mercredi 27 février 2013

Caliban and the witch - Caliban et la sorcière

Silvia Federici n'est pas connue en France et je n'ai malheureusement pas la possibilité de traduire cette vidéo ni le wiki parlant d'elle. Je les publie tout de même pour la faire connaître et avec l'espoir que quelqu'un.e aura le temps (qui me manque terriblement en ce moment) de faire quelque chose de cette information.


Le livre (Caliban et la sorcière : Femmes, corps et accumulation primitive : édition anglaise, 2004, édition espagnole, 2010, édition allemande, 2012, à paraître aux éditions Senonevero en France en 2013) de Silvia Federici vient donc d'être traduit en allemand.

Ajout du soir avec présentation du livre par Europe Solidaire sans frontière :

La leçon politique à tirer de « Caliban et la sorcière » consiste en ce que le capitalisme, en tant que système économique et social, est nécessairement liée au racisme et au sexisme.
Le capitalisme doit justifier et mystifier les contradictions intégrées dans leurs relations sociales qui le sous-tendent :
  • la promesse de liberté, face à la réalité de la contrainte généralisée,
  • la promesse de prospérité, face à la réalité de la privation massive…
    … tout en dénigrant la « nature » de celles et ceux qu’il a exploité : femmes, sujets coloniaux, descendants d’esclaves africains, immigrants, personnes déplacées par la mondialisation.
Ainsi, au cœur du capitalisme, il n’y a pas seulement une relation symbiotique entre salariat et esclavage, mais nous nous pouvons aussi déceler une dialectique entre accumulation et destruction de formes de vie ; un anéantissement dont les femmes ont payé le prix fort, à travers leur corps, leur travail, leur existence.

Ce livre montre que ce ne fut pas une entreprise facile que de transformer les humains en salariés ou en esclaves, ni d’enfermer les femmes à la maison, soumises à l’autorité des hommes. Federici explique comment et pourquoi s’est produite la soumission de la vie aux lois du marché capitaliste. Son étude fournit les clés pour comprendre la formation du système. Ce travail permet, par la même occasion, de relire l’histoire sous une optique matérialiste, depuis le Moyen Age jusqu’à la modernité : l’émancipation des paysans qui ont survécu à la peste noire, la politique délibérée d’expropriation des terres, le véritable génocide contre les femmes qu’a été la chasse aux sorcières, puis l’imposition de la vision mécaniste du corps humain – autant d’éléments qui nous ont conduit vers une discipline stratégique, où les forces de la nature ont été domestiquées au profit de l’accumulation capitaliste…

De l’émancipation de l’esclavage jusqu’à l’hérésie subversive, un fil rouge traverse l’histoire de la transition du féodalisme au capitalisme. Le triomphe des pouvoirs étatiques et l’émergence de la formation sociale qui finira par prendre le nom du capitalisme, n’ont pas eu lieu sans recourir à une violence extrême. L’accumulation capitaliste primitive a exigé l’écrasement des mouvements plébéiens, urbains et paysans, qui avaient mis en œuvre diverses expériences de vie communale et de répartition des richesses, généralement sous la bannière d’hérésies religieuses. Leur anéantissement a ouvert la voie à l’expropriation, à la formation de l’Etat moderne et à la privatisation des terres communales, à la conquête et le pillage de l’Amérique, à l’ouverture du commerce des esclaves… dans une guerre de grande envergure contre toutes les formes de vie et de culture populaire qui ciblait les femmes, leur autonomie et leur corps, comme un objectif de toute première importance. Leur asservissement devenait un socle indispensable à l’architecture du nouveau système.

À travers son étude de la chasse aux sorcières, Federici, non seulement décrypte l’un des événements les plus indicibles de l’histoire moderne, mais met en lumière un épisode qui est au cœur d’une dynamique puissante de condamnation sociale dirigée sur le corps, la connaissance et la reproduction des femmes. Ce travail suppose également la prise en compte de voix inattendues (celles des subordonnés, Caliban et la sorcière), qui résonnent encore fortement aujourd’hui dans les luttes permanentes contre la violence originelle.

***
Rappelons ce que veulent les femmes : une société sans violences, fondée sur l’égalité. Une société dont le but serait le bonheur de l’ensemble de la population et non l’accumulation de richesses aux mains d’une poignée de privilégiés. Les racines de la violence contre les femmes nous montrent la voie à suivre pour déconstruire ce que le système a installé dans nos sociétés pour soumettre notre corps - et dominer la nature dans son ensemble. Comprendre ses mécanismes nous donne les moyens de restaurer le sens commun, le respect de la vie, la justice, et de fixer de nouvelles formes collectives d’organisation sociale. Voici donc un travail fournissant, enfin, les moyens de comprendre et d’entamer la lutte pour récupérer ce qui a nous été volé...

Silvia Federici est professeur à l’Université Hofstra à New York. Militante féministe depuis 1960, a participé à des discussions internationales sur le statut et la rémunération du travail domestique. Durant les années 1980, elle a travaillé également comme enseignante au Nigeria, où elle a été témoin d’une nouvelle vague d’attaques contre les biens communs, en Afrique.

Sylviane DAHAN
Banyoles, 27/8/2011

Sur des nouvelles du front, une interview de Silvia Federici.

Ajout du 2 mars : pour rendre à Galla Placidia ce qui est Galla Placidia, c'est à Adèle que je dois cette info de première main. Merci à elle ! 
A ce propos, j'ai entré quelques petites modifications dans les dates des représentations publiées sur le billet "Copines" que je viens à l'instant d'actualiser.

mardi 26 février 2013

Au secours.

Osgar, Oskar, Asgeirr, Ansgar, Oskari,....Oscar sont des dérivés d'un prénom germanique signifiant "divinité avec une lance" (démiurge avec un phallus ?) ou "sous la protection de Dieu" ou "celui que Dieu protège".

Il ne possède aucun équivalent féminin.

Cette statuette adorée (et dorée) de notre civilisation contemporaine, est une récompense. Un trophée.

Qu'est ce qu'il représente ? Un personnage masculin aux proportions parfaites plus musclé qu'un mâle humain ordinaire. On dirait une sorte de maître étalon de la virilité. Sans cheveux. Car la calvitie est associée à une forte production de testostérone...la calvitie est virile. Par contre, il n'a pas de barbe, parce que la barbe est douce et l'homme ne saurait être doux.

Il est couvert d'or. Son nom est Oscar qui, comme le mot "or", commence par "o" et termine par "r".

Tout cela pour dire que les femmes ne peuvent pas briguer une telle statuette, un tel fétiche si peu représentatif d'une humanité bisexuée. L'homme est seul car la femme l'encombre. Elle l'empêche d'être viril.


Je ne voudrais pas faire de mauvais esprit (non, moi, jamais) mais il ressemble énormément aux genres de sculptures réalisées sous le IIIe Reich à Berlin et que
l'on trouve encore sur certaines façades d'époque... 


Extrait d'un article de Geneviève Sellier intitulé "Gender studies et études filmiques" :

"La cinéphilie se construit en France dès les années vingt avec Louis Delluc, Jean Epstein et leurs amis, comme un regard cultivé sur le cinéma qui, à l’époque, est encore un divertissement populaire méprisé par les élites. Opposant l’excellence du cinéma américain à la médiocrité des productions européennes, la cinéphilie de Delluc construit une équivalence entre beauté, virilité et abstraction d’un côté et laideur, sentimentalité et féminité de l’autre. Ce qu’il explicite dans sa “ Présentation de Douglas Fairbanks ” (1923) [1] :
Fairbanks est mâle. C’est un homme et pas un amant. Voilà qui fait plaisir à voir. Trop souvent la mode cinégraphiste a voulu la gloire de jeunes gens lassés de vivre, raffinés ou seulement affinés par la drogue, l’homosexualité ou la tuberculose. [...] Mieux et plus fréquemment s’imposent les hommes à femmes. Ceux du théâtre sont innombrables et certes la chaude complicité de la rampe sert leurs lombes provocants comme leurs sourires dangereux - et puis ils parlent, et la voix est un outil persuasif qui chatouille les dames.
[...] Fairbanks est autre. Non qu’il ne conquière point. [...] Mais ni son œil tendre, ni son sourire tout soudain confus, ni la gaucherie coquette de ses gestes, ne nous font dire : Quel amant !... Même quand il l’est autant qu’on peut l’être vous dites : Quel homme ! Il est homme, il est l’homme. Il est un animal parfait, accompli, qui soigne ses poumons, ses muscles et le moindre pore de sa peau parce qu’on se sert mal de son âme quand le corps n’est pas au point
(Delluc 1985, p. 197 et suiv.).
L’idéal viril, qui se lit dans cette déclaration d’amour pour “ Doug ”, semble nourri par une peur panique de l’emprise des femmes : derrière la charge contre les “ jeunes gens raffinés ” et les “ hommes à femmes ”, se profile la hantise d’une contamination de l’identité masculine par les valeurs “ féminines ”. Le cinéma américain, à travers ses genres et ses acteurs vedettes les plus masculines, sert de munition contre un art européen jugé efféminé".


Tiens, au fait, l'assassin de Reeva Steenkamp ne s'appelle t-il pas aussi Oscar ?
Sa femme le gênait aussi extrêmement dans sa virilité, apparemment.

Ajout du 2 mars : un intéressant article sur le déchaînement testostérique de la mâlitude lors de la remise des Oscars 2013 à Hollywood.

samedi 23 février 2013

Copines (actualisé)

Je me suis un peu absentée de ce blog pour activités artistico-militantes antinucléaires et à ce propos, je signale la tournée au mois de mars en France de la cantatrice Adele Litz (mezzosoprano) et la pianiste Véronique Le May avec un spectacle intitulé :

Balade entre Fukushimas : "Une déambulation musicale et contemplative de perdu et encore à perdre..." 

 Je reprends la présentation du site sortir du nucléaire :

"Deux ans après Fukushima, au fil d’un concert de mélodies japonaises et françaises des 19 et 20e siècles – de Yamada, Fauré, Bonis, Fukui, Bekku, Duparc, Chausson, Debussy, Dan… – un dialogue musical entre un Japon devenu pays de la catastrophe et une France que l’omniprésence de l’industrie nucléaire menace en permanence ; une balade d’un jour au fil de ce qui fait nos vies et que le nucléaire est susceptible à chaque minute de détruire pour des millénaires…"

Elles seront le 7 MARS au café Théodore à Tregor (Bretagne), le 8 MARS à la faculté de musicologie de Tours, le 9 MARS au café Angora à Paris (Bastille) et le 11 MARS au Havre pour le jour anniversaire de la catastrophe et pour la chaîne humaine contre le nucléaire. Quoi que pour le Havre, rien ne soit encore confirmé.

Le spectacle avait lieu hier soir au café Mila, Grolmannstr. 40 à Berlin et, étant donné la qualité, je conseille à tou.te.s de s'y précipiter ! 

De plus les compositrices n'ont pas été totalement oubliées car Mélanie Bonis figure au programme !
Voici, trouvé sur youtube, un morceau de Bonis avec une autre chanteuse mezzo-soprano et un autre piano pour illustrer ma pub. Il s'appelle :

La mer.

Celle contaminée aujourd'hui par la radio-activité.....   




Ne loupez pas le spectacle d'Adèle et Véronique si vous êtes dans le coin !

lundi 18 février 2013

Marie Jaëll, compositrice prodige

  Pianiste et grande amatrice de musique, Fa# qui ne s'appelle pas fa dièse pour rien, déplore ainsi que nous tou.te.s le silence total qui pèse sur l'existence et les oeuvres de nos compositrices. Mais pourquoi en est-il ainsi ? Et bien le sexisme ! What else ? Petites citations masculines à travers les siècles sur les femmes et la musique :

Ne fréquente pas la femme musicienne,de peur que tu ne sois pris dans ses rets.
(L’Ecclésiaste, IX, 4)


"Une femme qui compose, c'est un peu comme un chien qui marche sur ses pattes de derrière. Ce qu'il fait n'est pas bien fait, mais vous êtes surpris de le voir faire" Dr Johnson Samuel, linguiste anglais du XVIIIe siècle

"Un nom d'homme sur votre musique, et elle serait sur tous les pianos."
Franz Liszt à Marie Jaëll

« Ce que j’aime quand une femme joue du piano, c’est surtout la regarder … » : réplique du film Le 

Cavaleur de Philippe de Broca.

 Marie Jaëll fait partie de toutes ses compositrices extraordinaires, non jouées, tues, invisibles, inaudibles, inconnues, ignorées, jetées aux oubliettes, niées et exclues de la culture avec un grand "C" (bon OK on peut trouver cet enregistrement sur youtube = youpi).




samedi 16 février 2013

Désespérant...aber lass uns trotzdem tanzen (mais dansons)



"One Billion Rising" Tanz-Aktion in Berlin
On a dansé à Berlin mais je n'y étais pas. Je n'avais pas le moral ni la forme et puis il faisait froid. Rien à la une des journaux ce matin, de toute manière. Tout se passe comme s'il y avait deux mondes qui s'ignoraient : celui du net et celui des médias clasiques. La presse rapportait par ci par là l'assassinat de Reeva Steenkamp. Mais son nom n'était même pas mentionné. On la nommait "la petite amie"....C'est étrange quand des femmes dansent contre la violence pendant que d'autres se font assassiner ! Non ce n'est pas étrange, c'est désespérant. La rappeuse berlinoise Sookee a écrit pour l'occasion une chanson de rap féministe. La Voici et les paroles :

One billion rising ne milliarde erhebt sich
One billion rising un milliard se lève
Steht auf hebt die faust mittendrin ihr erlebt dis
Levez-vous et levez le poing au milieu, vivez ca
Viele frauen viel vertrauen eine erfahrung für ewig
Plein de femmes beaucoup de confiance, une expérience pour la vie
Das schweigen der masse wie stillstand bewegt nix
Le silence de la masse comme la mort ne remue rien
Wir erheben die stimme im außen im innen
Nous élevons la voix dehors et dedans
Wir trauen unseren sinnen nicht dem blauen vom himmel
Nous ne croyons plus au bleu du ciel
Solidarität ist wie unser rücken
La solidarité est comme notre colonne vertébrale
Um uns zu Stärken und stützen und in liebe beschützen
Pour nous renforcer, soutenir et protéger avec amour
Wir kennen die kämpfe kennen sie zu genüge
Nous connaissons les luttes, les connaissons assez
_Doch wir werden des kämpfens nicht müde
Mais nous ne cesserons quand même pas de lutter
Dennoch ham wir diesem zustand nie zugestimmt
Bien que ce ne soit pas nous qui ayons créé cette situation
Ist uns klar dass unterdrückung einem tabu entspringt
C'est clair pour nous que l'oppression a brisé un tabou
Patriarchat geht einher mit kapital und nationen
Le patriarcat va main dans la main avec le capital et les nations
Und so schießen wir mit waffen unserer wahl auf kanonen
Ainsi nous tirons avec des armes de notre choix sur des canons
Ich wähle das wort und sieh an es bewegt dich
Je choisis le mot et tu vois ca bouge
Ich bin eine in der milliarde sookee erhebt sich
Je suis l'une des milliard, sookee se lève
hook
One billion rising
Power to be claimed
Strength to be shown
Voices to be raised
Bodies not to be owned
Confidence to be learned
Let’s share all the love our courage and these words
Verse 2
Zu lang shon fressen zahlen unsere weiblichkeit
Il y a assez longtemps que les chiffres bouffent notre féminité
Mäßstäbe meilenweit weil die zeit uns treibt
Des critères à n'en plus finir parce que le temps nous emporte
Wir sind wie wir sind es gibt keinen vergleich
Nous sommes comme nous sommes, il n'y a rien à comparer
mediale bilder beschweren uns mit leichtigkeit
Les images des médias nous alourdissent avec leur légèreté
wer sollst du sein aber wer bist du
Qui dois-tu être mais qui es-tu
leben in diesen strukturen ist shon schwer genug
Vivre dans une telle structure est déjà assez dur
feminist actions go intersectional

wir pumpen kraft in diese welt wie unsere herzen blut
Nous puisons notre force dans ce monde comme le coeur pompe le sang
nie wieder krieg, nie wieder gewalt
plus jamais de guerre, plus jamais de violence
nie wieder rape in keiner form in keiner gestalt
plus jamais de viol d'aucune forme et d'aucune sorte
_nie wieder ein teil unseres leben
plus jamais une partie de notre vie
nie wieder willens oder ein grund zu vergeben
plus jamais contre notre volonté ou une raison de pardonner
es geht um alle 7 milliarden auf diesem globus
il est question de nous tous 7 milliards sur la planète
wir nehmen unseren radius in den fokus
nous dirigeons notre rayon dans le viseur
im kleinen üben wir fürs ganze
en petit nous nous exercons pour le grand
wir stehen nicht zur verfügung lass uns tanzen
nous nous sommes pas là pour servir, dansons

mercredi 13 février 2013

One Bilion rising....et moi

Aujourd'hui One Billion Rising...c'est très tard ce soir après une longue journée de travail et avant une autre longue journée de travail. Si je me surmène je tombe malade...de plus, danser, j'aime, je le fais presque tous les jours et puis le Monologue du vagin qui sera joué en même temps que la manifestation, cela me dit de le voir bien sûr, MAIS....je crois que je préférerais que l'on sorte toutes dans la rue et pose des autocollants et gribouille, détourne tous les messages sexistes que l'on nous impose dans notre champ visuel : affiches de pub (en ce moment une campagne de Axe absolument immonde), certaines affiches de cinéma, de spectacle, certaines vitrines de magasins, etc...
Danser à l'intérieur pendant que dehors le sexisme s'exprime librement, ce n'est pas un peu la danse des esclaves enchaîné.e.s ? Savez-vous que certains pas de zumba ont été inventé par les esclaves noir.e.s qui portaient un boulet au pied ? D'où ces moments où l'on tourne sur soi-même en boitillant...
Bon je vais bosser, je suis en retard.

In Berlin with sookee making a One Billon Rising music video!

mardi 12 février 2013

Une nouvelle papesse ! Maintenant !

Comme qui dirait taguée par GdC je réponds vite fait à sa demande de savoir ce que je pense du fait que huit membres du groupe féministe Femen ont manifesté ce matin seins nus à Notre-Dame pour "fêter le départ du pape Benoit XVI" avant d'être expulsées par le service d'ordre de la cathédrale. Elles sont entrées avec des touristes, ont enlevé leur manteau près de trois des neuf nouvelles cloches provisoirement entreposées dans la nef et elles ont fait tinter les cloches avec des morceaux de bois en criant "Pope no more" (plus de pape).

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Je dis : en effet, plus de pape : une papesse !
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Un article remarquable sur le cas des Femen, ici.

Caterina Assandra, compositrice

Je suis un peu prise en ce moment, je vais donc procéder à un interlude musical, les compositrices ne manquant pas contrairement à ce que veulent nous faire croire ces messieurs les organisateurs de grands spectacles musicaux et autres producteurs/diffuseurs d'enregistrements qui détiennent tout le marché de la musique.

Voici donc Caterina Assandra (v. 1590 - v. 1618) et son "Duo Seraphim"  Enjoy it !

jeudi 7 février 2013

Des nouvelles du Festival de Cannes

Des nouvelles du Festival de Cannes 2013 : Jane Campion (première et seule femme à ce jour à avoir reçu magnanimement la palme d'or du grand concours de machos du cinéma au cours de 65 ans de festivals) présidera le Jury des...

COURTS  MÉTRAGES !


Décidément, ces messieurs sont trop bons !


Merci bawna !



(A l'heure actuelle Gilles Jacob et Thierry Frémaux, les impartiaux décideurs qui ne choisiront jamais des femmes parce qu'elles sont femmes, hein, car ils se fichent du sexe c'est le talent qui compte et, oh hasard malheureux pour ces dames, ils n'en ont trouvé aucune de talent, mais c'est pas exprès hein... pas du tout, il faut vraiment être mesquin.e pour le penser......sont toujours au commande).

Hieronymus Bosch >> stylo >> Deux chefs Caricaturé

                                    ("Deux chefs" : Hieronymus Bosch)

mercredi 6 février 2013

Cinéma

Je n'ai pas trop le temps de faire des billets historiques (j'en ai commencé plusieurs mais n'en ai fini aucun) d'autant que je suis encore malade (3e rechute due au même virus), du coup je poste deux extraits de films de femmes qui m'ont l'air particulièrement valables, ceci pour rappeler que des réalisatrices de films, ce n'est pas cela qui manque.
Oui, le festival de Berlin approche et le festival de Cannes se dessine à l'horizon. N'oublions pas que ce dernier n'a sélectionné AUCUNE femme l'année dernière sous prétexte qu'elles n'étaient pas valables, comprendre : n'ont pas traité de sujets flatteurs pour les machistes. Ces deux films ne sont pas non plus flatteurs pour les machistes. Le festival de Cannes s'est affirmé comme la cérémonie culturelle machiste la plus arrogante, il ne supporte donc pas ce genre de critique. « Wadjda » de Haifaa Al Mansour, une petite fille qui montre sa détermination à ne pas se laisser écraser par la domination mâle : "Et maintenant on va où ?" de Nadine Labaki, des femmes qui réussissent à éviter que les hommes de leur communauté s'entretuent (stupidement, cela va de soi) pour des questions de religion : Voilà le genre de films qui n'obtiendra jamais de prix au festival des machos. Les PRIX, c'est pour la sainte mâlitude. Bon OK le second a obtenu le prix François-Chalais au festival de Cannes, un prix récompensant un film voué aux valeurs du journalisme...je ne vois pas en quoi ce film est voué aux valeurs du journalisme, personnellement, mais je suis sans doute incompétente...

Ajout du 7.2 : Google a commémoré, hier, une FEMME sur son portail de recherche ! Il s'agissait de la paléontologue britannique Mary Leakey (1913-1996). Quand la mâlitude fait l'effort de commémorer la naissance d'une grande femme (qui n'est ni une actrice ni un mannequin de mode), il faut le marquer d'une pierre blanche. Ce que je fais, donc.

dimanche 3 février 2013

Anne la très vieille prophétesse

Mère de Rembrandt, mère d’artiste


A l'occasion du 3 février (anniversaire d'une très vieille dame de ma connaissance), parlons d'un personnage du livre des machos, la Bible, qui est censée être fêtée ce jour-là : Anne la prophétesse. Elle est uniquement mentionnée dans l'Évangile selon saint Luc.

Il est dit qu'Anne était une prophétesse âgée qui prophétisa au sujet de Jésus dans le Temple de Jérusalem lors de l'épisode de la présentation de Jésus au Temple (à savoir sa circoncision mais on appelle cela pudiquement "La présentation au Temple"). Elle intervient au moment de la prophétie de Syméon (ou Simon). Luc 2:36-383:
« Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanouel, de la tribu d’Asher. Elle était fort avancée en âge. Après avoir, depuis sa virginité, vécue sept ans avec son mari, elle était une veuve de quatre-vingt-quatre ans, qui ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière. Survenant au moment de la cérémonie, elle loua Dieu et parla de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. ».


Il ne semble pas qu’elle soit citée dans un autre texte, qu’il soit canonique ou apocryphe.
Souvenir heureux Souvenir vivant



Dans le Wiki anglais, il est précisé que l'on ne sait pas si Anne la prophétesse avait 84 ans ou si elle était veuve depuis 84 ans. C'est-à dire en admettant qu'elle ait été mariée à 14 ans et ait vécu 7 ans avec son mari, 14 + 7 = 21 + 84, cela voulait dire qu'elle avait 105 ans au moment où Jésus fut circoncis.

Il existe dans plusieurs diocèses catholiques des communautés Anne la Prophétesse s’adressant aux veuves de plus de 50 ans.

La prophétesse Anne est représentée en statue avec Marie, Joseph et Syméon sur la façade de la cathédrale de Chartres (XIIIe siècle) et par Giotto sur une fresque de la chapelle Scrovegni à Padoue.

En 1631, Rembrandt peignit sa mère en prophétesse Anne (illustration du haut de la page).

Cette prophétesse est considérée avec saint Siméon comme la dernière de l'Ancien Testament.

Pour faire un lien avec mes entrées précédentes sur les bandites combinées à l'idée de grand âge, voici un film avec trois octogénaires qui cambriolent une banque.

Pour se faire une idée de cette comédie très drôle et très atypique avec happy end et tout qui s'appelle "Maintenant ou jamais, le temps c'est de l'argent" en voici le dialogue :

- Lui aussi ils l'ont eu ! Alors que c'est un spécialiste !
- C'est bizarre, j'ai l'impression de le connaître.
- Moi, je ne veux faire partie du coup. 
(La même floue avec un fusil)
- Ceci est un hold-up...ceci est un hold up...
(Ses deux copines avec des grimaces forcées : )
- J'ai rien compris...et toi, Lili ?
- Nan...
(Lili s'entraîne avec un chapeau péruvien).
- Tout le monde écoute ici : où est l'argent ?
(Meta avec une cagoule, cette fois ; voix off :)
- Meta, qu'est ce que tu as ?
(Meta retire sa cagoule).
- J'peux plus respirer.
(Lili pointe du doigt vers Meta).
- Et on a aussi besoin d'un chauffeur !
- On n'y va pas en vélo ?
- Et pis quoi encore ? Tu crois que la police va à pied ou quoi ?
(Les trois avec des lunettes noires dans la voiture ; les trois dans la banque où de vrais cambrioleurs professionnels cambriolent la banque : les trois en prison rendant visite à un spécialiste. Carla  : ).
- Comment cambriole t-on une banque ?
Krämer (le cambrioleur)
- Il faut être prêt à faire mal aux autres.
Meta :
- Je crois que je peux !
Krämer :
- Comment voulez-vous faire ?
(Scène fourchette, main, hurlement. Meta la cagoule relevée :).
- La ferme ! Ceci est un cambriolage. Si tu ne veux pas que je te descende, fais exactement ce que je te dis, salaud, sinon je te tire dessus ! Trouduc !
(Lili avec l'employé de banque :)
- Comment buvez-vous votre café ?
- Au lit!
(Au lit)
- Mince alors ! C'est pas vrai !
Bon, alors il se passe quelque chose ?
- Au moins, il n'y a pas précipitation.

Ma réflexion sur cette bande-annonce : oui c'est bien les trouducs de ce monde qui possèdent toutes les richesses et ce, depuis l'Ancien Testament. Comment le leur reprendre ?

Les trois actrices sont : Gudrun Okras (1920-2009), Elisabeth Scherer (née en 1914) et Christel Peters (1916-2009). Toutes les trois ont obtenu le prix Ernst Lubitsch 2001 pour ce film tourné en 2000. Il est à noter que la plus âgée (Lili) vit toujours.
D'après une interview celle-ci ne veut pas entendre parler d'un prêtre à son enterrement. "Si l'un de ces types en robe noire traîne sur ma tombe, je saute illico de mon urne et il va voir !".

vendredi 1 février 2013

Christina Schettinger, Elisabeta Gaßner (Gasnerslisel), Friderike Louise Delitz, Schleiferberbel, etc..,

Elles passent pour avoir été les pires canailles des 18e/19e siècle en Allemagne.
Soit elles-mêmes filles de bandites, soit mises au ban de la société pour, par exemple, avoir eu une grossesse sans père, elles ont été vouées à une délinquance plus ou moins précoces et ont consacrées leur, souvent, courte vie à la rapine.
Certaines ont fini pendues, d'autres brûlées.

Heiner Boehncke et Bettina Hindemith ont écrit un livre sur elles qui s'intitulent
"Die grosse Räuberinnen" (Les grandes bandites)

Dans le Wurtemberg, où agissaient la plupart de ces femmes, plus de 100 000 personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté à cette époque. La plupart des professions de la classe inférieure étaient itinérantes : réparateurs de pots cassés, soldats, marchands ambulants et plus déshonorant (si) : comédiens, musiciens, mendiants. Le taux des femmes était de 54 à 63,5 %. Dans les montagnes (du Voralberg en pays souabe), ce taux atteignait les 2/3 pour les femmes. On a écrit les pires choses sur elles parce que c'était des femmes. Les hommes qui se sont taillés une réputation dans le banditisme ont toujours été regardés avec une certaine admiration mais il en a été tout autre des femmes contre lesquel les préjugés ont toujours joué négativement.
Comme dit la critique d'art souabe Monika Machniki, elles ont été ou bien romantisées ou bien discriminées.

En réalité, on pense qu'elles ont été généralement les plus exploitées et les plus malheureuses en sein des bandes de voleurs. Quand elles n'ont pas été contraintes à la prostitution, elles ont été utilisées comme des chevaux de trait qui portaient les charges sur leur dos, exposées à des hommes brutaux et alcooliques, débarquées dès qu'elles devenaient revendicatrices ou simplement vieilles.
On n'a cependant retrouvé aucun témoignage écrit de ces femmes.
Seuls des hommes ont déposé des témoignages si bien que leur rapport sur les femmes nous apparaît déformé par leur angle de vue forcément partial.
"L'histoire d'une bandite" paru en 1787 à Stuttgart et écrit par Jakob Friedrich Abel fait le portrait de Christina Schettinger, pendue en 1760. Abel, professeur de philosophie à Stuttgart, fut l'un des chefs de file de "l'antiféminisme bourgeois", qui de la fin du 18e s. aux années 20 du 19e siècle ne fit que se servir de compte-rendu sur  les "horribles femmes" de la Révolution francaise pour nourrir sa haine des femmes.
La "liste des voleurs d'Oberdischingen", établie sous le duc Friedrich von Württemberg comprend les noms de 1487 personnes, dont 503 femmes, 3 d'entre elles ont moins de 20 ans, 21 % ont entre 20 et 30 ans, 35,5 % ont entre 30 et 40 ans, 19,2 % entre 40 et 50 ans, 5,4 % entre 50 et 60 ans, moins de 2 % entre 60 et 70 ans, plus de 2% sont seulement désignées comme "vieilles", 13,9 % sont sans indication d'aucune sorte sur l'âge, 1 seul cas présente une date de naissance complète. On en conclut que plus de 54 % des femmes à la rue à la fin du 18e/début du 19e s. avaient entre 30 et 50 ans. Moins du tiers de la liste était mariées. Pour le reste, elles sont décrites comme suit : "humaine", "partenaire de lit", "acolyte", "concubine", "femme de rechange", "dessous de lit", "commère" ou "camarade". Moins de 11% ont un métier accolé à leur nom. 42 noms sont associés à des ventes de marchandise comme briquets, étoffes, onguents et pommades, images, sucreries, argenteries, volaille et poutres. Pour certaines, il est écrit : fabricante de boîtes en papier, fabricante d'amulettes, brodeuse de coiffes, imprimeuse sur drap, servante, soldate et musicienne de rue. Une femme gagne sa vie avec le trafic du tabac, l'autre promène une boîte à images stéréo. Deux vivent du tricot. Entre la réalité et la légende sur ses femmes qui ont survécu dans des bandes criminelles, il y a un gouffre. La poésie populaire et la littérature est loin de la réalité. La majorité d'entre elles n'étaient ni jeunes ni belles. Leur visage était souvent couvert de cicatrices et "moucheté" ce qui prouvait qu'elles avaient surmonté quelque maladie infectieuse grave. Elles étaient dévorées par la vermine, et en cas de maladie, dépendantes de la mendicité ou de la solidarité de groupe. Pourtant il semble toujour que l'on attachait énormément de valeur à décrire leur apparence extérieure. Buzeliese-Amie, par exemple, est décrite comme "très cultivée, charnue au toucher", Christina Schettinger obtient le qualificatif "de bien formée". Ce genre de formulations devaient conférer aux femmes des qualités érotiques pour les faire passer pour des séductrices. Au 18e s., on pensait que l'apparence extérieure, en particulier la physiognomie, déterminait le caractère de la personne. Il fallait dont décrire l'apparence de ses femmes.

L'essentiel de leurs délits étaient le vol dans les marchés = 26 % de la "liste d'Oberdischingen", 16 % sont diversement classifiées. 6 % sont accusées de mendicité. Moins de 6% étaient des coupe-bourse . 4 femmes ont participé à l'attaque d'une diligence. 3% sont accusées du délit de prostitution. Ce qui prouve que l'image que donne la littérature de femmes qui auraient prêtées leur corps à toute la bande de voleurs et auraient vécu en grande promiscuité est fausse.
Le plus curieux est que pour 165 femmes sur les 503 qui figurent sur la liste, on ignore pourquoi elles s'y trouvent. On ne nomme aucun délit en ce qui les concerne. Il semble que les indications comme "cheveux roux" ou "accompagne son mari" aient suffi. On s'attend presque à lire des indications comme "n'a pas intérêt à voler" ou "pour le moment, on ne peut rien dire de mal d'elle".
Être femme et ne pas avoir de logement suffisait pour se retrouver sur l'une de ces listes.
Dans les affaires de vol à la tire, les femmes semblaient autonomes dans le plan et la réalisation des délits. Il s'en suit que dans la 1re moitié du 18e s., au sein de plusieurs bandes, c'était les femmes qui commandaient comme Elisabetha Frommerin qui fut exécutée en 1732. Son champ d'action était les foires et les marchés autour du lac de Constance depuis Dinkelsbühl au nord jusqu'à Schaffenhausen à l'ouest, de Buchloe à l'est jusqu'à Einsiedeln et Chur au sud. Elle "était la cheffe indiscutable des hommes, des femmes et des enfants de sa bande car pour la lutte pour la survie, tous profitaient de son expérience." À la même période, il y eut la vieille Cullin, une "fausse postière", qui commandait une compagnie de 17 personnes en 1728 agissant avec des fausses lettres et des faux incendies. Andreas Blauert (historien du crime) définit ces bandes comme des "communautés de survie", dans lesquelles les femmes jouaient le rôle centrale et les hommes restaient en marge. Mais il ne s'agissait pas là d'un programme ou d'une "stratégie féminine". C'était du à la forme de vie nomade, qui obligeait à de fréquentes séparations des couples. Les femmes prenaient en charge la fonction de base du ravitaillement du groupe. Plus grand était son succès pour l'économie de la bande, plus la dominance des femmes au sein du groupe était assurée. Elles s'occupaient de faire en sorte que la bande survive jusqu'au lendemain et ainsi de suite. Ce phénomène était aussi du au fait que ces bandes entraînaient quantité d'enfants avec soi à entretenir.
Mais aujourd'hui, on parle encore parfois de certaines de ces voleuses avec effroi comme si les femmes étaient plus effrayantes en criminelles que les hommes parce que femmes.
Monika Machniki titre un article ainsi "Elle portait un pied de biche sous sa jupe", oui mais s'en est-elle servi ?"
A propos d'une bandite célèbre dont on disait qu'elle portait un pied de biche sous sa jupe.

(source)
Die großen Räuberinnen