vendredi 20 septembre 2013

ÉCRIT SUR LA POITRINE

Je vais m'absenter pour quelques jours et poursuivrai donc cette série ultérieurement. Il y a eu tellement de suffragettes ! Et , parmi elles, tant et tant de femmes remarquables ! J'en ai encore bien d'autres à présenter ici.
En attendant mon retour au début du mois d'octobre, je vous laisse avec ce film qui aborde le sujet du traitement des suffragettes par le cinéma muet. Il est toujours intéressant de voir ce que la culture patriarcale fait de nos luttes et à quelle sauce elle les cuisine puis les ressert, ridiculisées et vidées de leur substance.En général, cela ne se passe pas après mais pendant (ces films muets sont contemporains du mouvement).
Néanmoins, il faut lire entre les lignes et regarder les images sans le son (ou l'inverse ; c'est une exercice auquel j'ai commencé à me prêter quand j'avais vingt ans et qui est très efficace pour repérer les méthodes manipulatives).
Je recommande donc de ne pas se préoccuper des commentaires en anglais (mais là pour d'autres raisons (sans rapport avec une histoire de manipulation)) et de ne se concentrer que sur les images (en se rappelant que les suffragettes réelles n'avaient rien à voir avec ces singeries du cinéma expressionniste). À partir de la 1.59 mn, on voit, dans un extrait de film muet d'époque, une suffragette se mêler à la bonne société, avec sa bannière "vote for women" en bandoulière sur sa poitrine, comme la portait les suffragistes militantes de son temps. Mais là, elle est cachée sous un boa placé également en bandoulière sur son buste.

A plusieurs moments du film, elle soulève brusquement son boa et là : GROS PLAN SUR SA POITRINE : "vote for women", choc psychologique, drame, etc.
(la militante, cette folle irresponsable qui s'introduit dans les familles et en détruit l'harmonie rien qu'en montrant sa poitrine (cela ne vous rappelle rien ?)). Qu'ont donc retenu les hommes du message politique PENDANT qu'il était formulé ? La poitrine !
Là non plus le message prononcé avec la bouche n'est pas entendu, il faut le porter en lettres majuscules sur le corps à la hauteur de la poitrine.
Voilà qui nous ramène à une histoire très contemporaine! Intéressant de voir que nos activistes de rue arrivent pile cent ans plus tard ! Réincarnation ? (Je plaisante !).



 Ajout 21.9 à 17.44 : Contre les opposants à l'avortement (Les Pro-Vie avaient organisé une marche) : Femen Berlin, cet aprèm devant la chancellerie manifestait son opposition aux porteurs de croix :

Slogans : ABORT THE POPE, KEEP YOUR CROSS OUT OF MY CUNT, ICH HABE JESUS NICHT GEWOLLT (entre autres)

jeudi 19 septembre 2013

Kiity Marion, la médaillée des grévistes de la faim

Allemande aux cheveux roux, Katherina Schaffer (1971-1944) est née en Westphalie. Elle perdit sa mère à l'âge de deux ans et alla vivre chez une tante en Angleterre à partir de ses quinze ans. Elle y exerça le métier d'actrice de music-hall à Glasglow et Liverpool sous le nom de Kitty Marion avant de devenir (en 1908) une membre active du WSPU, section du Sussex. Elle connut aussi la prison de Holloway après avoir été reconnue coupable de jet de pierres dans les fenêtres d'un bureau de poste à Newcastle puis plus tard, avoir participé à la campagne d'incendies orchestrée par Christabel Pankhurst contre des gares, des installations sportives, la Levetleigh House, la tribune d’un champ de course et à plusieurs maisons à Liverpool et Manchester..


Elle subira à elle seule 200 séances de nourrissage forcé ! Elle finira par mettre le feu à sa cellule pour protester contre ce traitement.
Le WSPU lui décerna la médaille de la grève de la faim.
Avec d'autres suffragettes comme Emmeline Pethick-Lawrence, entre autres, elle envoya une lettre au Time destinée à se faire entendre du gouvernement : "Nous voulons vous faire savoir que nous continuerons la lutte dans nos cellules. En faisant la grève de la faim nous allons forcer le gouvernement à choisir entre quatre alternatives : soit nous relâcher ; soit nous infliger des violences corporelles ; soit faire des mortes parmi les championnes de notre cause en nous laissant mourir ; ou, et ce serait de loin la meilleure solution ainsi que l'alternative la plus sage : accorder le droit de vote aux femmes".

Lorsque la 1re GM éclate, du fait de ses origines allemandes, elle est emprisonnée dans un camp. Après la guerre,  elle émigre aux États-Unis où elle crée un journal prônant la contraception dite "contrôle des naissances" (en quelque sorte l'ancêtre de "Choisir", de Gisèle Halimi).

Elle vendait sa revue dans la rue à la criée, endurant des insultes, des agressions physiques, des menaces de mort et le harcèlement quotidien de la police qui considérait son journal comme de la "littérature obscène".

 
Elle sera arrêtée 9 fois pour avoir milité pour le contrôle des naissances.
Avec son amie, Margaret Sanger, elle ouvrira la première clinique de contrôle des naissances (à Brooklyn) qui sera très vite fermée par la police.
Son autobiographie est conservée dans un musée de Londres.

Pour les anglophones, elle est mentionnée dans ce dossier "contester le pouvoir" et ici une bio lui est consacrée.

lundi 16 septembre 2013

Lilian Lenton, une suffragiste dansante et brûlante, aimant les animaux



Lors d'une séance de nourrissage forcé dans la prison de Holloway, Lilian Lenton (1891-1972) faillit mourir d'une pleurésie après que de la substance alimentaire ingérée de force fut entrée dans ses poumons au lieu de son estomac.
Cette danseuse professionnelle avait abandonné son art pour rejoindre en 1912 les Suffragettes du WSPU et se fit alors particulièrement remarquer dans la lutte pour les droits civiques par sa pyromanie (c'était elle et Olive Wharry qui incendièrent le pavillon de thé du jardin botanique royal ci-dessous).

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À part cela, Lilian Lenton était végétarienne et militait également pour les droits des animaux.
Elle fit des rencontres de hasard dans des circonstances particulières.
Un jour où elle était en fuite dans le désert montagneux anglais du Lake District pour échapper à la police, elle rencontra l'auteur de "L'amant de lady Chatterley", D.H.Lawrence. Elle dira de lui : "il n'y a qu'un sujet qui l'intéresse, le sexe".

Après la révolution russe, elle voyagea en Russie. Là elle croisa par hasard la suffragiste Nina Boyle, première britannique nominée pour figurer sur la liste des élections à la chambre des Communes (d'Angleterre) tout de suite après les luttes des suffragettes.
Pendant la 1re guerre mondiale, Lilian s'occupera, entre autres, de la sauvegarde des enfants ce qui lui vaudra d'être décorée de l'ordre de la Croix rouge française pour dévouements multiples. Après la guerre, elle travailla à l'ambassade britannique de Stockholm comme porte-parole de la fondation pour la défense des droits des enfants. Plus tard, elle choisira de s'installer en Écosse pour apporter son aide à une organisation de protection des animaux.

Lilian Lenton resta célibataire jusqu'à sa mort.

samedi 14 septembre 2013

Sylvia Pankhurst, la mère du communisme britannique

Sylvia Pankhurst
Sylvia Pankhurst (1882-1960), autre fille d'Emmeline Pankhurst,  fut, de toutes les militantes pour le droit de vote des femmes, l'une de celles qui eurent à subir le plus de séances de nourrissage forcé durant le mouvement des grèves de la faim.

Au sein du WSPU, elle organisait la partie "visuelle" des marches et des manifestations, en dessinait les drapeaux, les pancartes, les bannières et les objets à vendre. Jusqu'à ce que sa soeur Christabel appelât le mouvement à la violence. À la suite de quoi, elle quitta le parti et en fondit un autre : la Fédération des Suffragettes de l'Est Londonien (ELFS), parti mixte et surtout regroupant les citoyens les plus pauvres, car Sylvia se montra plus intéressée à la cause proprement prolétarienne, puis internationale prolétarienne, qu'à la cause purement féministe. Cependant elle ne cautionna pas longtemps le mouvement bolchevik de Russie et critiqua ouvertement Lénine. Depuis, on considère qu'elle joua un rôle de premier plan dans la création d'un parti communiste en Grande-Bretagne.
Sylvia Pankhurst arrested
Internationaliste, antifasciste, antiraciste en plus d'être antisexiste, elle fera des tournées internationales aux États-Unis, en Scandinavie, en Europe centrale, entre autres,pour promouvoir, dans un premier temps (jusqu'à son obstention), le droit de vote des femmes. C'était une excellente oratrice doublée d'une artiste de talent. Ci-dessous, un dessin de Sylvia Pankhurst représentant une prisonnière dans une cellule de la prison de Holloway :
Sur ce site entièrement consacré à Sylvia Pankhurst, on trouve une galerie de ses oeuvres.

Après 1924, elle créa des comités pour secourir les victimes du fascisme et de l'antisémitisme, et leur assurer du travail. Elle se réengagea dans des activités féministes, mais loin de la cause ouvrière. Devenue la trésorière du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme, fondé à Paris en 1934, elle soutint l'empereur Hailé Sélassié à l'occasion de la guerre italo-éthiopienne, au nom de l'antifascisme et de la lutte des peuples de couleur. Elle lança en 1936 un hebdomadaire, New Times and Ethiopia News pour la défense du panafricanisme. 
Dans l'après-guerre elle se mit totalement au service de la cause éthiopienne. Invitée en 1956 par Hailé Sélassié à vivre en Ethiopie, elle s'installa à Addis-Abeba où elle mourut en 1960. Ses loyaux services lui valurent d'être enterrée dans la cathédrale et son nom fut donné à l'une des rues de la ville.

jeudi 12 septembre 2013

Marion Wallace Dunlop, la première gréviste de la faim

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Doctor: “What will you eat for dinner?”
Marion Wallace-Dunlop: “My determination.” July, 1909.

Marion Wallace-Dunlop (1864-1942) est la première gréviste de la faim de l'histoire du mouvement des suffragistes du WSPU d'Emmeline et Christabel Pankhurst.
Elle est arrêtée en juillet 1909 pour avoir jeter des pierres dans les fenêtres du 10 Downing Street. Elle décide de cette grève seule et contre l'avis des Pankhurst qui y sont opposées mais qui l'imiteront néanmoins plus tard. Christabel écrit :
"Miss Wallace Dunlop, taking counsel with no one and acting entirely on her own initiative, sent to the Home Secretary, Mr. Gladstone, as soon as she entered Holloway Prison, an application to be placed in the first division as befitted one charged with a political offence. She announced that she would eat no food until this right was conceded."
(Madame Wallace-Dunlop n'ayant pris conseil de personne et ayant entièrement agi de sa propre initiative, a envoyé au secrétaire de la chambre Mr. Gladstone, aussitôt qu'elle a été incarcérée à Holloway, une requête pour être placée dans la première division de la prison comme convenant à une femme de son rang poursuivie pour offense politique. Elle a annoncé qu'elle ne mangerait aucun aliment tant que ce droit ne lui serait pas concédé)    
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Elle tiendra 91 jours avant d'être libérée pour raisons de santé. 

 

lundi 9 septembre 2013

Quand les suffragistes inventaient la visibilité

à l'occasion du couronnement de la reine d'Angleterre (17.6.1911), une militante du WSPU défila à cheval et habillée de blanc :  Marjorie Annan Bryce costumée en Jeanne d'Arc.


Cette photo a un certain intérêt à l'heure où l'on reparle de la visibilité des féministes depuis que l'incursion des Femen sur la scène internationale provoque la controverse. Et pour inciter à la réflexion sur le sujet, voici des extraits d'un article intitulé "vision et visibilité : la réthorique visuel des suffragistes..." qui donne la troublante impression que l'on parle en fait des Femen...  :
 
"Comment le mouvement suffragiste dans son ensemble s’est-il mis en scène dans l’espace public et notamment dans la rue ? Toutes les militantes sont convaincues que la visibilité est la donnée fondamentale de la campagne pour le suffrage ; les légalistes se limitent à la légalité ; les suffragettes, surnommées ainsi depuis janvier 1906, développent des tactiques de plus en plus spectaculaires au service exclusif de la visibilité. L’autocratique Christabel Pankhurst, publicitaire de génie, mène avec vigueur et imagination l’invasion de la rue et la perturbation de la vie politique.
(...)
La visibilité de la suffragette est essentielle ; elle se décline avant tout en une bénévole mais aussi en victime, en femme respectable, en combattante, en travailleuse, en femme molestée aux vêtements en lambeaux, en incendiaire de bâtiments publics, de maisons privées ou de boîtes à lettres, en destructrice de tableaux (lacération), en briseuse de vitrine, en femme-sandwich, en sportive qui escalade des monuments pour les occuper ou contourner les services d’ordre des réunions politiques, en femme enchaînée à des grilles (surtout celles du Parlement), en perturbatrice de réunions publiques (surtout celles du parti Libéral), en rebelle recourant à la désobéissance civile comme le refus de payer l’impôt ou de répondre aux questions du recensement de 1911. C’est une stratégie menée avec l’assentiment de chacune intégrée dans un groupe d’intervention rapide et, après 1912, dans des opérations de commando. Une visibilité de la personne ou/et de ses actions, une visibilité qui relègue le verbe à la seconde place, sont à défendre à tous prix. Arme exclusive des légalistes, le verbe sous toutes ses formes légales, n’a pas apporté le suffrage féminin malgré une campagne d’un demi-siècle.
(...)
Une autre tactique des suffragettes est de se déplacer temporairement dans une ville et d’installer en quelques heures un petit groupe de militantes dans une boutique très bien située, c’est-à-dire visible. 
(...)
Dans une veine moins délinquante, il y a une utilisation systématique du costume régional/national [on pense à la couronne de fleurs ukrainienne] tout comme d’ailleurs du costume professionnel ou du vêtement ouvrier. L’uniforme réapproprié par la cause devient alors un grand classique de la propagande visuelle. Il est utilisé à des fins publicitaires : une photographie prise en mai 1909 montre, par exemple, une fanfare, martiale et colorée, avec pour annonce la Women’s exhibition ou encore les tabliers portés par de jeunes femmes invitent les passants à un meeting suffragiste à Manchester (juillet 1908). L’uniforme présente également une vision des femmes au travail, au service de la Cause et de la société. 
(...)
Sylvia Pankhurst écrivit à propos de la Procession du couronnement :

It was a triumph of organisation, a pageant of science, art, nursing, education, poverty, factorydom, slumdom, youth, age, labour, motherhood, a beautiful and imposing spectacle.

Le message est clair : aucun lieu, ni aucune classe, n’échappe à la revendication du suffrage. D’autre part, la représentation ainsi construite présente des femmes génériques, des femmes qui ne sont pas seulement des individus convaincus mais une catégorie à laquelle il devient difficile de ne pas s’identifier, soit par la classe, le lieu, l’âge et donc la revendication. Enfin, cette ambition généralisante permet d’anéantir un argument anti-suffragiste, celui qui affirme que les femmes dans leur grande majorité ne veulent pas le droit de vote, à part quelques excitées, héritières de la « hyène en jupons », Mary Wollstonecraft.  

A lire tout l'article ici.http://lisa.revues.org/3116?lang=fr

jeudi 5 septembre 2013

Appel citoyen contre l'incitation au viol sur internet


Incitation au viol sur un site de coaching en séduction
Signalement publié sur internet par une dizaine de blogs le 05/09/2013
Nous, militantes féministes et citoyennes, avons récemment dénoncé un site de coaching en « séduction » appelé Seduction By Kamal comme incitant au viol.
Seduction By Kamal est un site d'apprentissage des techniques de « pick up artist », à savoir « artiste de la drague ». Il s'agit de techniques de 
« drague » et de conseils en matière de sexualité. Le site est géré par la société SBK Coaching, et génère du profit grâce à la vente de livres numériques (« e-books »).
L'indignation s'est focalisée sur un article violent en accès libre et gratuit. Intitulé « Comment Bien Baiser : les 3 Secrets du Hard SEXE », il nous apparait en réalité comme une incitation au viol, particulièrement toxique en raison de l'aspect éducatif du site. 
Nous estimons que les propos sont explicites : pour bien « baiser », l’important est de ne pas tenir compte du consentement de sa 
« partenaire ». Une capture d'écran est conservée ici. Les extraits les plus choquants sont cités ci-dessous, dans la lettre au Procureur, ainsi que chez la blogueuse Diké.
Cet article a été écrit par Jean-Baptiste Marsille, rédacteur web, auto-entrepreneuret écrivain. Le directeur de publication du site se fait appeler Kamal. Il ne s’agit pas d’un petit blog isolé. D'après son créateur, ce site reçoit 20 000 visiteurs par jour, le chiffre d’affaire de la société
« SBK Coaching » est de l’ordre de 10 000 euros par mois. Sa page Facebook est suivie (« likée ») par près de 17 000 personnes. Nous notons aussi que les frais de fonctionnement du site semblent peu élevés, compte-tenu des avantages fiscaux de la Pologne par rapport à la France, et du caractère dématérialisé des publications électroniques vendues. Malgré de multiples sollicitations depuis octobre 2012, Kamal n’a jamais réagi. L’article était toujours en ligne à l'heure où nous écrivons cette lettre. 
Depuis 2012, cet article a également été signalé en vain au Ministère de l'Intérieur. Pourquoi la loi n’est-elle pas appliquée ? Est-ce un problème managérial (manque de moyens pour traiter tous les signalements) ou un problème culturel (mauvaise formation et sensibilisation des agents du Ministère à la misogynie en ligne et à la culture du viol) ?
Nous joignons donc à cette tribune une plainte au Procureur de la République concernant le délit d'incitation au viol en ligne sur la page signalée. Appel aux autorités et aux acteurs du web : stopper la misogynie en ligne
Ceci dit, notre objectif n’est pas de nous focaliser sur ce seul type de site Internet à la marge, mais sur l'ensemble de la misogynie globalement répandue sur l'espace Internet, et trop tolérée.
De nombreux agresseurs et leurs complices se sentent autorisés, en toute impunité, à exhiber sur Internet leurs infractions misogynes (viol, agression, non-assistance à personne en danger, recel de médias à caractère pédo-criminel...). Leurs victimes sont réduites au silence ou humiliées à l'échelle planétaire, subissant la reproduction perpétuelle de leurs agressions sur les réseaux sociaux. 
Comment les Internautes peuvent-ils encourager un tel laxisme envers des criminels, et une telle sévérité envers les victimes ? Certainement à cause d'un amalgame toxique entre sexualité et violence érotisée (culture du viol) combinée à une mauvaise appréciation du sexisme sur Internet, perçu à tort comme “virtuel”.  
Or le sexisme en ligne n'a rien de virtuel : le harcèlement subi par des personnalités connues comme par des adolescentes anonymes (ou qui auraient voulu le rester), le racolage des mineures par les pédo-criminels ou les proxénètes, l'omniprésence des images de femmes hypersexualisées et objectivées, dans les contenus personnels, journalistiques, culturels et commerciaux – clichés parfois pris à l'insu du sujet, l'humour sexiste qui alimente la tolérance envers le sexisme, les discours vindicatifs, stéréotypés et dégradants à l'égard des femmes, tout ceci est bien réel.
Ailleurs, sur le web anglophone notamment, des voix se sont élevées pour exposer l'ampleur de la misogynie sur Internet, et exiger des actions concrètes pour y mettre fin. Ainsi la campagne #FBRape a permis un début de dialogue avec Facebook, dans le but d'améliorer les systèmes d'identification et de modération des discours de haine misogyne
Côté français, l'incitation à haine, à la discrimination ou à la violence est interdite par la Loi sur la liberté de la presse, article 24. Nous exigeons que l’alinéa 7 soit appliqué, à savoir que l’incitation à la violence en raison du sexe, de l’orientation sexuelle ou du handicap soit réellement pénalisée. 
Nous demandons également une modification de l’alinéa 6 de cette même loi (concernant l'incitation à la discrimination et à la haine) pour qu'il soit étendu au sexisme. Actuellement, seules sont concernées les discriminations et la haine motivées par des raisons ethniques, raciales ou religieuses.
Enfin, nous appelons les pouvoirs publics à mettre en place une plateforme dédiée au signalement de sites misogynes, à la sensibilisation des acteurs du web sur le sujet, et à l'accompagnement des victimes de discrimination, de haine ou de violences misogynes sur Internet.
Nous appelons également les entreprises du web ou présentes sur Internet à mettre en place des pratiques éthiques pour lutter contre le sexisme sur Internet, en coopération avec la société civile.
Collectif féministe et citoyen 
Plainte au Procureur
Paris, le 05/09/2013
Lettre R.A.R.
Monsieur le Procureur de la République,

Nous, citoyennes, tenons par la présente à vous signaler les faits délictueux visés par l’article 24 de la Loi sur la Liberté de la Presse qui punit de "cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ceux qui (…) auront directement provoqué, dans le cas où cette provocation n’aurait pas été suivie d’effet, à commettre l’une des infractions suivantes : les atteintes volontaires à la vie, les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne et les agressions sexuelles définies par le livre II du code pénal".

Sur le site Seduction By Kamal, cette page (URL : www.seductionbykamal.com/comment-bien-baiser - capturesd’écran ci-joint) intitulée "Comment Bien Baiser : les 3 Secrets du Hard SEXE" constitue une apologie du viol et une incitation à la violence contre les femmes. Quelques extraits explicites :

• "Montrez-lui qu’elle n’a pas vraiment le choix" 

• "Attaquez sa poitrine" 

• "créer rapidement une image du mec qui sait ce qu’il veut et qui l’obtient quand il veut". 

• "vous décidez [...] tout est entre vos mains (ou vos cuisses devrais-je dire)" 

• "perdre tout contrôle de la situation est un "turn on" majeur pour les femmes". 

• "appliquez-vous à aller en profondeur et à ne stopper la cadence que quand VOUS le décidez ! Elle se plaint ? Pas pour longtemps ! C’est un phénomène naturel de rejet de l’autorité, mais une fois cette barrière franchie, elle s’abandonnera à vous et vous demandera de la défoncer [...] c’est ça en fait la véritable notion du fameux "BIEN BAISER". 

• "Imposez votre puissance". 

• "Donnez des ordres et soyez inflexible. Ne lui demandez pas gentiment si, éventuellement, vous pourriez avoir une fellation et éjaculer dans sa bouche… La décision est prise, retirez-vous et faites la descendre vers votre sexe afin d’affirmer votre posture." 

• "Si seulement vous saviez combien de femmes rêvent de se faire démonter par un inconnu au chibre géant". 

• "Cette méthode est relativement efficace quand on rencontre une inconnue qui nous ramène chez elle. Si elle en arrive là, c’est sans doute parce qu’au fond, ce qu’elle veut, c’est tirer un coup." 

• "Ne lui demandez pas si vous pouvez la pénétrer comme un animal sauvage, faites-le !" 

• "il vous suffit [...] de laisser parler vos envies, sans vous restreindre. Prenez le contrôle du rapport sexuel et pensez que votre masculinité passe par des coups de boutoir infligés." 

• "ne vous refusez rien". 

Nous avons signalé ce lien à internet-signalement.gouv.fr sans aucune conséquence concrète.

La présente faisant valoir ce que de droit.
Copie à
Monsieur Manuel Valls, Ministre de l'Intérieur
Madame Vallaud-Belkacem, Ministre des Droits des femmes, 
Madame Christiane Taubira, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice
Haut Conseil à l'Egalité entre les Femmes et les Hommes
Observatoire des Inégalités
Le Monde
Le Figaro
Médiapart
Rue 89
Libération
Les Nouvelles News
Slate
Fédération Nationale Solidarité Femmes

mardi 3 septembre 2013

La baronne Emmeline Pethick Lawrence, suffragiste et femme d'un ami de Gandhi

 
La baronne Emmeline Pethick Lawrence (1867-1954) fut membre du WSPU de Emmeline Pankhurst et femme du secrétaire des Affaires Étrangères d'Inde et de Birmanie, Frederick Pethick Lawrence, grand ami du Mahatma Gandhi dont il fut un contemporain de la lutte pour l'indépendance de l'Inde. Les deux hommes s'entendaient à merveille, rapportent les historiens. Le baron Frederick Pethick Lawrence soutenait le WSPU et publia dès 1902 avec sa femme le fameux journal "Vote for Women".
Remarquons qu'en se mariant Frederick Lawrence a pris, en sus de son nom, celui de sa femme ! 
Emmeline Pethick Lawrence fit six fois de la prison en raison de ses activités avec le WSPU.
Dans son livre My Part in a Changing World (1938) elle écrit : "When the morning newspaper brought the unexpected news of my first arrest in the Suffrage Movement, my father reacted to it in precisely the same way as I should have reacted had our positions been reversed. He was proud that a child of his hand not hesitated to make a stand for the extension of democratic liberty."
"Lorsque le journal du matin a rapporté la nouvelle inattendue de ma première arrestation pour le mouvement des suffragistes, mon père a réagi exactement de la même manière que je l'aurais fait si j'avais été à sa place. Il fut fier qu'un enfant venant de lui n'ait pas hésité à prendre position pour l'extension de la liberté démocratique".