mardi 11 janvier 2011

Enfance de Catherine "la Maudite"


Dans la République de Florence, le pouvoir appartenait à quelques familles aristocratiques mercantiles dont ne faisaient pas partie les Médicis ("de" Médicis n'est pas une particule nobiliaire, il signifie "faisant partie des" (des médecins-apothicaires (les "Medici'")).
Les Médicis prirent le pouvoir en s'appuyant sur le peuple et furent les maîtres de la ville pendant un demi-siècle.
De par leur commerce qui couvrait toute l'Europe, ils étaient richissimes et prêtaient aux rois et aux princes.

Louis XI jaugea le pouvoir des grands manieurs d'argent et autorisa les Médicis à ajouter des fleurs de lys à leur blason (orné de pilules), pour avoir coupé les vivres à Charles le Témeraire.

Après des guerres, des troubles et des régimes intermédiaires (sur lesquels je passe) et pendant lesquels les Médicis furent chassés de Florence, ils y revinrent à peu près au moment où l'un d'entre eux devint pape (Léon X). Ce pape placa son neveu (ou fils) Laurent comme chef de la République de Florence.
Francois Ier, afin d'avoir le soutien du souverain pontife pour l'élection au titre d'empereur romain, donna à ce "neveu" Madeleine de la Tour d'Auvergne en mariage. L'homme qu'épousait Madeleine était en fait, vieux, laid, mal remis d'une arquebusade à la tête, atteint d'une "grosse vérole" et tuberculeux, mais la cérémonie du mariage fut on ne peut plus belle.
En l'espace de quelque mois, l'état du mari empira. Madeleine, elle, accoucha d'une fille et mourut un peu plus tard de la fièvre puerpérale. Âgée de trois semaines, Catherine était orpheline.
De ce mariage dont Francois Ier espérait l'investiture d'empereur qui échut finalement à Charles Quint, il n'eut rien que les deux Raphael exposés actuellement au Louvre (cadeau de mariage de Léon X).
Catherine était un parti intéressant et on se disputa pour l'élever. Finalement ce sont des tantes qui s'en chargèrent.
Un nouveau Médicis fut élu pape sous le nom de Clément VII. Celui-ci voulut s'allier avec Francois Ier pour limiter le pouvoir des Habsbourg. Il en résulta le sac de Rome par Charles Quint. À Florence, la nouvelle de ce sac redonna espoir aux ennemis des Médicis qui s'emparèrent du pouvoir et décidèrent de garder Catherine en otage. On l'installa chez les bénédictines. Le pape allié cette fois à Charles Quint décida de renverser les nouveaux dirigeants. En octobre 1529, les troupes impériales et pontificales investirent Florence.
Dans Florence assiégée la haine des Médicis éclata plus fort que jamais. On proposa de livrer Catherine (11 ans) à la prostitution ou de l'exposer nue sur les remparts aux boulets de canon du pape. Les avis étant partagés, on décida finalement, en attendant de se mettre pleinement d'accord, de la transférer dans un couvent mieux protégé des coups de main.
Lorsqu'un émissaire vint la chercher, elle se crut condamnée à mort ou pire. Elle se fit couper les cheveux et revêtit un habit de nonne, dans l'espoir qu'on reculerait devant un sacrilège et elle se préparait à vendre cher sa peau. Mais le chancelier Aldobrani la rassura : Florence se rendait.

Catherine n'oublia rien, ni les menaces, ni les insultes, ni la peur, ni non plus - et c'est tout à son honneur - les services rendus. Elle sauva la vie au chancelier qui avait eu si pitié de son angoisse.

Plus tard, le pape la maria avec le fils cadet du roi de France, Henri de Valois. Elle servait de sceau à une alliance entre Clément VII et Francois Ier. Mais, coup de théâtre, le dauphin (grand frère de Henri) mourut. La roturière italienne fut promue dauphine de France. Et dans le cercle très fermé des familles régnantes, jamais on ne lui pardonna ses origines.




(Résumé d'un extrait de "Les reines de France au temps des Valois" par Simone Bertière).

7 commentaires:

  1. Toujours aussi intéressant Euterpe, merci.
    Dis-moi, ton beau dessin - tu sais que je les aime beaucoup -, tu l'as réalisé à partir de quel(s) modèle(s)?
    A bientôt, bonne fin de semaine.

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  2. Instructive l'information sur le nom des Médicis ! Et chouette le croquis comme d'habitude.

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  3. A Colo : ben disons : une petite fille qui a peur des "méchantes sorcières" (elle dit) et à qui je m'use à expliquer qu'elles n'existent pas ! Bonne fin de semaine à toi aussi :)

    A Hypathie : merci. Je voulais aussi raconter ce que la reine décrite comme "sans coeur" (voir le billet précédent) dans un livre scolaire destiné aux enfants a d'abord la première expérimenté comme "sanscoeurisme" de la part des autres si on va par là !

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  4. Ouf! j'ai vérifié: il ne s'agit pas de Laurent le Magnifique que j'aime bien, moins toutefois que son père Cosme... C'était des Médicis mécènes, amoureux des peintres et aussi des jardins; mais le père de Catherine de Médicis ne semblait pas aussi "éclairé"!

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  5. A claire felloni : oui j'aurais du précisé qu'il s'agissait de Laurent II de Médicis ! Sans rapport avec Laurent le Magnifique, bien sûr.

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  6. Du coup j'ai été lire ce qu'était une 'fièvre puerpérale' (sur wikipedia) ... ce qui en dit long sur le pouvoir médical tout puissant au fil du temps, ça fait peur :o( "Dans l'accouchement traditionnel, tel qu'il s'est pratiqué pendant des siècles (naissance à la maison et prise en charge par des sages-femmes), la fièvre puerpérale était relativement rare. C'est seulement lorsqu'on a fondé dans les grandes villes européennes des cliniques d'accouchement (par exemple l'Hôtel-Dieu de Paris au XVIIe siècle) et que les accouchements furent pratiqués par des médecins, que la fièvre puerpérale devint une complication fréquente et redoutée. C'est avant tout parce que les médecins étaient en contact avec d'autres malades et des cadavres et qu'on ignorait la nécessité d'une désinfection efficace : ils transportaient donc sur leurs mains et sur leurs instruments des germes qui pénétraient dans les voies génitales des femmes. Dans certains établissements il arrivait parfois que les deux tiers des femmes en couches mourussent de cette infection.

    C'est le médecin anglais Thomas Willis qui au XVIIe siècle donna son nom à la fièvre puerpérale[1].

    En 1795, Alexander Gordon d'Aberdeen suggéra que les fièvres étaient le résultat de processus infectieux, et il était capable de les guérir, mais il se heurta à l'incompréhension de ses confrères...'

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  7. A Emelire : oui, c'est ce que j'ai essayé de souligner à propos des persécutions de sorcières. Il s'agissait souvent de sages-femmes. L'accouchement restait la chasse gardée des femmes et les hommes (les religieux précisement) ont tout fait pour l'accaparer puisque l'Église veut être sur tous les fronts et ne laisser aucun pouvoir aux femmes même pas sur leur propre corps. Conséquences : souffrances et mortes à la pelle.

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