer ses propos avec un blason, au hasard, celui de Jeanne III d'Albret, dernière reine de Navarre. J'ai pu en profiter pour comprendre ce qu'il y a dessus : chaînes rayonnant vers une émeraude = Navarre ; vaches à cornes bleues = vicomté du Béarn ; lion pourpre couronné debout = Léon (province espagnole de) ; château = Castille ; lions léopardés = comté de Bigorre ; bandes jaunes et rouges verticales = comté de Foix ; lys barré d'une bande blanche et rouge = comté d'Évreux ; rectangles fleurs de lys et rouges alternés = principauté d'Albret.
Je sais, les initiés disent autrement : d'argent, d'or, de gueule, d'azur, écartelé, etc....Mais moi non plus je ne fais pas partie de la "bonne" caste, celle que célèbre Haneke et le festival.

Excellent commentaire de lulu. Merci.

dimanche 27 mai 2012

Hélène de Montgeroult

Ce festival de Cannes ayant quelque peu usé mes nerfs (voir commentaire à lucia mel dans le billet précédent), je vais me ressourcer dans la création féminine avec quelques morceaux musicaux féminins inédits sur ce blog comme cette sonate d'Hélène de Montgeroult (1764-1836).
Bon lundi de Pentecôte à tou.te.s
Un livre qui a l'air passionnant sur cette compositrice et son rôle à la Révolution.

vendredi 25 mai 2012

D'Alix

 Toujours à propos du festival de Cannes qui se poursuit comme si de rien n'était, on aura compris qu'un film ne reflétant pas la vision masculine du monde voire la remettant complètement en question n'a aucune chance d'y être présenter. Or c'est presque toujours le cas des films féminins ! Et dans ce bain de testostérones festivalier le traitement de la prostitution est l'étalon (!) de mesure par excellence capable de jauger du degré de machisme de la sélection.


massysquentincouplemalassorti.jpg

Au festival de Cannes 2012, en dehors des scouts/guerriers/militants/militaires/policiers/gangsters/chasseurs et autres panoplies de Zorro/AlCapone pour petits garçons qui s'ennuient à la récré, deux films ont été sélectionnés sur le sujet de la prostitution. L'un est qualifié par le site Review de film dépassé par un cinéaste dépassé : c'est Like Someone in Love de l'iranien Kiarostami. Mais un machiste qui se respecte ne va pas laisser à la porte un cinéaste de 71 ans n'ayant plus rien à transmettre que ces rêves de séduire une (belle) vingtenaire asiatique, tout de même ! Peut-être...si elle n'a pas le sou et qu'elle est obligée de se prostituer et qu'elle admire l'érudition (le héros est vieux et traduit du latin), alors elle tombera (qui sait ?) amoureuse du bonhomme malgré son grand âge ? On dirait le genre de films que ce font dans leur tête ceux qui veulent absolument croire au père Noël jusqu'à leur dernier souffle.
Mais qui est-ce que ça intéresse ????
Surtout que l'on a rarement vu une jeunesse tomber amoureuse d'un grand-père encore moins après que celui-ci l'ait payé pour une passe. Mais passons, car c'est dépassant.
goltziusvieilleetjeuneetail.jpg
Le second montre une prédatrice de petits jeunes. On remarquera le contraste. Convoiter une jeune fille est humain si l'on est un (très) vieil homme et d'ailleurs y a des filles qui aiment, convoiter un jeune garçon est abject si l'on est une vieille femme (qui plus est, grosse) et là y a pas de garçon qui aime (déjà dans les peintures ci-dessus du XVIe/XVIIe les mises-en-scène étaient claires). La prostituée doit donc être heureuse d'intéresser sexuellement un grand-père, un prostitué intéressant une vieille femme c'est franchement dégueulasse. Et pour que le message passe mieux, le cinéaste autrichien Seidl place le tout sur fond de colonialisme : une blanche au Kenya. A croire que ce qu'il montre est la norme. Et pas l'inverse (le blanc qui abuse de la pauvreté des femmes aussi bien blanches que noires que jaunes, vertes, bleues ou mordorées quelque soit leur âge et du berceau à la tombe c'est si rare, n'est-ce pas). Ce film étant le premier d'une trilogie sur le même thème, on n'a pas fini de ne voir QUE des femmes-bonbons ou des femmes-repoussoirs (Blanche-Neige et sa belle-mère) sur les écrans et au festival de Cannes.
Parions que l'un de ces deux films remportera la palme ? Car à quoi sert cette palme sinon à faire la publicité d'un film de propagande machiste ? On est loin du temps (2004) où l'on récompensait un Michael Moore pour son playdoyer contre la guerre...(car il est évident que la guerre est une valeur machiste). (Encore un lien ici).
 

Néanmoins, il semble qu'il y aurait un léger progrès dans la perception de la prostitution. Au XVIe siècle, certain.e.s propageaient encore l'idée que : contrairement à l'homme [qui] ne naît pas homme mais le devient (dixit Erasme), la prostituée naîtrait prostituée. 
La preuve ces (certes) humoristiques et ingénieux vers de l'un des plus profiliques versificateurs de la Renaissance française :

D'Alix

Cy gist (qui est une grand perte)
En Culetis la plus experte,
Qu'on sceut jamais trouver en France:
C'est Alix, qui des son enfance,
Quand sa Nourrice l'alectoit,
Dedans le Berceau culetoit:
Et de trois jusques à neuf ans
Avec Garsons petitz enfans
Alloit tousjours en quelque coing
Culeter au Grenier au Foing.
Et à dix ans tant fut culée,
Qu'en culant fut depucelée.
Depuis grosse Garce devint,
Et lors culetoit plus que vingt.
En apres devint toute Femme,
Et inventa la bonne Dame
Mille tourdions advenans
Pour culeter à tous venans.
Vray est, quand plus n'eut Dent en gueulle,
Elle culeta toute seulle:
Mais affin que le Monde vist
Son grand Sçavoir, elle escrivit
Ung beau Livre de Culetage
Pour ceulx, qui estoient de grand aage:
Et ung aultre de Culetis
Pour ceulx, qui estoient plus petis.
Ces Livres feit en s'esbatant,
Et puis mourut en culetant.
Encor dit on par grand merveille,
Que si on veult mettre l'Oreille
Contre la Tumbe, et s'arrester,
On oirra ses Os culeter.

Clément Marot
Like Someone in Love d'Abbas Kiarostami
 La Belle au Bois dormant de Kiarostami et son pépé-micheton en guise de prince charmant qui viennent de "culeter" ensemble. C'est dégueulasse ? Non c'est bô comme le pouvoir des blancs mâles riches célèbres et septuagénaires dont le festival semble être le club (Cronenberg, Loach, Haneke, Ruiz, Polanski (surtout Polanski), Kaufman, Bertolucci, etc..). 

Illus. : (Quentin Massys Couple impareil et Goltzius Le jeune homme et la vieille (Musée de la Chartreuse de Douai))

                                                                  HEUREUSEMENT LA VIE EST AILLEURS ET


merci aux plus jeunes hommes qui viennent d'adresser à Jean-Luc Ayrault une lettre ouverte contre la prostitution: Car si certains septuagénaire friqués se font des films que l'ont ne veut pas voir mais qu'ils nous obligent à voir, la relève masculine ne marche pas forcément dans leurs traces et le BONHEUR (GLÜCK) pourrait bien un jour ressembler à ceci :
   http://data7.blog.de/media/907/6172907_20eea5f589_l.jpeg
Un JEUNE mec qui en ayant eu assez de ces vieux cochons qui tuent l'amour vient de tuer l'un d'entre eux (billet précédent). L'affiche d'un film qui aurait un effet nettement moins libérateur s'il n'y avait pas ce perpétuel festival de la couille en France ainsi qu'une gerbante culture de la prostitution partout dans le monde.

mercredi 23 mai 2012

La prostitution vue par les femmes ne fait pas rêver Frémaux (actualisé)

"Frémaux ne se bat pas seulement contre les films de femmes qui existent, il se bat contre les films à venir. Les réalisatrices ne font pas rêver Frémaux. Tous les discours grandiloquents sur le cinéma se taisent soudain face à cette perspective. Cannes ne vend plus du rêve, mais de la « conséquence » et de « l’illustration. » De la « neutralité » et de la « qualité ». Le spectre du « quota » lui recroqueville la peau des couilles comme la perspective d’un waterboarding glacé dans un Guantanamo d’Amazones. Introduire un biais dans le jugement cannois qui en est absolument, éternellement dénué, quelle horreur !
Confession intime. Dans mon cinéma personnel repassent en boucle les images de Beau Travail, de Claire Denis (qui n’a jamais eu la palme). Les légionnaires dansent sous le soleil, promesse éternelle d’un film à venir que Thierry Frémaux ne veut pas que je voie, parce qu’il y a au fond pour lui quelque chose de plus important que le cinéma : le privilège masculin".


Extrait du billet de damien babet sur le sexisme cannois.

(Merci à mad meg pour le lien)

Autre chose : si les films de Claire Denis sont visibles en Allemagne, les films de Dorris Dörrie qui passent tous le test de Bechdel haut la main ne le sont pas ou presque jamais en France (un seul film a été montré et le hasard faisant bien les choses, c'est le seul où le héros est un homme (Cherry Blossoms)).

Je publie quand même ici la bande-annonce de son dernier film qui n'est ni une comédie comme "La Coiffeuse" , "Personne ne m'aime" et "Suis-je belle ?", excellentes autodérisions féminines mais un film ou une fille de l'est sans permis de séjour qui se prostitue (oui, encore) tombe amoureuse d'un JEUNE punk et à la fin il y a l'assassinat d'un des dégoûtants clients qui font vivre et empêche de vivre. Voilà du film.

Rien pour Frémaux, c'est sûr.

Je parierais qu'il a été éjecté de la sélection du festival....
Ajout du 24.05 : traduction des dialogues :

(Scène des présentations avec poignée de mains)
- Je m'appelle Irina (avec fort accent yougoslave).
(Scène de l'escarpolette :)
- Attention, bientôt arrive le "Wuppdich" !
- Le quoi ?
- Le moment où tu es en haut et tu as l'impression un court instant de t'envoler et c'est super.
(Scène avec voiture de police, Irina qui fuit et son ami qui la rattrape :)
- Ils me renverront dans mon pays.
- Mais non, personne ne te renvoie... pourquoi devrait-on te renvoyer ?
(Flash back : arrivée des chars en Bosnie (?)) 
- Tu n'as aucune idée, toi tu en sursis [= en liberté conditionnelle]...
(Scène d'étreinte :)
- Est-ce que tu peux me toucher, me tenir les mains ? Je ne veux pas t'oublier même en rêve.
(Scène du journal froissé :)
- Qu'est-ce qui s'est passé avec ton job ?
- Je l'ai bazardé. Une saloperie de job.
- Mon job aussi est une saloperie (scène du type qui pose l'argent et dit "Je mets l'argent ici") je voudrais les tuer ces sales types mais je fais le job ! [Irina veut dire que c'est mieux de travailler que de ne pas travailler ; elle s'exprime dans un allemand approximatif]
(Scène du sac en plastique sur la tête :)
 - Qu'est ce que tu fais ?
- J'essaie de me donner la pêche.

A la fin, mais ce n'est pas dans la bande-annonce, Irina, debout devant le cadavre de son prostitueur, dit "c'est un cochon mort avec une queue morte". C'est sûr que ça n'a rien à voir avec l'Apollonide comme film !
Dans une interview pour le Tagespiegel (quotidien berlinois) Doris Dörrie déclare : il y a toujours quelque chose de mythique et de romantique dans la représentation masculine de la prostitution, c'est pourquoi je me suis efforcée de montrer une Irina la plus laconique et terre-à terre possible.

lundi 21 mai 2012

"c'en est peut-être fini du festival de la couille"

...ah bon ?

Voilà exactement deux ans aujourd'hui que j'ai démarré ce blog et je ne vois en rien une quelconque fin du "festival de la couille" se profiler.
Mon premier billet ne concernait pas vraiment le festival de Cannes mais j'y faisais allusion en passant. À l'époque, on commentait avec beaucoup d'humour sur certains blogs les ridicules déguisements féminins qui y étaient visibles et qui n'étaient pas sans évoquer meringues et pièces montées, toutes choses destinées normalement à être manger, la coutume viriarcale consistant à nutrimentionner les femmes (= transformer en nourriture ; du moins dans leur apparence, mais avec une constance qui confine à l'obsession, ce sexe considéré comme celui de la "passivité" (comme ce qui se mange)).

Tandis que personne ne songe à de la pâtisserie en voyant un costard-cravate.

D'où vient mon titre ? "c'en est peut-être fini du festival de la couille" ? On le trouve dans un article en ligne sur un réalisateur de cinéma que je ne nommerai pas pour ne pas lui faire de pub. Ces gens-là se faisant assez de pub tous seuls et toute l'année et même pour les siècles des siècles, amen.
Dans le festival 2012, il n'y a rien qui ressemble de près ou de loin à une fin quelconque du festival de la couille bien au contraire, tout ressemble sérieusement à son retour en force.

En dehors du film dans lequel une femme déglinguée au possible va permettre à un homme de devenir un héros (le film de J.A sus-mentionné), nous avons droit à deux films sur la prostitution vue par la mâlitude ambiante : dans l'un des deux, encore une déglinguée sauvée par un héros nettement plus rance en âge (le héros, pas la déglinguée pensez donc !) mais la vieillesse mâlétudinaire n'étant pas gênante dans le monde de la couille : aïdon l'amour entre bourgeon et fruit pourri ! Dans l'autre film c'est l'inverse, d'infâmes vieilles s'achètent sans vergogne de jeunes pauvres, noirs de surcroît (titre : Paradis - Amour). Il paraît par contre, là, que ce n'est pas moral. D'ailleurs un homme ferait-il une chose pareille ? ça méritait vraiment d'être présenté (et sans doute primé) à Cannes. (Il paraît que le réalisateur a mis une certaine complaisance à filmer les rides et la peau flasque de ces clientes de prostitués, les clients de prostituées qui sont infiniment plus nombreux (rapport de 1 à 100 millions au minimum) constituant un parfait non-sujet).

La seconde guerre mondiale ("Dans la brume") est, qui l'eut cru, encore présente dans cette sélection  avec une question réservée au guerrier mâle : suis-je du bon côté de la barrière ou pas ? c'est la sempiternelle grande cause qui préoccupe l'homme à l'époque de Fukushima (tandis que la femme se demande ce qu'elle va mettre pour sortir si par le plus grand des hasards elle y est autorisée).

Voilà donc les grandes causes dont doit s'occuper l'humanité selon la mâlitude :
la prostitution qui touche les hommes pauvres et qu'éviteraient sans problème les jeunes filles pauvres avec quelques efforts gérontophiles, et puis la sacro-sainte seconde guerre mondiale (résistants v collabos) sans laquelle le mâle n'a plus de repère dans l'existence.
Je ne vais pas faire le tour des sujets abordés mais une chose est sûre : ce sont des sujets qui en ont des grosses...couilles
   ...à poils gris.

Dans cet article de francetv on lit ceci : 
• L'ironie de "The Times"
Vendredi, le quotidien britannique The Times, pas vraiment enthousiasmé par le dernier long-métrage de l'Egyptien Yousry Nasrallah, en lice pour la consécration suprême, ironisait sur le débat du moment. "Un nombre conséquent des gens qui ont regardé le maladroit Après la bataille se sont demandés : n'y avait-il aucun film réalisé par une femme meilleur que celui-ci?", écrivait-il.




mercredi 16 mai 2012

Réalisatrices du monde

Xhanfize Keko Amal Bedjaoui Sabrina Draoui Meret Burger Doris Dörrie Lilian Franck Katja von Garnier Henrike Goetz Valeska Grisebach Solweig von Kleist Caroline Link Angelina Maccarone Maria Speth Lotte Reiniger Helma Sanders-Brahms Cilia Sawadogo Ré Soupault Sylke Enders Cordula Trantow Monika Treut Margarethe von Trotta Vera Tschechowa Catlin Adams Joey Lauren Adams Anita W. Addison Allison Adler Anna Margarita Albelo Debbie Allen Allison Anders Jane Anderson Karen Arthur Dorothy Arzner Lucille Ball Anne Bancroft Elizabeth Banks Roseanne Barr Diana Barrymore Toni Basil Kathy Bates Amanda Bearse Maria Beatty Jessica Bendinger Lillian Benson Shari Springer Berman Marguerite Bertsch Angela Bettis Whitney Blake Linda Bloodworth-Thomason Susan Blu Lisa Bonet Lorraine Bracco Beth Brickell Beth Broderick Katherine Brooks Ellen Brown Cara Buono Maria Burton Tisha Campbell Dyan Cannon Patricia Cardoso Alexandra Cassavetes Zoe Cassavetes Ilene Chaiken Brenda Chapman Joan Chen Margaret Cho La Chocha Lisa Cholodenko Joyce Chopra Shirley Clarke Marya Cohn Martha Coolidge Sofia Coppola Julia Crawford Ivers Julie Dash Dorothy Davenport Tamra Davis Maya Deren Illeana Douglas Nancy Dowd Ray Eames Alison Eastwood Nora Ephron Valerie Faris Vera Farmiga Sally Field Kim Fields Shannon Fife Anne Fletcher Nina Foch Jodie Foster Yvette Freeman Lee Friedlander Soleil Moon Frye Liz Garbus Lee Garlington Gene Gauntier Ellen Gerstein Greta Gerwig Sara Gilbert Lesli Linka Glatter Holly Goldberg Sloan Lyn Goldfarb Anne Goursaud Marita Grabiak Lee Grant Susannah Grant Linda Gray Lauren Greenfield Randa Haines Barbara Hammer Brenda Hampton Shari Hamrick Catherine Hardwicke Jackée Harry Heather Hemmens Anne Heche Amy Heckerling Alexandra Hedison Katherine Helmond Tamar Simon Hoffs Alita Holl Bryce Dallas Howard Faith Hubley Bonnie Hunt Courtney Hunt Kate Jackson Katie Jacobs Patty Jenkins Tamara Jenkins Miranda July Toni Kalem Kimberly Kane Deborah Kaplan Janice Karman Nicole Kassell Diane Keaton Jill Kelly Mimi Kennedy Joanna Kerns Maryam Keshavarz Callie Khouri Laura Kightlinger Sally Kirkland Barbara Kopple Vivian Kubrick Karyn Kusama Christine Lahti Mary Lambert Brianne Leary Mimi Leder Amy Lippman Elisabeth Löchen Barbara Loden Julia Loktev Ida Lupino Dorothy Lyman Jennifer Lynch Camryn Manheim Ami Canaan Mann Harriet Marin Brit Marling Penny Marshall Tonie Marshall Kellie Martin Mary Stuart Masterson Elaine May Melanie Mayron Gates McFadden Danica McKellar Julie Meadows Nancy Meyers Lauren Miller Mary Tyler Moore Misty Mundae Mira Nair Mabel Normand Jehane Noujaim Kelly Overton Vanessa Parise Ida May Park Leellen Patchen Nia Peeples Rosie Perez Donna Pescow Kristine Peterson Lori Petty Kimberly Peirce Suzan Pitt Mary Kay Place Natalie Portman Carrie Preston Gina Prince-Bythewood Deborah Raffin Suze Randall Connie Rasinski Kelly Reichardt Lynn Reynolds Shonda Rhimes Patricia Richardson Angela Robinson Fatima Robinson Gaylen Ross Jeannine Roussel Arlene Sanford Nell Scovell Susan Seidelman Susan Shadburne Talia Shire Marisa Silver Kari Skogland Penelope Spheeris Emily Squires Maureen Stapleton Stella Stevens Ruth Stonehouse Jackie Strano Barbra Streisand Deborah Sundahl Rachel Talalay Catherine Tatge Julie Taymor Gabriela David Lucía Puenzo Lucrecia Martel Gillian Armstrong Rachel Griffiths Julia Leigh Lian Lunson Radha Mitchell Barbara Albert Margret Dünser Andrea Maria Dusl Jessica Hausner Leontine Sagan Chantal Akerman Yaël André Lydia Chagoll Vero Cratzborn Anne-Marie Étienne Marion Hänsel Eva Houdova Mary Jimenez Yasmine Kassari Hélène Lapiower Annik Leroy Guionne Leroy Anne Lévy-Morelle Marie Mandy Isabelle Martin Marie-Hélène Massin Nadine Monfils Yolande Moreau Marie-Pascale Osterrieth Marie-Françoise Plissart Caroline Strubbe Chris Vander Stappen Ana Carolina Iara Lee Alison Snowden Tracey Ullman Tracy R. 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Ces noms sont à imprimer sur un foulard et à offrir à monsieur Frémaux  qui ne répond pas à une politique de quota, hein, mais ne quote que les hommes parce qu'ils sont tellement supérieurs PAR HASARD (ou par nature ?), afin qu'il puisse la prochaine fois se bander les yeux avec quand il s'agira de sélectionner en toute "impartialité" antisexiste un film ayant le droit de concourir pour la palme d'or du festival de Cannes.

Ma sélection perso pour ce billet : deux films féminins que je trouve géniaux et que je recommande à tous celleux qui ne les auraient pas encore vus :
LA CHAMELLE QUI PLEURE
L'histoire du chameau qui pleure von onadarkdeserthighway film de Byambasuren Davaa LA DERNIERE PISTE
film de kelly reichardt

  
Des films qui font méditer. 
Les machos n'aiment pas méditer.

Ajout du 17 mai : article à lire  pour les anglophones : about women and hollywood 

mardi 15 mai 2012

Le festival de la norme mâle

En exclusivité sur ce blog : les titres des films de la sélection SUPER ORIGINALE du festival de Can'ar(t ?)s (coin coin) 2012, un festival avec 0 % d'emmerderesse dedans :

Moonrise Kingdom : un couple disparaît mystérieusement... qu'est-il devenu ? Le suspens est terrrrrible !

De rouille et d'os :  Stéphanie, trop bêêlllllle mais estropiée !!!! Fera t-elle quand même bander les mecs ?

Après la bataille :  une Révolution de mecs pour des mecs...(whose else ?)

Reality  : la réalité c'est un truc de mec que les femmes se le disent une fois pour toute.

Paradis : Amour: seuls les mecs  savent en parler (who else?)

Des hommes sans loi : ENCORE  un film sur la Prohibition (what else?)

Au delà des collines : ...l'herbe est plus verte et les mecs sont moins des pédales.

Amour : seuls les mecs  savent en parler (voir plus haut)

La chasse : n'est pas un truc de gonzesses !!!

Vous n'avez encore rien vu : plein les mirettes pour quelques ronds, les filles !

Like Someone in Love : un vieil universitaire très érudit rencontre une jeune (et bêêllllle est-il besoin de le préciser?) étudiante (mais nettement plus bécasse que le crâne d'oeuf mâle), qui doit vendre ses charmes pour payer ses études... (what else?) alors que le vieux a des ronds et envie de chair fraîche, hein...alors : imaginez la suite, je relève les copies dans une minute. Un film 100% chromosomes XY

Dans un autre pays : ...l'herbe est plus verte et les mecs sont plus mecs...

Cogan : La Mort en douce : Brad Pitt (who else?) est engagé par un gangster (who else) pour enquêter sur un hold-up (what else?) ayant eu lieu au cours d'une partie de poker...(what else?)

La Part des anges : est réservée à ceux qui ne sont pas des gonzesses

Sur la route :  c'est pas un endroit pour les gonzesses

Holy Motors :  vroum vroum ! (what else?)

The Paperboy : La Papergirl n'a qu'à rester à la maison.

Post Tenebras Lux  :  après qu'un mec quelconque ce soit trouvé dans les ténèbres, il a vu de la lumière ou l'inverse. Tout est dans le "Tenebras" (what else?)...et dans le " lux" (what else?)

Cosmopolis :  une histoire où le président des États-Unis (un superlatif de mec) est en visite à Manhattan (un superlatif de ville de mecs) (what else?)

Dans la brume : pas "Quai des brumes" mais on n'y voit pas très clair non plus.
Un film brumeux comme un vrai mec.

Mud : un ado (mec tendre mais fort) aide un "vieux" fugitif (mec dur mais fragile) à échapper aux forces de l’ordre (des mecs) et aux chasseurs de prime (pas des pédales non plus) (who else?)

 

Des hors-la-loi, des gangsters, des chasseurs de primes, des flics, des motards, des mecs qui en ont dans le crâne, des présidents des État-Unis, des joueurs de poker, des prisonniers en cavale, des chasseurs de ce que l'on veut pourvu qu'ils chassent, des explorateurs de préférence armés, des guerriers et des révolutionnaires mâles, voilà ce que, entre autres modèles de virilité, veulent voir les sélectionnEURS mesdames !
Sur le plan féminin : des BELLES filles de préférence prostituées mais ce n'est pas obligatoire pourvu qu'elles ne rechignent pas devant les scènes de sexe.

Alors les réalisatrices ? Qu'est ce que vous livrez donc comme daube à ces vrais mecs de sélectionnEURS ? Vous croyez vraiment vous faire sélectionner avec des petites filles qui se déguisent en garcon (Tomboy) pour rigoler avec la seule fille du HLM ? Vous allez où, là ?

lundi 14 mai 2012

Ic-bobône travaille encore !

Pour toutes celles et ceux qui se posent des questions sur la/les religion(s), une réponse très intéressante d'un certain Abdennour Bidar sur le site de Rfi, dans l'émission du dimanche matin "Religions du monde" ici. Je suis assez d'accord avec lui. Je regrette juste qu'il ne sache dire "homme et femme" au lieu d'"homme" tout seul dans son discours.


A part ça j'ai forgé le terme ic-bobône sur les mots "icône" et "bobonne". Les icônes comme Marilyn Monroe étant moins célébré pour leur talent personnel que pour le talent qu'ont eu ceux qui l'ont fait travailler d'en faire un modèle du fantasme masculin qui fasse l'unanimité et du coup le plus copié.

Car que ce soit pour le théâtre, pour le cinéma ou pour toute forme d'expression artistique, les femmes sont là pour le décor, se faire malaxer les seins ou poser nue.

Première polémique cannoise sur la place des femmes
afp.com/Franck Fife

Au festival de Cannes cette année, pas une seule vivante mais une morte est donc à l'honneur. Non pas comme réalisatrice, vous rigolez ! Elle sert seulement à souffler la bougie. Même morte cette ic-bobône continue à travailler pour la gloire de ces messieurs qui n'en ont jamais assez pour eux-seuls.

Alors pas étonnant que l'on ne connaisse aucune grande créatrice dans aucune forme d'art que ce soit.


Regardez ces mâles comme ils trouvent norme-mâle d'être sur la photo avec leur ic-bobônne comme décor  ! C'est beau le sexisme ! Ils n'ont même pas honte.



Alors chez moi vous pouvez voir une cinéaste vivante : la réalisatrice espagnole

Icíar Bollaín 

avec un portrait d'Isabelle de Castille sous le bras et à sa gauche l'un des acteurs principales de son film También la lluvia, film qui a remporté 3 prix et 9 nominations.

vendredi 11 mai 2012

Nostradamus, l'éthologie, la botanique et les hiéroglyphes

 À propos d'Égypte, notre devin national de réputation universelle, Nostradamus fut médecin et herboriste (l'un n'allait pas trop sans l'autre) ainsi qu'éthologue à en croire les vers ci-dessous en introduction à son ouvrage sur les hiéroglyphes, intitulé "Orus Apollo" du nom du grec Horapollon (2e moitié du Ve s.) dont il entreprit de traduire l'oeuvre découverte au XVe siècle ce qui prouve qu'il était aussi traducteur.
Cette traduction Nostradamus la dédicaça à la fille de Marguerite de Navarre.
Il y cite un certain nombre de plantes anti-inflammatoires comme le céleri, le laurier, la laitue, le lierre, la verveine, l'oignon, l'avoine, le callistriche et la marjolaine dont les oiseaux feraient couramment usage et que je recommande personnellement à celles ou ceux qui souffrent d'inflammations peu importe leur origine. 
            (...)
            Prêt l’origan* qu’au moyen de telle plante
            Reçois santé et d’elle se contente
            Et la cigogne son nid par feuilles de saule
           
            Du frondeux* plané de la souris-chauve
            Les hirondelles dans leur nid mettent l’ache*
            Pour que les hardes* blessures ne leur lâche,
            Et la palombe ou le pigeon ramier
            Dedans son nid vient mettre le laurier
            Et l’hoberau* de rapine volage
            Dans son nid met la laitue sauvage,
            L’harpe* met lierre pour ses petits défendre 
            Et le corbeau laine caste* fait tendre
            Et la huppe y met la pierre d’amiante
           
            Et vient manger quelque fois l’advente*
            Et la corneille la verveine sucrée
            Souvent manger, et graminée l’alouette
            Et le nid fait de telle herbe on l’applique
            Comme vertu suprême à la colique;
            D’autres grands cas qu’à mettre ne daignons
            La perdrix même du roseau* de l’oignon,
            La grive au meurtre, l’héron à l’écrevisse
            Au callistrichon* l’aigle s’en fait service;
            D’autres grands cas que nature sagace
        
            Par ceux d’Égypte verrons en pleine face,
            Dieu et son monde, son ciel, le lieu terrestre,
            Bêtes sauvages et privées ont voit être
            Et plusieurs autres cas assez merveilleux,
            Mer, champs, forêt et lieux délicieux .

           (...)
Origan = marjolaine, frondeux =attaquant, ache = céleri, hardes = dures, hobereau = faucon, harpe = aigle, caste = maison (recouvre sa maison), advente = avoine, roseau = tige, callistrichon = callistriche (plante aquatique comestible).

Pourquoi ces vers (dont je n'ai extrait qu'une partie) se trouvent-ils en prologue à l'interprétation des hiéroglyphes ? Sans doute du fait du grand nombre de représentations animalières dans la pictographie égyptienne. L'ouvrage lui-même consiste en sortes de fables ou "anaglyphes" (d'après Champollion qui réussira, lui, à en donner la véritable signification) associées un à un à un signe hiéroglyphique dont Horapollon est l'auteur. Pour exemple, l'une de ces interprétations de signe :

édition J.Kerver, 1543   
(Quand ils [les égyptiens] voulaient signifier toute défense, sûreté et préservation, ils peignaient deux têtes. L'une d'homme regardant par dedans et l'autre de femme regardant par dehors. Ils disaient qu'en cette manière le mauvais esprit n'a puissance d'assaillir aucun pour ce que sans lettre [illettrés] ils se gardent par [on peut les protéger au moyen de] deux têtes). 

Intéressant de voir une femme associé à l'idée du dehors et l'homme à l'idée du dedans


A part ça et pour faire un  lien avec le billet précédent d'après Horapollon, quand les égyptiens voulaient "signifier" le Tout-Puissant (le Dominateur Suprême), ils représentaient un serpent.
Ah bon! Mais alors Eve et son serpent ? Serpent et "Dieu" n'est-ce pas le même" être" ?
En tout cas, il n'était pas encore question d'Allah à l'époque.


Pour connaître toutes les interprétations d'Horapollon : allez ici. Dépaysement garanti !

jeudi 10 mai 2012

Le Dominateur Suprême

L'un des 99 noms d'Allah est Al Qahhar. Que signifie ce nom ?

qahhar 
القهار
Al-Qahhār :
 
Le Dominateur Supême, le Conquérant. Celui Qui est tout puissant à soumettre toute créature à la mort. Celui qui l'emporte sur toute la création. Celui qui n'a aucun obstacle. Celui qui est impérieux et victorieux sur toute opposition. Celui dont la volonté est irrépressible et irrésistible. Celui qui est dominant sur tout, Le Maître de tout.

Racine étymologique du nom Al Qahhar:

De la racine q-h-r le nom Al Qahhar a pour connotation:
- le fait de surmonter, de conquérir
- le fait de vaincre, maîtriser parfaitement
- le fait de dominer, de l'emporter sur
- le fait de soumettre, de subjuguer,
- le fait de contraindre

Pourquoi Celui ?

Qu'il y ait dans l'univers une force qui nous dépasse, nul ne peut le contester. Mais pourquoi aurait-elle des testicules ? C'est un non-sens.
Pourquoi cette Force (que je peux aussi bien mettre au féminin) doit elle obligatoirement porter des testicules ? J'insiste sur cette question. "Allah" (si on veut l'appeler comme ça) n'est-il/elle pas plutôt asexuée ou pansexuée ?

Une Force peut-elle d'ailleurs avoir un sexe ?  N'est-ce pas absurde de la définir comme mâle ou femelle ?


D'ailleurs une Force peut-elle seulement appartenir à une espèce vivante detérminée ?


Dans la nature, bien des êtres nous dominent desquels nous sommes complètement dépendants. Il est donc extrêmement présomptueux de nommer Dominateur Suprême un primate de sexe mâle et de chromosome XY avec une barbe et un turban sur la tête (ou sans turban comme "Dieu"). Car si un "être" terrestre mérite bien le qualificatif de Dominateur Suprême c'est, et de loin, l'arbre.


L'arbre nous domine suprêmement. S'il disparaît nous ne lui survivrons pas puisque nous n'en sommes qu'un parasite.

Si un arbre peut être qualifier de Dominateur Suprême c'est même plus précisemment l'if (taxus en latin, takhch en arabe, en allemand Eibe (nom féminin)) qui vit plusieurs millénaires et symbolise l'immortalité.


Quant à désigner un être céleste, celui (qui dans d'autres cultures s'appelle celle) sans laquelle nous ne pouvons survivre, c'est (le/la) Soleil.

Voilà déjà deux "Force" qui nous dépassent largement.  Et qui n'ont pas de sexe. Allah n'est pourtant aucune d'entre elles. Curieux non ?
 
Il faut vraiment arrêter avec le misérable singe nu et dépendant élevé au titre de roi de l'univers après s'être enveloppé dans un tissu blanc et avoir posé son fondement sur un siège à quatre pattes figurant des lions, des aigles ou je ne sais quoi qui lui donne une allure de "fort" !


Alia Ehmahdy qui avait publié sur son blog une photo d'elle dénudée, pour revendiquer la liberté des femmes et protester contre le voile et l'intégrisme a montré qu'elle était une guenon nue normale comme les autres et que son sexe n'avait aucune sorte d'importance. Que le sexe ne détermine pas le droit ou non à la liberté. Que nous ne sommes que des primates sans poil (ou presque).
Pas de quoi s'élever sur un trône et de faire le cinéma religieux que nous subissons en permanence. 

Près de cinq mois après ce que les musulmans intégristes ont appelé un "scandale", une Iranienne lui rend hommage, soutenue par des militant.e.s féministes (parmi lesquelles l'Ukrainienne Alena Magela, du groupe FEMEN*) militant.e.s (il y a aussi des hommes) qui se dénudent pour l'occasion, dans un calendrier.

Pour Maryam Namazie, l'objectif est de se joindre "aux cris d'Alia Ehmahdy contre une société violente, raciste, sexiste et hypocrite (...) Se mettre nue brise les tabous, c'est une forme importante de résistance."

 (Ill. : Alia Ehmahdy sautant de joie)

Et en France ? Personnellement je suis bien contente que FEMEN soit venue manifester devant la porte d'un certain "Dominateur Suprême".... qui pour certaines a plutôt évoqué un chimpanzé en rut.


* À l'automne 2010, des membres de FEMEN se sont dénudées devant l'ambassade d'Iran pour exprimer leur solidarité avec Sakineh Mohammadi Ashtiani, Iranienne accusée d'adultère à Téhéran et condamnée à la lapidation 

mardi 8 mai 2012

Le harcèlement sexuel comme divertissement

Toujours à propos de théâtre, on m'a demandé dernièrement pourquoi je ne faisais pas plutôt du théâtre au lieu de traîner dans la figuration cinématographique.

Je ne me souvenais plus de la raison pour laquelle je m'étais détournée du théâtre mais invitée dernièrement à une pré-première réservée aux journalistes grâce à une copine journaliste, j'ai assisté à la représentation de deux pièces en hommage à Harold Pinter au Jüdisches Theater (théâtre juif de Berlin) et cela m'est revenu.
Au cours des deux pièces qui se sont jouées là (La Célébration - La Chambre) les deux comédiennes toutes les deux à un moment donné et dans les deux pièces se font malaxer les seins par le partenaire qui leur donne la réplique.
J'avais oublié que ce qui me maintenait loin du théâtre à la mode d'aujourd'hui c'était que du fait de la concurrence avec le cinéma le graveleux visuel est devenu un must au théâtre et au dépend des femmes, bien sûr, car les femmes sont à nouveau les imbéciles de service, ce sont elles qui se font peloter sur scène tandis que l'on ne voit aucune homme se faire tâter les bijoux de famille en public. Là aussi, comme on voit, l'égalité de traitement règne et comme le harcèlement sexuel est directement inscrit dans le scénario, impossible de se plaindre.

(Dans La Célébration, un couple parle de leur premier échange de baiser. Elle, a un souvenir romantique de l'événement, lui, se rappelle de l'avoir approchée par derrière et de lui avoir pris les seins (il joint donc le geste à la parole). Dans La Chambre, le propriétaire harcèle sexuellement une locataire en l'absence de son mari (le pelotage de seins est donc de rigueur)).    

(Ill. : la pause déjeûner des figurantes)

jeudi 3 mai 2012

Dramaturgeresses et tragédiennes

Pour en revenir au théâtre, on remarquera que le grand public ne connaît guère de dramaturges féminines ou tragédiennes.
J'ai parlé de Yasmina Reza dans un précédent billet mais finalement peu la connaisse.
Dans le dernier Ex-Berliner (journal des expatrié.e.s anglophones vivant à Berlin) la dramaturgeressse berlinoise d'origine hessane Franziska Werner se plaint du fait que les femmes se meuvent toutes sur la scène du théâtre indépendant du fait que les hommes accaparent le domaine théâtrale officiel au grand complet à eux tous seuls.
Shermin Langhoff, une autre dramaturgeresse berlinoise d'origine turque qui est un peu plus influente pour avoir produit le premier film de Fatih Akin qui a rendu célèbre ce cinéaste, s'est fait une petite place à Kreuzberg dans le milieu du théâtre multiculti, ce qui n'est pas non plus LE théâtre national avec un grand TN.

Ce ne sont pourtant pas les premières femmes qui écrivent des pièces et qui tentent de les montrer au public.

Mme de Staël, pour ne citer qu'elle, en écrivit.

Olympe de Gouges en écrivit trois : L’Esclavage des Noirs (qui est consignée à l'Académie Française sous le titre nettement moins explicite de Zamore et Mirza, ou l’heureux naufrage) ; Le Couvent ; La Nécessité du divorce.

Sa pièce sur l'esclavage fut jouée trois fois en tout avant d'être censurée apprend t-on de Catel et Bocquet qui viennent de sortir une BD sur O. de G.

Eliane Viennot a publié une anthologie en 5 volumes sur le théâtre des femmes de l'Ancien Régime.

Le premier volume traite des femmes du XVIe siècle. Je me cantonnerai à celui-là :

la première dramaturgeresse connue est donc Marguerite de Navarre qui écrivit 8 pièces : L'Inquisiteur ; Le malade ; Trop, prou, peu, moins ; La Coche ou Comédie des Quatre Femmes ; Comédie des Parfaits amants ; Comédie de Mont-de-Marsan ; Comédie de la Nativité de Jésus-Christ ; Comédie du Désert.

Louise Labé écrivit le Débat de Folie et d'Amour.

Catherine des Roches : Tobie ; Bergerie ; Placide et Sévère ; Iris et Pasithée.

La toute première pièce féminine connue est "L'Inquisiteur" de Marguerite de Navarre. Tout un programme.
Extrait :

[SCÈNE I
L’INQUISITEUR.]

L’INQUISITEUR commence.
Le temps s’en va toujours en empirant ;
L’on ne fait plus de religion compte.
Notre crédit, dont je vais soupirant,
Se pourrait bien enfin tourner à honte.
Ce savoir neuf, qui le nôtre surmonte,
Nous ôtera enfin honneur et bruit,
Dont tous les jours faut qu’en chaire je monte
Jusques à ce que par moi soit détruit.
Si je n’avais qu’aux ignorants affaire,
Je les ferais retourner par la crainte.
Mais je ne puis les savants faire taire,
Qui mieux que moi ont l’Écriture sainte ;
Car contenter je ne les puis de feinte.
Toujours leur faut alléguer l’Écriture,
Dont ils me font soutenir peine mainte ;
Car je n’en fais jamais bonne lecture.
Grand temps y a que suis passé docteur
Dedans Paris, par ceux de la Sorbonne.
Quatre ans y a que suis inquisiteur
De notre foi, sans épargner personne.
Je ne dis pas que, si quelqu’un me donne
Un bon présent pour racheter sa vie
(Mais que jamais à nul mot ne sonne),
Qu’à le sauver promptement n’aie envie.
Mais à un sot, il se laisse mourir
Par un témoin que lors je lui suscite,
Et ne se veut par argent secourir,
Comme raison à ce faire l’incite.
Bien que de mort ne voie nul mérite,
Il passera par le feu toutefois.
Et, si un peu mon cerveau il irrite,
Brûler tout vif pas grand compte n’en fais.
Car, il vaut mieux qu’un homme innocent meure
Cruellement, pour être exemple à tous,
Que cette erreur plus longuement demeure,
Par qui nos lois vont sens dessus dessous.
Si l’homme meurt innocent, simple et doux,
Bienheureux est : au Ciel trouvera place.
S’il est mauvais, soutenir, pouvons-nous,
Qu’en le faisant mourir, on lui fait grâce.
Bons et mauvais, la chose est claire et ample,
J’envoie au feu, quand me sont présentés ;
Je n’ai regard seulement qu’à l’exemple
Et ne me chaut de tous les tourmenter
Assez de gens se sont mal contentés
De ma rigueur, mais je n’en fais que rire.
Je n’ai nul soin, fors que bien augmentés
Soient de par moi les moyens de martyre.
Si quelque ami de ma façon cruelle,
Par charité, pense de m’avertir,
Je lui réponds : « Las, ami, c’est le zèle
Que j’ai de faire hors du pays sortir
Ceux qui peuvent le peuple divertir
D’être sujets de notre sainte Église ! »
Le noir en blanc ainsi sais convertir ;
Car ma fureur en zèle je déguise.
De tous leurs dits ne me chaut pas d’un double :
Je n’ai regard qu’aux biens que je reçois.
Ce m’est tout un qui s’en courrouce ou trouble,
J’impugne ceux qui soutiennent la foi.
De la bonne oeuvr’, j’en parle bien ! Mais quoi ?
Je n’en veux point la peine et l’exercice.
Foi ne me plaît, et ne sais que je crois,
Et quitter puis de bonne heure l’office.
Tout mon cas gît à faire bonne mine.
Rien-ne-vaut suis, et contrefais le bon.
Mais il n’y a créature si fine,
S[i]’elle ne sait m’apaiser d’un bon don,
Que ne lui fasse ou bien porter bourdon
En quelque long et pénible voyage,
Ou demander en chemise pardon,
Ou bien mourir par le feu ou en cage.
Mais ces propos troublent tant mon cerveau
Qu’il me convient, pour fournir à la peine,
Aller dehors, puisque le temps est beau ;
Car je n’y fus encore de semaine.
À cette fin que mieux je me promène,
Çà, mes souliers ! Ôtez-moi ces pantoufles !
Contre le froid, je trouve chose saine
 D’avoir des gants. Donnez-moi donc des moufles !


[SCÈNE II

LE VALET, L’INQUISITEUR.]

LE VALET
Où voulez-vous aller, mon maître,
En ce temps qui est si d’hiver ?

L’INQUISITEUR
Je ne saurais plus ici être.

LE VALET
Il a l’esprit de travers :
Les prés sont de neiges couverts,
Et ne s’en peut l’on retirer.

L’INQUISITEUR
Je vais voir s’il y a des vers
En quelque nez, pour les tirer.
Il fait froid ?

LE VALET
Non fait, ce me semble.

L’INQUISITEUR
À quoi le connais-tu, valet ?

LE VALET
Pource que je vois là ensemble
Des enfants jouer au palet.

L’INQUISITEUR
Voilà la raison d’un follet :
Quand l’enfant joue par nature
À la neige ou au châtelet,
Dire qu’il n a point de froidure.

LE VALET
Mon maître, point ne me blâmez.
Voyez les enfants en ce jeu :
Ils sont rouges et enflammés
Comme ceux qui sont près du feu.
Ou ils n’ont nul froid en ce lieu
Comme celui que vous sentez,
Ou ils sont mieux gardés de Dieu
Que vous, qui tant vous tourmentez.

L’INQUISITEUR, le frappant.
Quel fol voici ! Te tairas-tu ?
T’appartient-il d’ainsi parler ?

LE VALET
Mon maître, vous m’avez battu.
Adieu donc ; je m’en veux aller !

L’INQUISITEUR
Non feras ! Car trop bien celer
 Tu sais mon affaire secret.

LE VALET
Cessez doncques de m’appeler
Ainsi fol, puisque suis discret.


Admirons le rendu de la violence et du cynisme de l'inquisiteur. Les pièces de Marguerite de Navarre sont très moliéresques or elle est née 130 ans avant Molière. Pourtant personne, vraiment personne, ne connaît son oeuvre théâtrale !


Enluminure : Marguerite de Navarre offrant sa Comédie des Quatre femmes à la duchesse d'Étampes. (Détail curieux : le bichon maltais de Marguerite de Navarre a été mystérieusement découpé de l'image).