samedi 29 juin 2013

Lily Herse, neuf fois championne du Tour de France.....................................................féminin

Lily, de son nom Lysiane Herse, épouse Desbois, est née à Caen le 6 janvier 1928.
Elle incarna pendant de longues années le cyclisme féminin en France.
Son père, René Herse, était un célèbre constructeur de cycles spécialisés. Sa mère, qui tenait la comptabilité et la gestion de l'affaire familiale, faisait des compétitions de vélo et était détentrice, à l'époque, du meilleur temps dans Paris-Dieppe.
Suivant la trace de ses parents, Lily deviendra une grande dame du vélo.
Elle commence la course cycliste très jeune. A 7 ans, son père lui fabrique son premier vélo, et tous les jeudis et dimanches, Lily s'entraîne, son plaisir étant de rouler.
C'est naturellement qu'elle s'inscrit à l'âge de 13 ans à des courses appelées "Prix Alcyon" et qu'elle gagne fréquemment. A 14 ans, elle participe à sa première "polymultipliée" à Chanteloup, à tandem.
Les courses sur piste ne l'intéressent pas. Le cyclotourisme est sa passion : elle y aime l'ambiance, les paysages qu'elle découvre et les côtes !... car c'est une prodigieuse grimpeuse.
Lily est une cyclotouriste accomplie.
Elle court en tandem avec Robert Prestat et détient presque tous les records, de la "polymultipliée" de Chanteloup au "brevet des randonneurs des Vosges" : 230 km en 9h40mn, à celui des Alpes en 11h17mn et celui des cols pyrénéens où elle règle Pau-Luchon en 9h30mn.
A la Poly de Chanteloup, les tandems Herse furent vainqueurs de 1948 à 1956.
Le record pour les 72,750 km fut établi en 1948 en 2h5'40" par l'équipage constitué de Jacques Cocu et Lily Herse.
Elle gagnera les "poly" 10 années consécutives.
Lily prend une licence en 1956 et gagne son premier championnat de France. Elle enchaînera les victoires : 9 sur 11 courses ! (se contentant de la 2ème place pour les 2 autres !).
Elle court pendant 11 ans jusqu'en 1967 où elle arrête la compétition.
En 1968, elle devient entraîneur d'une équipe féminine jusqu'en 1975.
En parallèle avec cette carrière de championne, le certificat d'études en poche, Lily veut travailler dans l'atelier de ses parents. Pour eux, ce fut une déception car ils auraient souhaité que Lily continue ses études mais elle en avait décidé autrement.
Pour essayer de l'écœurer de ce métier, son père lui donne "des petits boulots pas drôles" mais c'est sans compter avec la détermination de Lily qui s'accroche et réussit à trouver sa place dans l'équipe. Jean, son futur mari, y travaille également depuis 1941, il avait 17 ans. L'équipe comptait alors 6 ouvriers.
     
La clientèle était uniquement française, américaine (en Californie) et japonaise.
Des personnes célèbres ont eu le privilège de posséder un vélo Herse, citons entre autres Louison Bobet, Catherine Deneuve, Jacques Brel, Jean-Marc Thibault...
Lily arrête sa fonction d'entraîneur pour raisons familiales en 1975, son père est malade. Il décède en 1976 et sa mère le rejoint en 1978.
Lily, avec l'aide son mari Jean Desbois, reprennent seuls l'affaire jusqu'en 1986 où Jean, après plus de 47 ans de travail, cesse de produire (la production était d'un vélo par jour !)
La marque a été revendue récemment à des américains.
René Herse puis sa fille Lily conduisirent la marque à un renom quasi-inégalé dans le milieu des cyclotouristes.
Lily a également d'autres passions : la photographie, le tricot (jacquard), le ski, la nature et les fleurs.
Aujourd'hui, à 79 ans, Lily ne dispute plus de courses, mais elle faisait encore des sorties à vélo il y a 7 ans. Peut-être l'avez-vous croisée ...
          
(Lu ici)


Aujourd'hui, Lily Herse a 85 ans.

Je signale en passant qu'il n'y a même pas de Wiki sur elle en francais mais seulement en allemand (avec la liste des coureuses cyclistes "célèbres").

Sinon il paraît qu'il existait une Grande Boucle féminine internationale
équivalant du Tour de France (masculin, inutile de le préciser)....mais le machisme ayant depuis repris méchamment du poil de la bête pour des raisons politiques assez limpides, elle s'est arrêtée en 2009.

mercredi 26 juin 2013

La petite Walkyrie autrichienne piétine le grand Wagner allemand

À l'occasion du grand jubilée Wagner qui a lieu en ce moment en Allemagne, l'essai théâtral satirique de Elfriede Jelinek "Rein Gold" "Or pur"  (au lieu de "Rheingold" "L'or du Rhin" = la grosse tétralogie de Wagner, pour celleux qui ne le sauraient pas)) est sorti sous la forme d'un livre.
 
Buchdeckel „Rein Gold“

 
Il y est question du dialogue entre le père Wotan et sa fille Brunnhilde que Jelinek appelle "W" et "B". Illes n'arrêtent pas de se faire des reproches mais comme c'est "papa" qui a le pouvoir, il enlève sa fille, la plonge dans un profond sommeil et met le feu tout autour de la montagne au sommet de laquelle elle dort (n'oublions pas que la Belle au bois dormant est une adaption en conte de ce mythe germanique).
Jelinek en fait, par ailleurs, une fable anticapitaliste avec l'argent qui devient "liquide", la disparition du travail et des travailleurs/euses, la relation entre le capital et la création de valeurs et de marchandises.
Mais Jelinek ne voit pas comment nous sortirons du règne de l'avidité et des mauvaises intentions pas plus que du concept de dieu masculin narcissique.
Elle se contente de faire des associations jusqu'à plus soif entre l'ancien et le moderne.
Elle inclut même le procès contre la néo-nazie Beate Zschäpe qui, fait-elle remarquer, accueillit la police avec les mots de Jésus-Christ : "Je suis celle que vous cherchez".
Elle met en scène le folklore de la vieille haine allemande à la lumière de la nouvelle haine allemande.

Wotan le maître du Walhalla, par contre, comme s'il était en concurrence directe avec le/la sauveur/euse de l'humanité, le/la récuse : "Un Dieu est hors de lui lorsqu'il voit les autres à côté de lui s'arroger le droit de faire des choses qui ne sont pas à leur mesure" dit-il.

Et les néo-nazis qui dansent autour d'un feu pour avoir assassiné un non-allemand puis se brûlent eux-mêmes (se suicident) = les assassins ont donc traversé le feu qui entouraient la montagne de Brunnhilde (d'après Jelinek) pour s'emparer de l'anneau (des Nibelungen).

Quant au père Wotan, il se baptise lui-même "le fantôme" qui se promène en Europe. 

Je trouve ces thèmes très féministes même si Jelinek est surtout "destroy". Il est bien question de l'isolement des femmes par les hommes qui se sont déifiés eux-mêmes et ont transformé ensuite le monde en marchandise. Du coup, la seule "messie" qu'a réussi à produire ce monde masculiniste de cauchemar est une messie de cauchemar (la néo-nazie Beate Zschäpe).

Les commentaires sur le livre de Jelinek de ce billet ont en partie été empruntés à un article de Die Zeit qui s'intitule "La chevauchée des Walkyries sur une montagne de théories" (par Ina Hartwig).

21 Kultur Wagner 1 
La même trombine masculine partout = tout est norme mâle...

vendredi 21 juin 2013

Radio de l'été 2013 : la femme qui rape plus vite que son ombre

La radio de l'été de lolobobo saison 4 commence aujourd'hui 21 juin, jour de la fête de la musique (merci lolobobo, je me réjouissai déjà d'avance !), alors, bien sûr, pour l'occasion, j'ai choisi une femme extraordinaire, Amy Heidemann, du duo américain Karmin inégalable pour la vitesse de son débit de paroles surpassant même le chanteur noir américain Busta Rhymes qui a pourtant bâti sa réputation là-dessus !

Et pour ajouter de la musique à la radio de lolobobo, je tague Zoe Lucider, Sable du temps, Adrienne et Hypathie, hop !

mardi 18 juin 2013

Le maître du monde arrive...


Obama vient à Berlin et les préparatifs vont bon train (ici un type nettoie une vitre de sécurité sur une tribune en face de la porte de Brandebourg où le maître du monde prendra place, afin qu'il ne soit pas abattu par derrière) (photo d'Euterpe).

À côté de ça, il y a l'exposition de la peintresse suédoise Hilma af Klint (1862-1944) qui serait en fait la précurseuse de la peinture abstraite ! (Exposition au musée d'art Hamburger Bahnhof à Berlin). À mon avis, cet événement est bien plus intéressant que la venue d'Obama !

lundi 17 juin 2013

Dans la littérature, les femmes se livrent par lots de treize

Le Magazine littéraire nous refait la condescendance de s'intéresser au paquet indifférencié nommé "femmes" qui doit apparemment faire de la littérature en bande organisée comme des "malfaitrices", style les Femen en Tunisie, n'est-ce pas, puisqu'il paraît qu'il faut les présenter en bloc ou pas du tout.
Après les romancières françaises d'il y a trois ans, voici les romancières américaines. Mais la couverture de ce magazine très virilo-viriliste ne nous montre même pas la photo reconnaissable d'une écrivaine un peu connue (oxymore). Elle nous fait voir un tableau américain connu représentant des créatures d'aspect féminin par leur vêtement (porte-manteaux ?) anonymes, oeuvre d'un mâle américain hyperprésent partout que je ne nommerais pas pour ne pas participer au matraquage masculino-masculiniste ambiant à tous les étages.

Il y eut les romancières italiennes en...2002, les romancières anglaises quelque part en 2008, un exceptionnel numéro consacré à une seule femme (caricaturée en couverture) : Virginia Woolf (en 2004), l'exception faisant la règle. Avec les romancières françaises en 2010, voilà pour les années 00.
Et trois ans après les romancières françaises, voilà un nouveau tas de femelles qualifiées d'américaines (comme dans la prostitution, on distingue les femmes par leur nationalité) sur une trentaine de pages (pour 98 en tout), les autres étant toutes consacrées à la divine mâlitude. Pas moins de 42 trombines d'hommes illustrent cet hymne aux merveilleuses Américaines qui écrivent au lieu de servir le thé, avec comme Dieu des dieux, l'insipide Paul Auster portraitisé pas moins de 4 fois dans ce numéro dont une en couverture !

Car il ne faut pas s'y tromper : la littérature américaine a ses femelles, certes et on peut les encenser un peu genre machisme bienveillant pour pas trop faire sectaire, mais son vrai héros des Lettres avec un grand "L" made in America, c'est le grand neutre universel Paul Auster qui ne doit rien à ses couilles, bien entendu.
C'est pourquoi pas une seule photo des treize femmes présentées à l'intérieur ne figure sur la couverture d'un magazine soi-disant consacré aux dames, par contre, la bobine de monsieur yeux-globuleux-front-déployé façon : "j'ai un cerveau de ouf" y est partout car il est le seul qui compte vraiment.
Quant à ce que la Magazine littérature consacre encore un numéro à une seule femme comme ce fut la cas il y a 9 ans pour Virginia Woolf, il ne faut pas rêver, cela restera la rareté des raretés. Même un magazine pour deux, trois, quatre voire cinq femmes en couverture serait déjà trop honorifique pour une espèce dépourvu du vénéré des vénérés service trois pièces externes (plutôt qu'interne).
Il faut au moins une suicidée (les femmes qui se suicident sont particulièrement bien vues par la mâlitude ).
Pour les coriaces qui tiennent le coup jusqu'à leur mort naturelle, il en faut treize pour égaler un homme, et encore, car sur la double page 80/81 quelques autres noms féminins sont cités en sus.
Lisez ce numéro et si vous vous rappelez ensuite sans effort d'un seul de tous ces noms féminins, je vous dis bravo.      

vendredi 14 juin 2013

Z comme Zahra


En Iran, Zahra, candidate virtuelle se lance dans la campagne présidentielle

Affiche de campagne de Zahra.
Affiche de campagne de Zahra.
vote4zara.org

Par RFI
Les Iraniens sont appelés [aujourd'hui] aux urnes pour élire leur président. Une candidate s'est déjà déclarée. Agée de 52 ans, elle se prénomme Zahra... et est une candidate virtuelle tirée d'une bande dessinée. Créée en 2009, l'héroïne de bande dessinée défie le régime et dénonce les « clowns » qui gouvernent le pays.

Le 14 juin prochain, les Iraniens éliront leur nouveau président. Si la liste définitive des candidats n'est pas encore établie, une candidate s'est déjà lancée dans la campagne électorale. Zahra, institutrice de 52 ans, appelle à un changement démocratique radical. Petite particularité : Zahra est une candidate fictive. Elle sort tout droit de l’imaginaire d’Amir Soltani un journaliste iranien exilé aux Etats-Unis. Il est le coauteur avec Khalil de la bande dessinée Zahra’s Paradise, en français Le paradis de Zahra (Behesht-e Zahra en iranien, qui est aussi le nom du plus grand cimetière du pays, dans la banlieue de Téhéran. De nombreux opposants au régime y sont enterrés).
Née en 2009
Premier coup de crayon en 2009. A ce moment, le président Mahmoud Ahmadinejad vient d’être reconduit au pouvoir. Sa réélection est controversée, et c’est au milieu de la contestation que le personnage de Zahra voit le jour. Zahra est une mère de famille, âgée de 52 ans, comme des milliers de mamans iraniennes en 2009, elle arpente les rues de Téhéran à la recherche de son fils. Mehdi est porté disparu à la suite de ces mouvements de protestation. Zahra finit par le retrouver, ou du moins sa dépouille, la fin est tragique, Mehdi est mort et cette histoire n’est qu’à moitié imaginaire.
Selon Amir Soltani l’auteur de Zahra’s Paradise, elle a été inspirée de faits réels : « On a vu cette mère sur Youtube, elle était triste, fâchée. Toutes les émotions que les Iraniens ont, elle les avait sur son visage. On s'est dit qu'il fallait que sa voix soit représentée ».
Zahra défie le régime des mollahs
Le personnage crée le buzz sur internet, son créateur décide alors d’en faire une candidate à la présidentielle. Sur son site de campagne, Zahra apparaît, avec son foulard sur la tête devant un micro. Dans sa déclaration de candidature, Zahra dénonce les « clowns » qui dirigent le pays et appelle à l'abolition de la peine de mort. Elle dit briguer la présidence pour défier le régime des mollahs.
Amir Soltani se réjouit, sa candidate reçoit des soutiens du monde entier : « On a toujours été étonné, car il y a beaucoup de gens qui sont en train de voter pour Zahra sur internet. Ce qu'on voit, c'est qu'il y a des milliers d'Iraniens qui regardent les élections et qui veulent des élections libres en Iran. Il y a un autre Iran, un Iran jeune et qui n'a pas de candidat, voilà pourquoi Zahra a décidé de commencer ce combat présidentiel ».
Page Facebook de Zahra.
Zahra / Facebook
En Iran, les femmes n’ont pas le droit de se porter candidates à la présidentielle, toutefois plusieurs militants, en Iran même, soutiennent cette participation virtuelle sur la page Facebook Zahra’s Paradise.

vendredi 7 juin 2013

Origine des appelations ridicules de "homo sapiens" et de "primate"

«Seul avec la nature et vous, je passe dans mes promenades champêtres des heures délicieuses, et je tire un profit plus réel de votre Philosophia Botanica, que de tous les livres de morale. » Cette phrase que Jean- Jacques Rousseau (...) écrit à Carl von Linné en 1771, est celle d’un élève à son maître.

Linné est la figure emblématique de l’histoire naturelle européenne au XVIIIe siècle. Ce naturaliste suédois publie en 1735 l’ouvrage qui allait l’immortaliser : le Systema naturae. Il y expose une classification rigoureuse des trois règnes de la nature qu’il scinde en classes, ordres, genres et espèces. Sa classification des plantes, notamment, lui vaut une renommée planétaire. Linné divise le règne végétal en vingt-quatre classes selon le nombre des étamines et leur position par rapport au pistil. La première classe réunit les plantes n’ayant qu’une étamine, la suivante celles qui en ont deux, et ainsi de suite, à quelques détails près. La vingt-quatrième classe réunit les végétaux n’ayant pas d’organes sexuels visibles comme les fougères ou les algues. Pour bien faire comprendre son système, Linné explicite la description scientifique de chacune de ses classes par des métaphores anthropomorphiques que ses détracteurs dénonceront comme « lubriques ». Avec lui, la botanique devient une science populaire.
Le règne animal est divisé par Linné en six grandes classes. L’être humain, étudié comme n’importe quelle autre espèce, est placé par lui dans la classe des « Quadrupèdes », au sein de l’ordre des Anthropomorpha, en compagnie du singe et du paresseux. (...), nombreux seront ceux qui, à l’image de La Mettrie, Buffon ou Diderot, protesteront contre ce traitement infligé à l’homme.
Dans cette représentation linnéesque, les personnages anthropomorphes sont plutôt féminins ou asexués.

Mais Linné entendra les critiques [de ses collègues franchouillards, entre autres] et, dans la dixième édition de son Systema naturae, publiée en 1758, il substituera au nom de « Quadrupèdes » celui de « Mammifères », et nommera « Primates » ses anthropomorphes. C’est aussi dans cette dixième édition que Linné généralise l’emploi d’une nomenclature binomiale latine pour nommer chaque espèce animale : désormais l’espèce humaine s’appellera Homo sapiens.

(source 1 et 2)

Trois de nos machos français : La Mettrie, Buffon et Diderot ont donc réussi (avec d'autres) à imposer en sciences naturelles la notion de singe humain masculin qui serait un puits de sagesse et qui dominerait le monde y compris le non-masculin. 
Même si la religion s'opposait à cette classification depuis toujours et que Linné était un grand croyant, il avait, par son observation attentive de la nature, trouvé tout de même naturel de situer l'être humain parmi les singes. 
Notons également le terme de "primate" qui contient la notion de "premier" et donc de hiérarchie chère à la mâlitude.
L'illustration ci-dessous (qui a disparu) provient de l'article du blog "Banquet avec Onfray : "L'homme ne descend pas du singe, nous sommes des singes".