lundi 30 avril 2012

Cadeau du 1er Mai




Mon commentaire : il suffit à une femme de se donner les moyens c'est à dire la liberté de s'exprimer à propos de la tyrannie masculine pour être insulter soit comme salope/putain/hystérique soit comme prude/bonne soeur/mormonne et Olympe de Gouges ne fut ni la seule ni la PREMIÈRE dans son genre comme ceci est martelé dans ce reportage. Mais pas plus Jules Michelet que les autres HOMMES qui rédigent l'HIS STORY (l'Histoire des mâles, des vrais) ne tiennent compte des femmes surtout celles qui réclament leurs droits. Ce qui incite les hommes et les femmes à penser que celle-ci ou celle-là découverte au détour d'archives non détruites, est la TOUTE PREMIÈRE de quelque chose.
Combien d'Olympe de Gouges ont avant elle disparu dans les oubliettes de l'histoire ? Combien de figures féminines que nous ne connaîtrons jamais ont été effacées de la chronique d'une société qui ne veut pas évoluer ?Et combien d'années faut-il pour revoir surgir un personnage tel qu'Olympe de Gouges avant qu'il ne soit à nouveau écarté vite fait de notre culture ?

Néanmoins il y a ajourd'hui une combattante pour la liberté des femmes qui, on le sait encore, et même si dans cent ans son souvenir aura été effacé, fut la première dans son genre, alors en hommage à Olympe de Gouges et parce que c'est le premier anniversaire de cet événement  : une photo de LA SEULE FEMME QUI, EN FRANCE, A FRANCHI LE SEUIL DU PREMIER TOUR D'UNE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE :


TGV Tours-Bordeaux: Ségolène Royal, l'irréductible






(C'est toi Ségolène qui devrait être aujourd'hui en face de Sarko et gagner. Comme bien d'autres femmes avant toi, ton droit a été usurpé et confisqué. Mais nous tou.te.s, femmes et aussi hommes, nous le savons. Et nous ne l'oublions pas).

jeudi 26 avril 2012

le Dieu du carnage

Dans un billet précédent, je parlais du machisme dont la caractéristique première est l'infantilisation masculine (le syndrome du petit tyran (cf. Sarkozy)). En ce sens le "patriarcat" comme le mentionnait  Héloïse dans l'un de ses billets devrait s'appeler plutôt "viriarcat" ou pour rester dans les radicaux uniquement latins "le viripotisme" car dans "patriarcat" il y a "père" et le machiste n'assume pas le rôle du père. Il s'en défait sur la femme et il appelle cela une affaire "privée" (le "privé" est tout ce qui n'est pas dans la sphère de ce qui va lui apporter des décorations, des palmes et des honneurs de la part de ces copains de jeu). Le "patriarche" est aussi peu "père" que possible et dispute la place de l'enfant à ses enfants. Il veut jouer, entrer en concurrence , se battre, GAGNER. Gagner de l'argent, des femmes.
Dans la pièce de Yasmina Reza, on voit deux couples s'affronter au sujet de leurs deux fils qui se sont eux-mêmes affrontés avec pour conséquence deux incisives cassées chez l'un. Les femmes tentent de pousser leur mari à prendre leur responsabilité de père, de s'investir dans l'éducation de leurs enfants, de leur donner des limites et leur inculquer quelques notions de civilité, au lieu de cela, les deux hommes glorifient la violence et convoquent pour cela leurs souvenirs d'enfance (eux aussi ont été bagarreurs, etc.) ou évoquent un dieu africain qui serait le Dieu du carnage. A force de ne pas être écoutées les deux femmes en viennent elles-mêmes à commettre des gestes violents. L'une casse le joujou hautement symbolique de son mari (son téléphone portable) et l'autre attaque physiquement son cher et tendre. Les deux femmes oscillent entre l'envie de détruire et celui de s'autodétruire : elles boivent de trop, s'autoflagellent, bref, expriment leur impuissance de toutes les manières propres aux personnes dominées.
C'est une excellente pièce sur le culte de la virilité, le stupide virilopotisme qui s'exercent partout avec les conséquences sur les femmes et les enfants que nous connaissons tous.




lundi 23 avril 2012

De Méduse à Ursula la sorcière des mers

Les studios de Walt Disney se sont ingéniés à créer un personnage terrifiant dans le dessin animée Arielle inspiré d'Andersen et pour représenter leur sorcière des mers, ils ont été chercher dans la mythologie grecque la Gorgone Méduse en remplaçant les serpents par des tentacules. Mais savent-ils seulement qui était Méduse et quelles furent ses pouvoirs ?

A l'époque archaïque, on représentait Athéna assise sur un trône, coiffée du polos ayant sur la poitrine l'égide et la tête de Méduse. En 1771, David, comme tous les peintres classiques, représente Athena avec la poitrine ornée de la tête de Méduse.

Homère décrit l'égide ainsi :


« [Athéna] jeta sur ses épaules l'effrayante égide
Aux poils mouvants, où s'étalaient, en un grand rond, Déroute,
Et Discorde et Vaillance et Poursuite glaçant les cœurs,
Elle porte en son centre la tête de Gorgo, ce monstre épouvantable,
Terrible, grimaçant, signe de Zeus le Porte-Égide. »

Selon Euripide l'égide est une cuirasse revêtue de la peau de la Gorgone tuée par Athéna pendant la Gigantomachie.

Fichier:Hope-Farnese Athena Louvre Ma331 n2.jpg
Ici : Athéna portant le gorgonéion : peau de chèvre fermée par un bijou en forme de tête de Méduse.

L'égide est restée, dans l’Antiquité, le symbole de l’invulnérabilité garantie par la protection des dieux. Les empereurs romains sont ainsi souvent représentés avec une amulette placée sur la poitrine, miniature du bouclier orné de la tête de Méduse.





La tête de Méduse servit longtemps d'emblème protecteur et pour ainsi dire de "porte-bonheur".

Méduse, Μέδουσα / Médousa, vient de μέδω / médô qui veut dire « commander, régner ».

Plusieurs légendes nous sont livrées concernant Méduse.

Elle serait la fille de Phorcys et de Céto, violée par Poséidon dans un temple dédié à Athéna. Elle est punie par la déesse qui la transforme en Gorgone. Ses cheveux deviennent des serpents et désormais son regard pétrifie tous ceux qui le croisent.
À la demande de Polydecte, Persée la décapite, aidé selon des sources plus tardives par Hermès et Athéna. De son sang jaillissent ses deux fils, Chrysaor, père de Géryon, et le cheval ailé Pégase, sur lequel Persée s'enfuit, poursuivi par les autres Gorgones. Après l'avoir utilisée pour pétrifier le monstre marin envoyé par Poséidon, délivrer Andromède et tuer Polydecte qui retenait sa mère prisonnière, Persée offre à Athéna la tête de Méduse, que la déesse fixe sur son bouclier, l'égide.

Pausanias livre une version historicisante du mythe. Pour lui, Méduse est une reine qui, après la mort de son père, a repris elle-même le sceptre, gouvernant ses sujets, près du lac Tritonide, en Libye. Elle a été tuée pendant la nuit au cours d'une campagne contre Persée, un prince péloponnésien.
Cette version expliquerait assez l'étymologie du nom.

jeudi 19 avril 2012

De Kriemhilde à Maléfique






Kriemhild ou Krimhild, dans la mythologie nordique, est l'un des principaux personnages féminins de la Chanson des Nibelungen et de l’Edda poétique‎.

Dans l'Anneau des Nibelungen d'où est tirée l'histoire de la Belle au Bois dormant, Kriemhilde (ou Grímhildr)représente une femme puissante aux pouvoirs maléfiques modérés. Elle est l'ennemi de Brunehilde (la Belle au Bois dormant) et fait boire un philtre d'oubli à Sigurd de sorte qu'il ne se souvient plus de son serment d'épouser Brunehilde et en épouse une autre (Gudrun).

L'histoire est très complexe mais on retiendra que Kriemhilde commence sa vie en disant à sa mère qu'elle ne veut pas épouser d'homme car elle estime que se lier à un homme n'apporte que du malheur. Néanmoins elle épouse Attila, roi des Huns et devient par cette union la toute puissante reine des Huns. Elle meurt assassiné lors d'une vengeance organisée par elle contre un certain Hagen à la cour des Huns.
Kriemhilde est, tout compte fait, une autre femme guerrière, une valkyrie différente de Brunehilde mais pas tant que cela.

La Maléfique de Walt Disney est l'antithèse d'Aurore. Elle n'est aucunement proche d'une figure qui pourrait être historique. Elle est de nouveau, comme pour la sorcière de Blanche-Neige, l'incarnation du Mal (absolu?). La forme seule est différente. Celui qui fut en charge de la créer, l'a conçue, je cite « comme un vampire géant pour créer un sentiment de menace» Sean Griffin qui travaille pour Disney la décrit comme « une femme asexuée avec des vêtements couvrant l'intégralité de son corps, un visage aux traits forcés et acérés en opposition avec la rondeur et la douceur de ceux d'Aurore, soulignés par du maquillage et des ombres autour des yeux, » proche de ce qui a été fait pour Reine dans Blanche-Neige et les Sept Nains (1937). L'une des fées-marraines décrit Maléfique « comme une personne ne connaissant rien à l'amour, à la gentillesse ou au fait d'aider les autres».
Par ailleurs,Maléfique a des pouvoirs extraordinaires : elle est capable de se transformer en une petite boule de lumière verte (visible dans la scène où elle hypnotise Aurore pour qu'elle se pique le doigt).

Bref, elle est un peu tout sauf humaine.



CETTE OPPOSITION ENTRE LES PERSONNAGES FÉMININS "POSITIFS" ET "NÉGATIFS" EST NON SEULEMENT PLUS QU'OUTRANCIÈRE MAIS NE PERMET À AUCUNE FILLE NI FEMME DE SE RETROUVER NI D'Y VOIR UN MODÈLE NI UN CONTRE-MODÈLE POUR SE CONSTRUIRE EN TANT QU'HUMAIN. ELLE IMPOSE UNE DICHOTOMIE INSURMONTABLE.



Ici un extrait trouvé sur le blog d'Hypathie à propos de cette dichotomie qui s'inscrit, en fait, dans le rejet des femmes et leur utilisation par les hommes comme bouc émissaire (Maléfique porte d'ailleurs des cornes de bouc) un article passionnant de Mary Daly auquel j'ai ajouté des annotations entre crochets et des caractères gras :

"La société telle que nous la connaissons a un besoin pervers de créer « l'Autre » comme objet de condamnation, ainsi ceux qui condamnent peuvent selon leur jugement se trouver bons. [...] Eve en est une production. Elle représente la catégorie dans laquelle la tradition chrétienne a placé toutes les femmes qui n'ont pas réussi à imiter l'étonnant modèle de la vierge qui est aussi mère.

(...)
Il semble dans le même temps que le rejet primordial des femmes dans le rôle de « l'Autre » ait produit une seconde dichotomie entre vertueuses [Aurore, Blanche-Neige, Arielle, etc...] et mauvaises femmes [Reine, Maléfique, Mim, Ursula, etc..]. Cela paraît étonnant du fait que les autres groupes opprimés ne sont pas « dichotomisés » de façon aussi drastique. Aux Etats-Unis les noirs considérés comme « Oncles Toms »* sont appréciés et bien traités, mais pas placés sur un piédestal. Cette dichotomie frappante entre femmes, si on y réfléchit, peut être comprise par le fait qu'elles sont le seul groupe opprimé dispersé parmi le groupe de rang supérieur et intimement attachées au « maître » par des liens biologiques, émotionnels, sociaux, et économiques. A cause de l'identification des hommes avec « leurs » femmes en tant qu'autre, il serait contre-productif de proclamer toutes les femmes mauvaises.
Dans le même temps, le rejet des femmes dans une altérité de caste supplante l'identification que les hommes ressentent pour quelques femmes en tant que possessions proclamant leurs accomplissements et servant leurs intérêts. Avec pour conséquence que la « vertu » attribuée à quelques-unes n'est pas l'excellence d'une personne accomplie, mais celle d'une créature impuissante, manquant de connaissances et d'expérience [Aurore; Blanche-Neige, Cendrillon, etc...]. [....] Dans le cas de l'idéal de vertu imposé aux femmes, il y a une aura spéciale de glorification d'un idéal symbolisé par Marie [du mot "Marie" dont dérive ceux de "mari", "mariage" et "marier" = propriété d'un mâle]. Cet idéal impossible à une fonction punitive, parce que bien sûr aucune femme ne peut l'atteindre (Considérez l'impossibilité d'être à la fois vierge et mère). Il rejette et renvoie donc toutes les femmes au statut d'Eve [dont le gros péché est d'être "mariée" au serpent de la connaissance et à la pomme ou globe symbolisant...l'expérience ?] et renforce essentiellement le statut universel des femmes en tant que basse caste.

mercredi 18 avril 2012

De Déméter à la sorcière de Blanche-Neige



Si Blanche-Neige est une Proserpine qui a tourné en midinette des années 1930, la sorcière de Blanche-Neige est forcément sa mère Déméter qui a tourné en créature infernale représentant le "Mal" fait femme.

Derrière ce mythe se cache celui de la Terre-mère mais comme nous l'explique Marie-Eve du blog jesuisféministe c'est un mythe fatal pour la cause de l'environnement :

La «Nature-avec-un-grand-N»
Tout comme des mythes essentialistes sont créés à propos de groupes d’individus, on invente des mythes idéalistes et irréels à propos d’entités comme la «Nature». On la pense loin de nous, sauvage, en danger, mystérieuse et incontrôlable, mais ceci est une représentation romantique de ce que l’environnement est réellement. Pour avoir une compréhension adéquate des enjeux environnementaux, il faut déconstruire ce mythe de la «Nature-avec-un-grand-N». Que faire avec les représentations féminines de la «Nature»: Dame Nature, Mère Nature,Terre Mère, Gaïa?
Pourquoi accoler un genre à une entité comme la «Nature»? Les environnements sont multiples et hétérogènes… À quoi sert d’affubler les environnements de termes genrés fortement teintés de discours patriarcaux? («Il faudrait protéger/surveiller/sauver, notre Terre Mère.») Cette représentation féminine de l’environnement renforce certains discours essentialistes (et rétrogrades) d’une connexion spéciale entre les femmes et la «Terre». Cette vision romantique de la «Nature» entretient les dichotomies entre l’agent actif (l’humain rationnel) sauvant l’entité passive (la Nature irrationnelle et sauvage). Cette représentation romantique de la Nature est un miroir de plusieurs autres représentations erronées de certains groupes humains. Conséquemment, certains discours essentialistes écoféministes rebutent les féministes antiessentialistes et/ou non-essentialistes et les détournent d’une critique féministe de l’environnement.
Pour conclure, il s’avère important de :
A) Nuancer le débat essentialisme/constructivisme;
B) Questionner et déconstruire les représentations romantiques et genrées de la Nature;
C) Repolitiser les enjeux environnementaux comme étant des enjeux sociaux aux impacts sexo-spécifiques;
D) Établir des alliances avec certains groupes de justice sociale et certains groupes écologistes.
Tout cela n’est pas simple, certes, mais cela pourrait ouvrir des voies prometteuses pour les réflexions et les actions féministes!
Si je laisse plusieurs questions en suspens, c’est bien parce que le paradoxe n’est pas résolu et que le débat est encore très vivant!

En effet, sexuer la nature revient à lui faire subir le sort du sexe auquel on l'a "réduit".
Ainsi dans les années 30, le terme écologie était loin d'avoir vu le jour et la grande ennemie de l'humanité restait la Nature dangereuse et cruelle, peuplée de fauves et d'animaux venimeux terrestres ainsi que de monstres géants marins, truffées de pièges : ravins, crevasses et sables mouvants pour ne citer que ceux-là.
Donc Déméter ne devait plus être la déesse couronnées d'épis qui nourrit mais la sorcière qui fabrique des fruits empoisonnés.

Or on peut constater au final que l'activité industrielle ne fait que de fabriquer des fruits empoisonnés depuis bientôt un siècle.
Ainsi "l’agent actif (l’humain rationnel)" n'est pas étranger à ce qui serait une entité passive (la Nature irrationnelle et sauvage) en fabriquant des fruits empoisonnés. Il EST cette Nature (sa transformation). Il n'y a aucune dichotomie.
L'idée de symbiose de notre existence avec la nature, symbiose dont nous ne pouvons nous dégager,
quoi que nous fassions, est exactement celle que rejette le patriarcat. Dans la mentalité patriarcale, il n'y a pas interdépendance de l'humain à la nature et l'humain ne fait pas partie du vivant à égalité avec tout ce qui vit.
L'humain est au-dessus. C'est une vision christique du monde que même les non-croyants promènent avec eux avec pour conséquence la destruction de tout ce qui vit et qui n'est pas humain. Pire : de tout ce qui n'est pas homo, hominis, masc. : l'homme. Puisque la Nature est assimilée à une femme...

mardi 17 avril 2012

De Rhodopis à Cendrillon

Cendrillon est composé de deux noms. D'une part le mot cendre, symbole d'humiliation et de pénitence (dans la Bible Jérémie se roule dans les cendres, dans l'Odyssée, Ulysse est assis dessus, les pères de l'Église parlent de pénitents se couvrant la tête de cendres ou vivant dans la cendre), d'autre part, le mot souillon.

Cependant la condition de souillon n'exclut pas de faire un mariage somptueux et est peut-être même un atout. Pourquoi ? Parce que s'humilier et se salir est très bien vu de la part d'une femme dans le système patriarcal. Ceci promet un certain sens de la soumission et de la capacité de réaliser le plus de tâches dégradantes possibles sans broncher.
Il en est tout autre de la condition de souillée qui voudrait dire violée ou abusée.

Cette sorte de figure féminine n'est pas représentée dans les contes car la souillée ne peut être qu'une victime de l'homme, tandis que la souillon peut être la victime d'une méchante vieille femme.
Et je m'arrêterai prochainement sur cette figure récurente qui semble être l'éternel pendant de la gentille jeune fille dans la forme contemporaine que revêt ces contes.
Dans le conte le plus ancien, celui de Rhodopis, la maîtresse de "Cendrillon" est un homme et non pas une femme. Rhodopis est une esclave grecque qui travaille pour un maître égyptien passant la plupart de son temps à dormir et laissant tout le travail à ses servantes. Comme Rhodopis est d'une complexion délicate et qu'en plus elle est étrangère, elle est maltraitée par les autres servantes qui ne cessent de la commander toute la journée.
Mais un jour que son maître la voit par hasard danser toute seule, il lui donne des sandales roses dorées. Les autres servante jalouses de cette faveur traitent Rhodopis plus brutalement que jamais.
Un jour, le pharaon invite le peuple d'Egypte à une célébration à Memphis. Les servantes en profitent pour donner à Rhodopis une liste énorme de tâches à accomplir.
Lavant des vêtements au bord de la rivière, elle pose au soleil pour les sécher ses sandales qui se sont mouillées. Soudain le faucon Horus les voit, en prend une et s'envole au loin.
Rhodopis ne remporte qu'une unique sandale chez elle.
Lors de la célébration qui a lieu à Memphis, Horus laisse tomber la sandale sur les genoux du pharaon. Celui-ci réalise qu'il s'agit d'un signe du Dieu Horus. Il décrète alors que toutes les jeunes filles du royaume doivent essayer cette sandale et qu'il épousera celle dont le pied est assez petit pour y entrer.
Le Pharaon fait chercher sa future épouse dans la maison de Rhodopis qui se cache mais il la voit et lui demande d'essayer la sandale. Elle lui va parfaitement et celle-ci possède même l'autre sandale. Le pharaon annonce donc son mariage avec Rhodopis.
Fin de l'histoire.
Ésope en fait également mention dans ses fables.
(Traduction résumée du Wiki anglais).

L'histoire diffère de celle que nous connaissons en deux points principaux :
1.L'homme est celui qui réduit Rhodopis en esclavage mais du moins il est capable de remarquer que son esclave possède un talent opprimé (le sens du rythme, la grâce et la souplesse que requiert la danse).
2. Le Dieu Horus semble vouloir sortir Rhodopis d'une condition qui ne l'honore pas.
Par contre, le conte ancien comme le conte moderne, donnent à l'homme tout pouvoir sur le destin des femmes. Cendrillon ne s'en sort pas du tout par ses propres moyens. Tout au plus est-elle récompensée par le destin pour avoir un instant laissé libre cours à sa vraie nature (une nature artistique).
Horus qui dans le conte ancien représente une vraie autorité sur toute la société égyptienne de bas en haut, ce qui fait que le pharaon se soumet immédiatement à ses signes, est remplacé dans le conte moderne par une petite fée ventripotante qui n'a d'influence et encore, limitée, que sur des objets à savoir ceux qui vont permettre un cours instant à Cendrillon de se faire voir par l'homme censé la sortir de sa situation d'esclave.
Encore une fois, on voit dans l'"évolution" des contes un très net renforcement du message patriarcal.

vendredi 13 avril 2012

De Psychè à Belle


la belle et la bête


Ce mythe devenu conte pour finir en dessin animé disneyen est de loin le plus symbolique de l'aliénation des filles qui a souterrainement été mis en oeuvre au moyen de ce qui est devenu un média.

"Belle" n'est bien entendu pas un nom mais une injonction. "[sois] belle !". Or quand l'on sait que l'histoire originelle est celle d'Amour et Psychè, on saisit que la psyché féminine a été entre temps priée d'abandonner sa richesse et sa diversité d'intérêts pour une seule obsession : la beauté. Ainsi va t-elle bientôt être toute entière tournée vers l'obéissance à l'injonction d'être belle. Alors que dans le mythe grec, Amour (ou Éros) autant que Psychè est censé être d'une beauté surhumaine.

Amour et Psyché :

Psychè est une jeune princesse tellement belle que des milliers de personnes viennent la contempler et l'adorer comme une divinité. Jalouse, Aphrodite ordonne à Éros de la rendre amoureuse du mortel le plus méprisable qui soit. Mais Éros tombe lui-même amoureux de Psyché en se blessant avec l'une de ses propres flèches.
Le père de Psyché, désespéré de voir que sa fille ne trouve pas d'époux, se rend à Delphes pour supplier la Pythie. Mais celle-ci est catégorique : Psyché doit être abandonnée sur un rocher au sommet d'une colline, où viendra la chercher son futur époux, un monstrueux serpent volant. Le père de Psyché exécute les ordres divins et abandonne Psyché à son funeste destin. Cependant,Zéphyr, le doux vent de l'ouest, emporte la jeune femme jusqu'à une merveilleuse vallée. Il la dépose dans l'herbe tendre, non loin d'un magnifique palais fait d'or, d'argent et de pierres précieuses. Psyché y pénètre et y découvre un savoureux festin qui l'attendait. Après ce repas, elle s'endort dans une chambre somptueuse.
Dans la nuit, son mystérieux époux (Éros) la rejoint, lui demandant de ne jamais chercher à connaitre son identité, cachée par l'obscurité de la chambre. Toutes les nuits, il lui rend visite puis la quitte avant l'aurore. La jeune femme apprécie leurs étreintes et les mots doux qu'ils échangent. Rien ne manque au bonheur de Psyché, si ce n'est de connaître le visage et le nom de son amant nocturne, et de revoir sa famille. Ses deux sœurs, amenées au palais par Zéphyr, sont folles de jalousie face à tant de richesse et de bonheur. Elles cherchent à persuader Psyché que son époux n'est rien d'autre qu'un horrible monstre qui finira par la dévorer. Terrifiée à cette idée, Psyché profite du sommeil de son amant pour allumer une lampe à huile afin de percer le mystère. Elle découvre le jeune homme le plus radieux qu'elle ait jamais vu. Mais une goutte d'huile brûlante tombe sur l'épaule du dieu endormi, qui se réveille aussitôt et s'enfuit, furieux d'avoir été trahi.

L'Enlèvement de Psyché, par William Bouguereau.
Folle de chagrin et de remords, Psyché se jette dans une rivière. Mais la rivière, compatissante, la dépose sur la berge, où est assis le dieu Pan qui conseille à Psyché de tout faire pour reconquérir l'amour d'Éros. La princesse part alors à la recherche de son amant. Elle erre de temple en temple, sans succès. Enfin, elle parvient au palais d'Aphrodite, qui la soumet à toutes sortes d'épreuves :
  • Trier, en une soirée, un énorme tas de grains de variétés différentes. Par bonheur, des fourmis l'aident à accomplir sa tâche, et le tas est trié à temps.
  • Rapporter à Aphrodite de la laine de moutons à la toison d'or, qui paissent dans un pré au-delà d'une dangereuse et profonde rivière. Un roseau, ému par l'infortune de la jeune femme, lui indique la marche à suivre.
  • Rapporter de l'eau du Styx, puisée à même une source qui se situe au sommet d'une haute montagne gardée par des dragons. L'aigle de Zeus (le roi des dieux) vient au secours de Psyché tandis qu'elle gravit la montagne. Il va remplir une fiole avec de l'eau du Styx, et la remet à Psyché.
  • Mettre dans une boîte une parcelle de la beauté de Perséphone, la reine des Enfers. Épuisée, Psyché est à nouveau tentée de mettre fin à ses jours. Elle est sur le point de se jeter du haut d'une tour quand, soudain, la tour commence à lui parler, la convainc de rester en vie et lui indique comment réussir l'épreuve. Ainsi, elle parvient à récupérer une parcelle de la beauté de Perséphone. Mais sa curiosité la perd : pensant que la beauté de la déesse l'aidera à reconquérir Éros, Psyché ouvre la boîte et, aussitôt, plonge dans un profond sommeil, pareil à la mort.
Entre-temps, Éros s'est échappé du palais d'Aphrodite, qui l'y avait enfermé. Toujours épris de Psyché, il la ranime doucement avec la pointe d'une de ses flèches. Puis il l'emmène devant Zeus en personne, qui convoque les dieux de l'Olympe"(dont Aphrodite, enfin apaisée), et annonce publiquement son mariage avec Psyché. Celle-ci est invitée à consommer l'ambroisie, ce qui lui confère l'immortalité. Le dieu et la nouvelle déesse sont alors unis en présence de tout le Panthéon, et un merveilleux banquet s'ensuit.
Psyché donne à Éros une fille, nommée Volupté. L'amour (Éros) et l'âme (Psyché) sont ainsi réunis pour l'éternité.
Dans ce conte Psychè est sacrifiée à l'arbitraire des dieux par son père, elle fait des bêtises mais se rachète. Elle est en sorte le chevalier en quête du Graal qui part à la recherche de l'amour de sa vie. Elle a des épreuves à traverser, elle est active et accomplit des exploits même si elle s'en trouve aidée. Elle a quasiment un rôle masculin dans l'histoire.

Avec le temps, c'est devenu ceci :

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Il était une fois un riche marchand. Père de trois belles filles et de trois fils, un jour, il se retrouve ruiné. Ses deux filles aînées trop coquettes et très égoïstes ne supportent pas leur nouvelle existence. La cadette, que l'on nomme La Belle Enfant, préférait lire et remercier tous les prétendants qui voulaient l'épouser. Désormais elle s'adapte aux circonstances et sert sa famille en toute simplicité, se consacrant exclusivement aux tâches ménagères et fermières.
Alors que le marchand part récupérer le chargement d'un vaisseau pour sortir ses enfants de la misère, les deux sœurs aînées, très prétentieuses, lui demandent de leur rapporter des bagatelles. Belle demande une rose. Malheureusement, les créanciers ont précédé le marchand : arrivé au port, il est toujours aussi pauvre.
Sur le chemin du retour, le père découvre un château désert mais accueillant : la table est mise. Il dîne puis s'endort. Le lendemain matin, en quittant le château, il cueille une branche de rose. Une Bête horrible apparaît alors. Elle menace d'abord de le tuer. Puis, la Bête promet au père de le laisser en vie s'il lui livre en échange une de ses filles. Le marchand remplit un coffre d'une grande quantité de pièces d'or, que la Bête lui fera porter chez lui. Cet or servira à doter ses filles. La Belle, la cadette, est prête à se sacrifier pour sauver son père de la menace de la Bête. Ses frères veulent trouver le monstre et le tuer. Le cheval conduit la Belle et son père au château de la Bête.
La Bête ordonne au père de repartir et de lui laisser la Belle, qui reconnaît être venue de son plein gré. La Belle apprend à respecter l'horrible Bête. Celle-ci l'aime au point de l'autoriser à partir retrouver son père, mais pour huit jours seulement. Une bague, posée sur la table, lui permettra de voyager dans l'espace et dans le temps. La Belle rejoint son père ; ses frères sont à l'armée et ses sœurs sont mal mariées : plus jalouses encore de la Belle, elles la retiennent deux jours de plus afin de provoquer la Bête.
La Belle voit dans un rêve la Bête agonisante qui lui reproche de ne pas avoir tenu sa promesse. La Belle rejoint la Bête et lui avoue son amour. La Bête se transforme alors en prince charmant. La famille de la Belle est réunie au château par la fée qui punit les sœurs aînées en les transformant en statues de pierre : elles resteront figées mais conscientes du bonheur de leur cadette jusqu'à ce qu'elles reconnaissent leurs fautes...


Le-Monde-magique-de-la-Belle-et-la-Bete.jpg
Dans ce conte, on a affaire à une jeune fille d'une bonté parfaite qui ne fait rien de travers et se soumet jusqu'au sacrifice à son père.
Son exploit réside exclusivement dans la soumission et à son père et à une bête immonde qu'elle est censée apprivoiser par sa bonté.

Le mythe grecque très baroque est devenu une historiette bien bourgeoise encore plus patriarcale que sa source d'inspiration !
Psychè avait d'autres attributs que la beauté : la curiosité, la patience, la confiance, l'esprit d'aventure.
Rien de toute cela chez Belle, qui n'est que belle et bonne comme le bon pain. Une vraie missionnaire catholique !

jeudi 12 avril 2012

D'Atergatis à Arielle

Reculons le plus loin possible dans le temps et apprenons d'où vient exactement le personnage de la "princesse" mi-femme mi-poisson qui dans le conte d'Andersen/Disney est nommée "Arielle" (nom hébreu formé d'Arieh et El et qui peut être interprété au sens de "lion de Dieu"). A l'origine, on trouve une divinité : Atergatis. Ci-dessous diverses informations sur cette divinité :


1 - Déesse de la lune, "Atergatis" fut dotée d’une queue de poisson parce qu’elle (...) émergeait de l’océan pour y retourner au terme de son long voyage à travers le ciel nocturne.

Elle devait donc avoir une nature amphibie, moitié humaine, moitié poisson. Ce fut sans doute ainsi que naquit la première déesse à corps de poisson. Bientôt ses vertus prirent de l'ampleur et les légendes à son sujet se mirent à proliférer. Si bien qu'Atergatis a créé des " doubles " que l'on rencontre dans d'autres mythologies sous d'autres noms.
(Site sur les Sirènes ici)
Wallpapers Ariel And Eric Disney Cartoon   1024x768

2 - Déesse des Syriens ; on croit que c'est la mère de Sémiramis ; elle étoit représentée avec le visage & la tête d'une femme, & le reste du corps d'un poisson. Atergatis, dit Vossius, signifie sans poisson ; & il conjecture que ceux qui honoroient cette déesse s'abstenoient de poisson.
(Encyclopédie de Diderot et d'Alembert ici)

3 - Dercéto ou Adergatis, adorée à Ascalon était-elle la même divinité qu'Astarté ? Différents témoignages d'auteurs anciens porteraient à le croire. L'auteur du second livre des Machabées parlant de la ville d'Astéroth-Carnaïm qui adorait Astarté dont elle portait le nom dit que cette ville était le temple d'Atergata. (...) Les peuples de Syrie, dit-il, mangent du poisson excepté ceux qui adorent Astarté. Strabon (...) il remarque que la déesse de Syrie qui était certainement Astarté adorée à Hiérapolis était la même qu'Atergatis. Si elle était effectivement la même, sa représentation ne l'était point. La statue de la première à Hiérapolis, représentait, selon Lucien, une femme dans toutes ces parties, au lieu que, (...) la têt et le corps était d'une femme et le reste à partir de la ceinture jusqu'en bas était d'un poisson. Elle était ainsi représentée à cause de la fable suivant laquelle s'était précipité dans un lac voisin d'Ascalon où elle avait été métamorphosée en poisson. Ce qui lui avait fait donner les deux noms qu'elle portait de Dercéto et Atergatis ou Adergatis. Dercéto exprimait la chute (...) de darag (...) tomber, se précipiter.
Le second de (...) addir, dag le grand ou magnifique poisson indiquait la métamorphose mais cette prétendue métamorphose n'était qu'une allégorie qui exprimait le pouvoir et l'influence qu'on lui donnait sur les eaux depuis son apothéose, qui avait fixé son séjour dans la Lune.
(Extrait de : "Histoire de l'Académie royale des inscriptions et belles lettres" ici).

4 - Les noms de la Grande Mère sont nombreux : Inanna pour les Sumériens, Ishtar pour les Akkadiens, Anat à Ugarit, Atargatis en Syrie, Artémis-Diane à Ephèse, Baubo à Priene, Aphrodite-Vénus à Chypre, Rhea ou Dictynna en Crète, Déméter à Eleusis, Orthia à Sparte, Bendis en Thrace, Cybèle à Pessinus, Ma en Cappadoce, Bellone à Rome. Les noms pour désigner Isis sont innombrables.
(site sur Isis)

5- Sur le Wiki allemand Atargatis apparaît sur le revers d'une pièce de monnaie. Il y est indiqué que l'attribut de la déesse était la grenade...(tiens, tiens, le fruit* de Proserpine).

* (la grenade est un fruit qui représente l'unité ou l'unification. En effet, il est composé de grains divisibles réunis en un fruit).
6 -Atargatis, la déesse syrienne (Dea Syria), était adorée dans l'Asie mineure hellénistico-romaine dans l'actuelle région qui couvre Israel, la Turquie, le Liban, l'Égypte, Rome et la Grèce. Le lieu de culte [principal] était Bambyke (Hierapolis) en Syrie. On a [aussi] trouvé une statue d'Atargatis à Rome avec un serpent enroulée autour d'elle (tiens, encore une Eve ! (note d'Euterpe)) avec dans ses sept spirales se cachaient sept oeufs.
Ces lieux d'adoration étaient les vergers et les fleuves. Probablement que le nom Atargatis était une contraction d'Astarte et d'Anath, dont les fonctions étaient essentiellement celles de divinités de la fécondité. Leur trône étaient flanqué de lions ; des épis et une couronne murale étaient leurs attributs.

(...)Le dieu de la Vegetation Ichthys était son amant et la légendaire Sémiramis, fondatrice de la ville de Babylone, sa fille.
Atargatis confia l'éducation de sa fille à une colombe, pendant qu'elle se transformait en divinité mère poisson et démarrait une vie aquatique. En hommage à Atargatis et Semiramis les Syriens évitaient de manger du poissons et des pigeons (colombes).
(Traduit de ce site)
En creusant profondemment pour trouver d'où vient une figure aussi mièvre et débilitante que le personnage de Disney, on finit presque toujours par trouver la femme originelle...
On voit par là ce qui a été recyclé à travers les âges en passant dans diverses mains (Andersen était le conteur de Christian IX du Danemark), entièrement acquises à l'accumulation des richesses et à une économie de marché qui aspire tout tel le fatal trou noir cosmique, les femmes originelles en premier, les déesses mères ainsi que leurs représentations.

Mais Atergatis apparemment se venge. L'eau, son nouvel élément, peut se transformer en très destructeur tsunami. Juste un peu d'eau...

mercredi 11 avril 2012

De Chand Bibi à Jasmine







Chand Bibi
(1547–1599), ou Chand Khatun ou Chand Sultana, fut une guerrière musulmane indienne dite la Jeanne d'Arc indienne.






Chand Bibi naquit en 1547 à Ahmednagar en tant que fille du sultan Husain Shah (1553-1565). Durant sa jeunesse, elle apprit l’équitation, la peinture et la musique. Outre le Persan, langue de rigueur à la cour, elle parlait couramment le turc ainsi que le Marathi, langue locale.
A cette époque, les querelles entre les cinq royaumes du Deccan étaient fréquentes. En 1564, afin d’éliminer le roi hindou de Vijayanagar, les cinq sultans décidèrent de s’unir. Cependant, auparavant, le sultan d’Ahmednagar offrit sa fille, Chand Bibi, en mariage au sultan Ali Adil Shah. La cérémonie se déroula à Ahmednagar et donna lieu à de grandes festivités qui durèrent plusieurs mois.

Après son mariage, Chand Bibi seconda souvent son époux dans les affaires de la cour et l’accompagna sur les champs de bataille. Elle apprit également la langue locale, le Kannada, afin de dialoguer plus facilement avec le peuple. Les habitants du royaume de Vijayanagar récemment conquis commencèrent à contester l’autorité d’Adil Shah. Chand Bibi visita cette région rebelle et mit ses habitants en confiance. Ali Adil Shah mourut en 1580 sans descendance. Son neveu, Ibrahim lui succéda sur le trône. Lorsqu’il accéda au trône, il n’avait que 9 ans et, de ce fait, Chand Bibi devint régente et continua l’oeuvre de son défunt époux en assistant à la cour presque quotidiennement. En 1582, le premier ministre Kishan Khan accusa Chand Bibi de fomenter un complot contre le royaume en invitant son frère Burham Nizam Shah, sultan d’Ahmednagar. En 1582, Chand Bibi fut arrêtée et envoyée en prison au fort de Satara. A cette occasion, les peuples de Bijapur manifestèrent leur colère.
En l’absence de Chand Bibi, le climat politique local se dégrada rapidement. Kishan Khan fut assassiné, et sur ordre de la reine mère, les nobles ramenèrent Chand Bibi à Bijapur. Un noble Hubshi (personne abyssinienne d’origine éthiopienne) participa activement à ce retour et obtint le poste de premier ministre....(suite ici)

(...)


Contemporaine de la reine Elizabeth I d’Angleterre, elle l’égalait tant par ses qualités d’habilité que par son talent politique. Son royaume était aussi vaste que celui d’Angleterre. Son courage, son audace et sa vaillance n’avait eu d’égal que sa modestie, sa générosité et sa beauté. Si les Moghols furent fiers de Nur Jahan ou de Mumtaz Mahal, le Nizamshahi tira sa fierté de Chand Sultana. Les paysans des "Western Ghats" (montagnes de Saihyadri sur la côte ouest de l’Inde) refusèrent de croire à sa mort et préfèrent croire qu’elle s’était échappée par un tunnel et se cachait dans la montagne de Saihyadri afin de revenir chasser les Moghols et de ramener l’age d’or au Nizamszhahi. (Texte complet à lire sur le lien plus haut).



Jasmine : ce prénom tire son origine du persan " yasemin " (la plante qui parfume). En Europe cette fleur officinal originaire d'Inde et connue depuis l'Antiquité était consacré à la Vierge Marie. Elle évoque la grâce, la pureté et l'amour. On la retrouve en couronne sur la tête des anges et des saints.

Je n'ai pas grand chose à dire du personnage de Disney qui se veut certes féministisé parce que présentée comme indocile et dominatrice envers son père, rebelle face à son "promis", mais elle ne se sort de ses difficultées que par l'entremise d'un garçon exceptionnel aux pouvoirs surhumains ce qui par comparaison amoindrit jusqu'à la banalité ses moindres tentatives d'émancipation.

A part ça, j'ai trouvé un texte de la féministe algérienne Yasmina Nawal qui dit sensiblement la même chose que ce que j'ai écrit dans le billet "De Blanche-Neige à Proserpine".

Extraits (le rouge de certains passages sont de mon fait) :

"il n'y a pas de domination, de pouvoir, d'un groupe sur l'autre, d'une classe sur l'autre, de l'homme sur la femme sans qu'il ait enjeux, et l'enjeux pour l'homme, serait la transmission de sa richesse, de son patrimoine à sa descendance, d'où la nécessité de " contrôler " et de gérer la famille.

Cette nécessité de " contrôler " intervient au moment où l'on passe d'une société de cueillette et de chasse, d'une économie de survie, à une économie marchande d'accumulation des richesses.
Dès lors, la matrilinéarité, que l'on pourrait analyser comme la conséquence de la maternité, en raison du " mystère de la conception " qui engendre le rattachement de l'enfant à sa mère par le pouvoir de vie qu'elle détient et dont est exclu l'homme par ignorance de son rôle joué dans le processus de la naissance, se transforma en système patrilinéaire lorsque deux éléments, au moins, convergèrent : La prise de conscience du rôle joué par le père dans la conception de l'enfant, et la transformation progressive de l'économie de survie en une économie marchande, nécessitant la connaissance de sa descendance pour l'homme afin de permettre la transmission des richesses accumulées dont lui seul s'en est trouvé, à un moment ou à un autre, chargé.


Texte complet à lire ici

Tout ça pour dire que l'idéologie d'accumulation des richesses qui perdure aujourd'hui ne fait que bétonner la domination masculine. Il faut avoir conscience de cette dimension politique. Le néo-libéralisme est un système économique à 100% oppresseur des femmes. Il est impossible d'y développer la moindre égalité hommes/femmes à l'intérieur.

lundi 9 avril 2012

La Valkyrie au bois dormant







Les poèmes eddiques : Helreið Brynhildar (le voyage de Brunehilde au séjour de Hel (la déesse des morts)) et Sigrdrífumál (où Odin pique Brunehilde de l'épine du sommeil), ainsi que la Völsunga saga (dans laquelle on trouve encore une histoire de pomme soporifique), racontent que Brynhildr est une jeune valkyrie (une vierge guerrière) qui prête serment à un roi vaillant, Agnarr. Lorsqu'une bataille oppose les rois Agnarr et Hjálmgunnarr, le dieu Odin promet la victoire à ce dernier mais Brynhildr pour être plus sûre de sa défaite, tue Hjálmgunnarr. Pour la punir de son initiative, Odin la maudit d'un sommeil magique et l'enferme dans un mur de flammes que seul un homme qui ne connaît pas la peur pourra traverser.

Après avoir tué le dragon Fáfnir, Sigurd, l'homme en question est conseillé par des oiseaux de libérer Brynhildr. Il se rend au lieu de repos de celle ci et traverse le mur de flamme avant de réveiller la valkyrie en lui coupant sa cotte de maille avec son épée.

On remarqua que La Belle au bois dormant est, à l'origine, l'histoire d'une rebelle. On est donc loin de la mièvrerie de Walt Disney que l'on doit également aux frères Grimm.
De plus la menace permanente d'une femme à la fois mauvaise et magicienne appelée "sorcière" qui plane sur l'héroine ne se retrouve guère dans les mythes d'origine où ce sont bien plus les hommes qui "punissent".

Dans la version Disney/Grimm, un détail intéressant est à relever : la "roue éternelle du temps" des contes eddiques, devient un rouet. Du coup on retrouve, comme chez Blanche-Neige, une allégorie des saisons car plusieurs siècles durant, il était interdit aux femmes de filer pendant la période de Noël, c'est dire du 12 décembre au 6 janvier environ. Chez Disney/Grimm, on brûle tous les rouets du royaume pour que l'adolescente ne se pique pas.
Or la piqûre ayant un rôle socialisant de première importance, elle DOIT se piquer.

Dans "De l’épingle à l’aiguille, l’éducation des jeunes filles au fil des contes"
de l'ethnologue Anne Monjaret, (extrait résumé :) le langage des épingles et des aiguilles est celui qui exprime au mieux l’état d’entre-deux de la pubère. Dans la société paysanne du XIXe et du début du XXe siècle, de l’enfance à l’état adulte, les filles apprennent les pratiques quotidiennes et rituelles qui préfigurent les futurs rôles à tenir. Leur socialisation passe par l’acquisition de savoir-faire autant que par l’incorporation d’attitudes corporelles que traduit un langage de l’apparence.
À leur baptême, elles peuvent recevoir de la part de leur marraine, qui est parfois leur tante, une première parure mais pas n’importe quelle parure, des boucles d’oreille qui les lient d’emblée aux objets piquants. Dès leur plus jeune âge, elles sont occupées aux travaux d’aiguille, tricot et couture; derrière ces tâches se cache une leçon de maintien corporel et de docilité. Puis vient le temps de la première communion au mois de mai de l’année de leurs douze-treize ans. Il entérine la sortie de l’enfance, une séparation qui n’est qu’une étape conduisant au statut de «fille à marier». Pour confirmer ce statut, il faut attendre que l’écart physiologique entre celles qui sont réglées et celles qui ne le sont pas, soit résorbé. Lors de la première communion, des boucles leur sont offertes. Si les oreilles ne sont pas encore percées, il faut s’empresser de le faire car la période admise pour cet acte se clôt, ce percement s’effectuant plus couramment vers l’âge des cinq ans. D'ailleurs les couturières ont pu anciennement se servir de leur aiguille pour percer le lobe des oreilles des fillettes où se portent boucles d’oreille, anneaux et pendants dits “dormeuses”». Tiens, tiens...

Dans les langues germaniques, la Belle au bois dormant s'appelle "Rose épineuse" nom qui évoque plus la vierge (rose) guerrière (armée d'une grosse épine : sa lance) qu'une endormie (belle de surcroît) !


A propos du sommeil : l’histoire de La Belle au Bois Dormant pourrait mettre en lumière l’une des préoccupations majeures des parents d’une petite fille : freiner l’éclosion de sa maturité, figurée par le sommeil. L’incident de la piqûre est alors perçut comme une punition pour empêcher la jeune fille, pas encore femme, d’avoir accès au désir sexuel, en la plongeant dans un profond sommeil narcissique. (On est loin de l'excision mais on y pense quelque peu).


Ici un extrait du blog "La mélancolie d'une otaku" : Femme, sois belle et le bonheur te tombera tout cuit dans le bec. Voilà c’est tout ! Blanche-Neige est jolie, elle se contente de faire une tarte aux prunes et de temps en temps elle passe le balai : elle récupère le prince charmant à la fin. Cendrillon est jolie, elle fait le ménage et va pleurnicher sur les genoux de sa marraine : elle récupère le prince à la fin. Aurore est jolie, elle danse avec un hibou dans la forêt et elle roupille en attendant que quelqu’un vienne lui apprenne à se servir d’une aiguille à coudre : elle récupère le prince à la fin. Toi, fille ordinaire, sois jolie, soigne ton apparence (tiens, exactement comme le font les méchantes sœurs des contes originels) et attends : tu récupéreras le prince à la fin. Crois juste en tes rêves et ne fais jamais rien pour les réaliser. Quel message paradoxal ! Sous les dorures de ces magnifiques dessins-animés, on gratte à peine et on trouve déjà le germe d’une morale d’autant plus dangereuse qu’elle se grave en nous sans qu’on n’y fasse attention (c’est la magie du conte).



Aussi suis-je consternée encore aujourd’hui lorsque je rencontre des filles qui ont pour modèle plus ou moins inconscient cet idéal « disneylien » parce qu’au fond elles se rendent malheureuses elles-mêmes en espérant quelque chose d’impossible, en essayant de satisfaire des exigences trop hautes. J’en ai connu et je me rappelle nettement les avoir choqué en soulignant le fait que le prince de Blanche-Neige est, sans nul doute, un nécrophile (ou alors un type louche), comme si je brisais un doux rêve.

« Il y a quelqu’un pour moi quelque part, je l’attends sous mon cercueil de verre. Il y a quelqu’un rien que pour moi, quelqu’un à qui je suis nécessaire, il me cherche dans les plaines, dans les forêts, en haut des montagnes, au fond des gouffres. Il y a quelqu’un qui va venir me chercher, il m’emmènera dans son château, dans cette bulle d’amour que rien ne brisera. Il y a quelqu’un pour moi, j’étouffe d’attendre sous mon cercueil de verre. »

jeudi 5 avril 2012

De Proserpine à Blanche-Neige









De Proserpine à Blanche-Neige, il s'est écoulé beaucoup de temps pour arriver à l'image kitsch que l'on connaît de Disney et qui fait de ce personnage féminin une "babiole sans valeur" (définition du kitsch) à l'allure de vieux bébé potelé aux couleurs criardes et à la texture de matière plastique.
Il a fallu que le monde change grandement.
A l'origine lorsque l'espèce humaine avait encore une occupation essentiellement agricole, la déesse Proserpine était vénérée comme divinité mystérieuse de la fécondation de la terre et l'on ne commençait les semailles qu'après lui avoir fait des offrandes. On disait qu'elle passait six moix sous la terre (auprès du dieu des Enfers) et six mois au dessus (auprès de sa mère, la déesse Déméter). Les grecs ont inventé un récit de rapt pour expliquer ce phénomène du retour des saisons qu'incarne Proserpine (Perséphone pour les grecs). Puis les romains ont repris le mythe.

Les contes de fées sont d'anciens mythes qui ont perdu leur caractère sacré et n'ont plus été que racontés avec une certaine distance ironique aux enfants, ceux-ci étant considéré comme seuls encore capables de croire en ces histoires devenues fariboles à mesure que se sont développés le commerce et l'expansion des cités. Avec, entre autres, le brassage des populations, divers cultes ont perdu de leur sens. Les histoires qui leur étaient attachés également.

A l'époque du christianisme, elles étaient cependant encore assez vivaces pour que les chrétiens soient obligées de les ingérer puis de les modifier à leur convenance. Ainsi Proserpine qui mange le fruit défendu (elle doit rester en enfer si elle touche aux fruits du jardin des morts (ce qu'elle fait)) ne tarde pas à se tranformer en notre Eve bien connue, symbole du péché originel, qui elle, ne sera jamais une déesse vénérée entre toutes les déesses puisque le féminin sacré va disparaître complètement des nouvelles formes de cultes. Cultes qui coïncident directement avec les nouvelles activités humaines beaucoup plus tournées vers le commerce. Ils coïncident également avec le début du pillage des ressources naturelles. Le monde souterrain cessera d'être sacré à partir du moment où l'on y creusera des mines.
Parallèlement aux nouvelles religions dont le féminin sacré fera les frais, se développent les contes pour enfants.
Ils rassemblent ces inspirations diverses (mythes et légendes) et sont reliés aux préoccupations des époques nouvelles. En ces temps nouveaux, les filles sont essentiellement vues comme encombrantes car elles doivent apporter une dot en mariage. Ainsi, dans les contes, elles se marient à des princes et dépassent le problème de la dot. Elles sont si belles que le prétendant, déjà assez riche, n'en demande pas plus. C'est aussi ce que l'on attend des filles et c'est pourquoi on leur raconte ce type d'histoire : un mythe de Prosperine recyclé pour une usage adapté aux circonstances, avec pour message premier : soigne en tout point ton apparence et fais-toi aimer d'un homme riche, ainsi tu ne coûteras rien à la communauté.
Aujourd'hui on ne verse plus de dot au mari pour l'entretien de sa femme. Mais le diktat n'a pas changé, la fille reste une entité qui n'a pas une place déterminée ou alors uniquement décorative/reproductive ce qui ne fait d'ailleurs pas d'elle un être de valeur.

Ce qui prouve que la dot était bien un faux prétexte pour donner aux filles l'impression d'être un fardeau.
Autre notion inculquée à la petite fille : la femme adulte n'est pas là pour la guider mais pour la poursuivre de sa jalousie.

Dans l'histoire de Blanche-Neige, on retrouve certains thèmes du mythe de Proserpine. En particulier sa fuite chez des créatures (des "élémentaux" selon la mythologie scandinave) de la terre qui travaillent dans des mines souterraines. De plus son nom évoque la période hivernale.

(Ill. : Blanche-Neige selon Disney / Proserpine selon Rossetti)

Le kitsch colle à notre époque où l'infantile est maintenant recherché et adulé. Le conte pour enfants n'est plus pour enfant mais pour nous tous qui sommes assimilés à des enfants. C'est comme si l'éloignement de l'humain à la terre nous empêchait de devenir adulte et nous maintenait dans un diktat de consommation (comme le bébé qui ne fait rien d'autre que de manger et dormir). D'ailleurs la pop américaine incarné par Mickey a engendré une nouvelle forme d'art qui va plus loin encore : le kawaii (infantilisation des corps) et superflat (un univers sans profondeur ni perspective) véhiculés par la pop japonaise issue de Mickey. Un bon article sur le kawaii et superflat ici.

Conclusion : l'économie néo-libéral ne peut qu'entraîner toujours plus de machisme et donc d'infantilisation (car l'homme qui ne se préoccupe pas de l'éducation des enfants et le délègue entièrement à la femme reste lui-même un enfant). L'infantilisation à plus ou moins long terme conduit à la disparition totale de notre espèce.

mercredi 4 avril 2012

La princesse comme modèle de la féminité au profit de l'homme

Trouvée sur le blog " Je putréfie le patriarcat" sous la rubrique "Disney, l'apprentissage du sexisme", cette image sur les bêêêlles princesses des films de Disney qui ont alimenté notre imaginaire de petite fille (oh la belle robe rose ! Oh la belle robe bleue !) m'a donné envie d'en faire un billet.

1. Blanche-Neige : sa sexualité naissante représentante une menace pour une autre femme, elle est donc tuée. Son unique atout, sa beauté physique, est ce qui la sauve à la fin.

2. La Belle au Bois dormant : fiancée dès la naissance pour consolider une position politique, elle est tout de même tuée par une autre femme. Son propriétaire..hem...fiancé la sauve avec un baiser. Le sexe est donc son unique recours.

3. Jasmine (Aladin) : cette princesse doit être mariée parce que la loi le requiert. Sa répugnance pour le mariage cause à son puissant père toutes sortes de problèmes. Elle est réduite en esclavage par un autre homme puissant et ne doit son salut qu'à la ruse d'un vagabond.

4. Arielle (La petite Sirène) : Celle-ci change radicalement son apparence afin d'être plus attirante pour un homme. Le prix à payer : ne plus pouvoir parler. Pas de problème, elle n'a rien à dire de valable de toute façon. Elle est sauvée par un prince.

5. Belle (La Belle et la Bête) : Elle sauve la vie d'un prince avec son seul atout : sa sexualité.

6. Cendrillon : Elle est sauvée de terribles conditions de vie par un prince. Il ne le fait pas parce que ces qualités de travailleuse acharnée le séduit mais parce qu'elle est belle.


Conclusion : Mesdames soyez belles et taisez-vous, c'est tout ce que l'on attend de vous.


Ces contes sont anciens et d'inspirations diverses :

1. Blanche-Neige est une déformation de la légende de Proserpine. Elle ne doit manger aucun fruit en Enfer où elle est recluse, enlevée par Pluton, le Dieu des Enfers. Mais comme elle a mangé une grenade et donc de la nourriture des morts, elle doit rester en Enfers. Sur cette trame de base s'est greffé des histoires de second mariage et de jalousie de belle-mère à belle-fille, apparemment un problème récurent au XVIIIe siècle quand les frères Grimm ont écrit leurs contes.

2. La Belle au Bois dormant a pour origine un conte du XIVe siècle "Perceforest"
: Le vent Zéphyr, se présentant sous la forme d’un oiseau, propose à Troïlus de le transporter dans la tour où la belle Zellandine, victime d’un enchantement a été condamnée à se piquer d’une écharde la première fois qu’elle filerait, par Thémis qui n’avait pas trouvé comme ses consœurs fées de couteau sur la table du repas de naissance et se venge. Troïlus s’éprend de la jeune endormie et couche avec elle sans la réveiller.Toujours endormie, elle accouche neuf mois plus tard d’un nouveau-né, qui cherchant le sein de sa mère, tète son doigt. L’écharde sort et Zellandine revient à la vie.
L'histoire selon Disney et les frères Grimm pioche également dans celle de Brunehilde, personnage mythologique allemand :
(extrait) pour la punir de lui avoir désobéi, Odin maudit Brunehilde d'un sommeil magique et l'enferme dans un mur de flammes que seul un homme qui ne connaît pas la peur pourra traverser. Après avoir tué le dragon Fáfnir, le héros Sigurd goutte son sang et comprend alors par magie le langage des oiseaux, et il est conseillé par des mésanges de libérer la valkyrie Brunehilde. Il se rend au lieu de repos de celle ci et traverse le mur de flamme avant de réveiller la valkyrie. La valkyrie enseigne sagesses au héros, secrets et conseils, puis ceux-ci se quittent en se faisant serment de mariage.

3. Aladin et Jasmine : tiré des Mille et une Nuits, la version disneyenne est très éloigné du conte d'origine : Aladin qui parvient à maîtriser les pouvoirs d'une lampe magique devient assez riche et puissant pour obtenir la main de la fille du roi. Mais son méchant maître tente alors de récupérer la lampe, notamment en exploitant l'ignorance de la femme d'Aladin, qui cède la lampe pour des babioles. Aladin doit alors de nouveau faire preuve de ses capacités à récupérer ou conserver la lampe, et finalement triompher. Sa femme dont on ne connaît pas le nom joue un rôle négligeable dans l'histoire.

4. Arielle : Andersen a entièrement crée la conte de la Petite Sirène mais à l'origine
les sirènes étaient des femmes normales, elles auraient été les compagnes de Proserpine (en grec Perséphone ; ce qui nous ramène à Blanche-Neige), et auraient laissé Pluton (en grec Hadès) l'enlever. Comme punition pour ce crime elles furent transformées en sirènes et chantaient par la suite des prophéties ou des chansons relatives aux Enfers, le royaume d'Hadès. Euripide évoque le caractère funéraire des sirènes ce que confirment les représentations de sirènes sur des stèles funéraires.

5. La Belle et la Bête : Apulée en a fait un conte appelé l'Âne d'or mais en fait il s'agit du mythe d'Amour et Psyché. Extrait de l'Âne d'Or : Un roi et une reine ont trois filles très belles mais la plus jeune est d’une telle beauté qu’elle éclipse celle de Vénus, au grand dépit de celle-ci.
Vénus appelle son fils Amour. « Venge ta mère. Rends Psyché amoureuse de l’homme le plus vil. »Psyché est admirée comme une belle statue, personne ne demande sa main, elle pleure sa solitude. Ses deux sœurs ont épousé des grands rois. Le père consulte les oracles: « Expose ta fille pour un hymen funèbre, un monstre l’emportera. » Désolation. Psyché est abandonnée sur un rocher. Zéphyr l’emporte dans un lieu paradisiaque, près d’un merveilleux palais. Psyché y entre. Elle entend des voix mais ne voit personne. Bain, repas, concert, elle est somptueusement servie. Elle va se coucher. Dans l’obscurité, un mari inconnu fait d’elle sa femme et part avant le jour. Et ainsi jour après jour. L'histoire complète est très longue. Voir ici.

6. Cendrillon qui n'a pas de nom dans le conte que nous connaissons, s'appellerait
d'après le géographe grec Strabon, Rhodopis (Yeux de rose), du moins en ce qui concerne l'affaire de la pantoufle de vair : « Un jour, comme elle était au bain, un aigle enleva une de ses chaussures des mains de sa suivante, et s'envola vers Memphis où, s'étant arrêté juste au-dessus du roi qui rendait alors la justice en plein air dans une des cours de son palais, il laissa tomber la sandale dans les replis de sa robe. Les proportions mignonnes de la sandale et le merveilleux de l'aventure émurent le roi; il envoya aussitôt par tout le pays des agents à la recherche de la femme dont le pied pouvait chausser une chaussure pareille; ceux-ci finirent par la trouver dans la ville de Naucratis; et l'amenèrent au roi qui l'épousa et qui, après sa mort, lui fit élever ce magnifique tombeau. » (à savoir la pyramide de Mykerinos à Gizeh). Là-dessus c'est greffé au fil du temps l'histoire de la fille d'un premier mariage persécutée par la nouvelle épouse pour que l'héritage aille aux enfants du second lit.
conte_de_fee


AH ! L'univers des contes ! Il n'est pas aussi féérique que cette image voudrait bien le fait croire !

J'ai l'impression que ce billet fait un peu écho à celui de Sandrine qui parle des représentations de femmes sans tête en train de se multiplier dans notre paysage iconographique. La tête c'est la parole. Les princesses de Disney sont priées de se taire. Celles qui ont des voix tombent dans un profond sommeil (donc ne peuvent parler) ou doivent cacher leur véritable identité (Cendrillon, par exemple (mais qui n'a, en fait, pas d'identité)).