mercredi 30 novembre 2011

Idéologie de la dangerosité de la femme : 3 - la violeuse

vicieuse et incestueuse de surcroît.

Dans la Bible quand l'homme commet un geste que l'on jugerait criminel, violent voire "inapproprié" comme dirait Bill Clinton, son bras ou ce qui lui sert à commettre le geste est généralement guidé par Dieu. Quand la femme fait un truc qu'il ne faut pas faire, c'est soit le diable soit sa "nature" ou ce que l'on veut qui l'y pousse mais en aucun cas Dieu. Soyons clair là-dessus.
Dieu aurait soi-disant fait un jour une femme à son image puis il l'aurait mise à la poubelle pour en faire une autre (Eve) à l'image de qui ou de quoi ? On s'interroge encore.
Donc, dans la Genèse après l'affaire Pomme/Paradis où Eve en a pris pour perpétuité, arrive quelquepart après le sacrifice d'Abraham, l'épisode dite des "Filles de Loth", Loth étant le neveu d'Abraham. C'est là qu'on découvre l'abîme de vices que la Fâme représente à elle toute seule et l'on est sidéré. Les filles, sans nom, pourquoi s'embarrasser du nom d'une fille, l'essentiel étant de connaître le nom du père (l'innocence et la bonté personnifiées, ai-je besoin de le préciser), violent leur père après l'avoir enivré. Très fort. Voilà un "fait divers" que nous n'avons plus jamais lu dans la presse depuis l'Ancien Testament, à croire que les enfants de sexe féminin prêts à tout pour violer leurs parents de sexe masculin ne se bouscule pas au portillon, par contre le nombre de cas radicalement inverses qui se sont accumulés depuis ces temps reculés est vertigineux.
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Peinture de Marcantonio Franceschini.

Non mais regardez ce pauvre homme ! Totalement irresponsable précise la Bible : « il ne s'aperçut ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva ». C'est pourquoi aujourd'hui quand il est question de viol (du viol d'une femme s'entend) c'est à la victime de prouver les faits et non à l'auteur (100% masculin) de faire la preuve de son innocence qui est un don de Dieu et ne se retire pas comme cela sur une simple "présomption" (retenez bien ce mot), enfin quoi !

Ici un échantillon de la somme de tableaux réalisés sur le sujet. Et aucun d'entre eux n'a été peint par une femme. Comme c'est étrange....

lundi 28 novembre 2011

Idéologie de la dangerosité de la femme - 2 : la fauteuse de trouble

ou "celle par qui le scandale arrive", ou "la déclencheuse de catastrophe".

Au Paradis c'était....le paradis comme son nom l'indique même s'il y avait des pommiers tentateurs qui perturbaient un peu l'ambiance. On voit d'ailleurs par là que tout n'était pas rose, mais cela n'aurait point porté à conséquence si la Fâme, cette créature très très suspecte dont on ne sait pas trop de quelle manière elle a été fabriquée, les versions varient sur ce point, était capable de se tenir tranquille comme le commun des mortels qui est un homme, bien sûr. Parce qu'à cause d'elle, qui paie les pots cassés maintenant ? Le monde entier ! Pas moins !
Le couple a goûté la pomme de la connaissance (vive l'ignorance,donc) et Dieu le chasse du Paradis en appellant toutes sortes de malheurs sur lui. Mais Adam, l'amour et l'innocence personnifiées (qui rigole, là ?), a des circonstances atténuantes, lui. Y savait pas. Il est si doux que jamais il ne se serait imaginer des choses pareilles ! Donc Dieu qui est du même sexe que lui, ne va pas être trop vache en ce qui le concerne. Par contre la Fâme devra en baver désormais, que cela lui plaise ou non. Elle l'a largement mérité cette créature anormale. Elle accouchera donc dans la douleur (obligatoire) et l'homme pourra l'obliger à le servir + se défouler sur elle si bon lui semble (facultatif mais très prisé). Elle n'avait qu'à pas déclencher de catastrophe. Déjà qu'elle n'est même pas comme Dieu ! Dieu créa l'homme à son image, pas la femme. Il n'y a pas de modèle à l'origine de la femme. Elle n'est l'image de personne et n'a elle-même pas d'image (donc pas d'image à défendre ni préserver = la pub, par exemple, peut triturer son apparence comme bon lui semble, la Bible lui en donne le droit).



Cranach : Adam et Eve chassés du Paradis

Idéologie de la dangerosité de la femme - 1. La tentatrice

Voici trois tableaux attribués à Lucas Cranach représentant "Eve la tentatrice" et ce n'est qu'un échantillon très réduit des toiles consacrées à ce thème produites par cet "industriel" de la peinture que fut Cranach. Je l'appelle "industriel" parce qu'il tenait un atelier dans lequel travaillaient sous ses ordres nombre de peintres et peintresses. Les tableaux qui y étaient effectués correspondaient principalement à des commandes. Cela veut dire que beaucoup de familles assez aisées pour se payer un tableau optait pour ce motif.
Sur le premier. Eve fourre quasiment la pomme dans la bouche d'Adam, le serpent surplombe la tête d'Eve et ne s'adresse qu'à elle. Adam prend à témoin le spectateur avec l'air de dire : "Voyez ce qui m'arrive !" Il semble impuissant, d'autant qu'il n'a pas les mains libres pour repousser la tentatrice car il lui faut tenir un rameau pour cacher leurs sexes à tous les deux et son autre bras est placé gentiment autour des épaules de sa bien-aimé car l'homme n'est qu'innocence et amour. Tandis que la femme....
Le tableau suivant se trouve dans le générique de la série télévisée "Desperate Housewives". Il faudra que quelqu'un m'en explique la raison. Sur celui-ci
Eve prend directement la pomme de la bouche du serpent. Adam fait le geste de se défendre du bras. "Moi ?" semble t-il dire alors qu'il n'y a personne d'autre sur Terre normalement.



Sur le troisième tableau (un diptyque), Adam se gratte la tête. Doit-il prendre la pomme ou non ?

cranach-adam-eve1

Pardon pour la mise-en-page chaotique de ce billet mais je ne suis pas encore en mesure de placer du texte à côté d'images même si cela a mystérieusement marché pour la première.



Ajout du 29.11 (le générique de Desperate Housewives)



La pomme est énorme et écrase Adam. Faut-il comprendre qu'il n'est pas mûr pour la connaissance ? :) Néanmoins à la fin du générique toutes les protagonistes de la série tiennent une pomme dans la main telles une poignée d'Eves tentatrices. Ce qui prouve que l'on ne renonce pas si facilement à une recette qui marche comme celle de la dangerosification artificielle des femmes.
D'après ce lien fourni par Hypathie, ce générique présenterait la femme au foyer à travers les âges. Désolée mais Eve n'était pas DÉJÀ femme au foyer au Paradis quand même ! Si ?

Ajout du 8.1.2012 un lien particulièrement intéressant. Et un autre.

mercredi 23 novembre 2011

Nous devons apprendre à faire la différence entre la nudité et le sexe

Ces trois nus sont d'une femme : Lavinia Fontana dont une excellente biographie a été publié sur le site d'Agoravox. Il y est dit qu'à son époque Lavinia Fontana osa même s’affranchir des tabous pour exécuter des nus, tant féminins que masculins, ce qui n'aurait sans doute pas manqué de faire jaser dans l’Italie du Cinquecento. Pas au point toutefois de couper Lavinia du Vatican où son père était introduit. Deux papes poseront d’ailleurs pour elle (Grégoire XIII et Clément VIII) et – fait là encore inédit dans l’Italie du 16e siècle – lui passeront d’importantes commandes rémunérées à l’égal des commandes passées aux hommes.
Après examen attentif des nus de l'artiste, je pense avoir trouvé des détails qui dévoilent le sexe de leur autrice.

Vénus à sa toilette : placée exactement au centre de l'image, posée sur le bord du bassin comme sur un trône, elle SE regarde et indique avec son doigt son propre reflet !
Allégorie (en fait il s'agit de "Uranie" ! Merci à JEA !) : elle mesure sa cuisse avec un compas (et l'on voit trois fois son visage ! Un corps nu à trois visages cela nous change des nus aux têtes dissimulés ou détournés sans parler des troncs carrément décapitées de la pub)

"Minerve se vêtant" c'est Minerve, la déesse de la guerre. Elle est seule, elle agit, il n'y a aucun homme dans l'image, bouclier et armure sont les siens. Elle ne se déshabille pas : elle s'habille !

Images subtilement rebelles ?

Aliaa Magda El-Mahdy (...) ose poser entièrement nue sur son blog (...), seulement vêtue de longs collants noirs et de chaussures rouges, (...) ose car cela est mal vu en son pays. Mais la provocation n'est pas érotique, elle est politique, car la belle est rebelle, athée, libérale [pas dans le sens politique où nous l'entendons en occident, ndc],végétarienne, individualiste et féministe au pays des mollahs [il me semble que les mollahs sont chiites, non ?, ndc].Elle entend critiquer, en images, en paroles et en idées, la censure des militaires et la poussée des Islamistes qui commencent à tout censurer en Egypte. Ainsi, lorientlejour.com dénonce: "À l’approche des premières élections législatives post-Moubarak, la tension entre libéraux et islamistes égyptiens ne fait que monter. Ainsi, des partis radicaux, comme celui d’al-Nour (salafiste), multiplient les coups d’éclat pour affirmer leur présence et imposer leur loi. Ils ont déjà recouvert d’une burqa les sirènes qui ornent la fontaine de Jupiter au centre d’Alexandrie, et remplacent, à présent, les photos de leurs candidates sur les affiches électorales par des images de fleurs, ou bien par le portrait de leur... époux. À leurs yeux, l’expression de la nudité dans toutes ses formes, y compris artistique, est intolérable". Se montrer nue, qui est déjà un manque de pudeur en Egypte, est surtout courageux, voire suicidaire avec des intégristes. Comme le précise Le Canard enchaîné du 16 novembre, l'intrépide "se présente comme la petite amie du blogueur Karim Amer, condamné à 4 ans de prison en 2007 à Alexandrie pour "insulte à l'Islam". Tout en appelant à la libération d'un autre blogueur en gréve de la faim. Maïkel Nabil, emprisonné après la révolution pour avoir "critiqué l'armée au pouvoir". Dernières provocations, elle appelle les hommes à porter le voile et demande que la mention de la religion n'apparaisse plus sur sur les cartes d'identité égyptiennes. On comprend combien la belle risque gros !

(Source)

Sur Twitter, le militant Ahmed Awadallah a salué son initiative. «Je suis totalement renversé par sa bravoure», a-t-il écrit.

Une personne qui s'est identifiée sous le nom d'Emad Nasr Zikri a écrit sur le blogue: «Nous devons apprendre à faire la différence entre la nudité et le sexe». Il a affirmé qu'avant que l'Égypte ne soit influencée par les fondamentalistes, «il y avait des modèles nus dans les écoles d'art afin que les étudiants puissent les dessiner».

Une centaine de personnes ont aimé son commentaire, tandis que des milliers d'autres ont inondé le blogue d'insultes. Certains ont qualifié la blogueuse de «prostituée» et de «malade mentale», tandis que d'autres ont exhorté la police à l'arrêter.

La jeune femme et son copain Kareem Amer, lui aussi un blogueur controversé, ont déjà ébranlé les moeurs de la société égyptienne dans le passé. Plus tôt cette année, ils ont mis en ligne une vidéo tournée avec un téléphone cellulaire dans laquelle on pouvait les voir débattre avec les responsables d'un parc qui venaient de les expulser pour avoir manifesté des signes d'affection en public.

Kareem Amer, qui a passé quatre ans en prison pour un texte jugé insultant pour l'islam et pour avoir qualifié Hosni Moubarak de «symbole de la tyrannie», a réprimandé les progressistes qui ont condamné le geste de sa copine.

«Nous ne devrions pas tant avoir peur des gens au pouvoir et des islamistes que des politiciens qui se prétendent progressistes», a-t-il écrit sur sa page Facebook. «Ils sont prêts à nous sacrifier pour éviter de ternir leur image.»

(Source)

Pour ce qui est de la toute dernière phrase de Kareem Amer : je me demande si c'est tellement différent chez nous (?)

lundi 21 novembre 2011

La grâce à l'étroit

A partir du XVIe siècle, les corps de femmes nues sont de plus en plus représentées dans la peinture sous prétexte de scènes plus ou moins tirées de la mythologie grecque. Bien entendu ces représentations sont uniquement autorisées aux hommes, les femmes n'ont le droit ni d'étudier le nu et l'anatomie, ni même de peindre des motifs moins "dangereux" (pour leur Salut) comme le paysage.

Les trois grâces de Cranach ont très peu l'air d'anciennes beautés grecques et beaucoup l'allure de jeunes filles allemandes de la société contemporaine du peintre.
Les femmes se trouvent donc représentées nues sans qu'il leur soit demandé ce qu'elles en pensent et sans être autorisées elles-mêmes à le faire.
Ce qui représente en soi une forme de dépossession insupportable.
Aujourd'hui l'interdiction pour les femmes de se représenter nues est levée, certes, mais elle et remplacée par un abus de représentation dénudée de la femme et une instrumentalisation sytématique de son corps, principalement à des fins mercantiles. L'autorisation faites aux femmes de se peindre, photographier, filmer elles-mêmes est compensée par une surenchère de sa mise à nu par l'homme. Le rapport doit être de 1 à 3 ou peut-être même de 1 à 3000.
Aujourd'hui, notre corps continue donc de nous échapper.

C'est pourquoi nous appelons encore et toujours à la restitution de notre corps. Mais voici qu'une jeune égyptienne vient d'affirmer la réappropiation du sien et a pris l'initiative de s'en servir pour proclamer sa liberté.
Pour cela elle ne prend pas de poses lascives comme les "grâces" de Cranach mais bien campée et conquérante, son bras d'honneur est une jambe d'honneur chaussée de rouge.
Alia Magda al-Mahdi, 20 ans, étudiante en arts et médias, a brisé un tabou en Égypte. Son action lui a attiré des menaces mais aussi des démonstrations de solidarité ..

L'étudiante à l'université américaine du Caire a publié sur son blog, entre autres photos : l'une montrant un homme nu avec une guitare et Mahdi avec des rectangles jaunes devant les yeux, la bouche et le sexe. Ils représentent "la censure de notre savoir, de notre expression et de notre sexualité", commente t-elle dans le blog qu'elle a intitulé "Journal d'une rebelle". Elle dénonce une "société de violence, de racisme, de sexisme, de harcèlement sexuel et d'hypocrisie".

Le 1er novembre, Aliaa al- Mahdi avait déjà créé la sensation en demandant aux hommes de se voiler. Plusieurs hommes avaient posté leur photo, avec un voile, sur sa page personnelle, en signe de solidarité.

Aliaa se décrit comme « non religieuse, libérale, végétarienne et égyptienne individualiste ». "J'ai le droit de vivre librement n'importe où", revendique-t-elle. Sa démarche est sans précédent en Égypte.

Les femmes israéliennes lui ont apporté leur soutien.

samedi 19 novembre 2011

Comment on devient DSK selon les idées du XVIe siècle

A propos de comportement "à la DSK" (comportement destructif envers les femmes et sentiment de supériorité et d'impunité absolues), on trouve ce dialogue dans l'Heptaméron de la reine de Navarre à la fin de la 34e nouvelle en forme de digression, dialogue que j'ai entrepris de disséquer pour analyser la mentalité de l'époque, pas si éloignée de la nôtre dans le fond mais énormément dans la forme, un échange très intéressant sur l'idée que l'on se faisait au XVIe siècle des ravages de l'orgueil :
- "Ne vous ai-je pas lu au matin, dit OIsille, que ceux qui ont cuidé [cru] être plus sages que les autres hommes et qui, par une lumière de raison, sont venus jusqu'à connaître un Dieu créateur de toutes choses [ceux qui sont parvenue par un éclair d'intelligence à comprendre qu'il fallait lâcher prise parce qu'il existe une force qui nous dépasse en laquelle nous sommes bien obligés de faire aveuglément confiance*], toutefois, pour s'attribuer cette gloire [comme leur égo surdimensionné leur ont fait croire qu'ils avaient découvert cela tout seul ], et non à Celui dont elle venait [au lieu de conserver un peu d'humilité], estimant leur labeur avoir gagné ce savoir [estimant que c'est pas leurs géniales cogitations qu'ils l'avaient compris], ont été faits non seulement plus ignorants et déraisonnables que les autres hommes, mais que les bêtes brutes [ils ont perdu toutes connections avec la réalité et se sont comportés comme les pires salauds] ? Car ayant erré en leurs esprits [ayant pris la grosse tête], s'attribuant ce qu'à Dieu seul appartient [ils ont pensé qu'ils avaient un pouvoir particulier], ont montré leurs erreur par le désordre de leur corps [et ont été tellement contents d'eux que leur libido s'est emballée], oubliant et pervertissant l'ordre de leur sexe [ils se sont crus soudain tout permis sur les autres], comme saint Paul aujourd'hui nous montre en l'épître qu'il écrivait aux Romains."- "Il n'y a nul de nous, dit Parlamente, qui par cette épître ne confesse que tous les péchés extérieurs ne sont que les fruits de l'infélicité intérieure [tout le monde reconnaît qu'un mauvais comportement provient d'une absence de satisfaction intérieure], laquelle est plus couverte de vertu et de miracles plus est difficile à arracher [ce mécontentement de soi est généralement dissimulés sous de nombreuses apparences de qualités inexistantes]". - "Entre nous hommes, dit Hircan, sommes plus près de notre salut que vous autres car, ne dissimulant point nos fruits, connaissons facilement notre racine [nous les hommes ne risquons moins de nous tromper que vous les femmes du fait que nous paradons tellement volontiers quand nous avons fait quelque chose de bien, du coup, nous avons plus conscience de l'orgueil qui nous habite]. Mais vous, qui ne les osez mettre dehors et faites tant de belles oeuvres apparentes, à grand peine connaîtrez vous cette racine d'orgueil qui croît sous si belle couverture [mais vous qui êtes tenues à vous montrer modestes et discrètes il vous est extrêmement difficile d'avoir conscience de l'orgueil qui vous habite quand vous vous adonnez à des oeuvres de charité (l'aumône aux pauvres, etc..)]".
- "Je vous confesse, dit Longarine, que si la parole de Dieu ne nous montre, par la foi, la lèpre d'infidélité cachée en notre coeur [il est vrai que seul croire en une force supérieure ne nous aide pas franchement à voir quelle suffisance et quel orgueil nous sommes capables de cultiver en nous], Dieu nous fait grand grâce quand nous trébuchons en quelque offense visible par laquelle notre peste couverte se puisse clairement voir [heureusement que quelqu'un nous blesse de temps en temps pour nous faire prendre conscience par la manière dont nous réagissons de notre état d'esprit intérieur qui reste la plupart du temps caché]. Et bien heureux sont ceux que la foi a tant humiliés qu'ils n'ont pas besoin d'expérimenter leur nature pécheresse par les effets du dehors [et ils ont de la chance ceux qui ont réussi à avoir une foi en eux telle que rien de ce qui se passe dans leur vie ne provoque en eux une réaction destructrice]".

Nous avons là clairement une réflexion sur la mégalomanie et l'égocentrisme de ceux qui se sont crus un jour "élus" ou simplement très supérieurs aux autres et qui basculent alors dans la permissivité absolue parce qu'ils ont cessés de s'identifier au commun des mortels et estiment tout à coup que tout autour d'eux doit se soumettre à leur caprice les plus destructifs. Or pour "Parlamente" (Marguerite de Navarre) la destructivité est la manifestation d'une insatisfaction cachée et inavouée.
Le seul homme de l'assemblée estime naturellement que les plus exposés à ce genre de comportement sont les femmes !

* pour les non-croyants (pour les croyants c'est Dieu, Allah, Jéhovah ou Bouddha).

mercredi 16 novembre 2011

Carole Martinez, prix Goncourt des lycéens 2011

Et d'abord ma réponse au portrait chinois de Fattorius

Si j'étais...

- Une région du monde : le Sahara

- Un restaurant : bio végan

- Un fruit : une mangue

- Un légume : une romaine

- Une fête : la fête des fleurs

- Un objet indispensable : une flûte double (ou aulos)

- Un bruit : la résonance du verre de cristal

- Un appareil high-tech : je ne serais jamais un appareil high-tech

- Une actrice : moi

- Une montagne : toute la chaîne des Pyrénées

Je tague à mon tour Dada vidov, Traqueur stellaire, princesse 101, Cui cui, Annie et Kenza +

celles et ceux qui veulent reprendre le flambeau !

Fichier:Sibyl Sanderson as Esclarmonde.jpg

Le Moyen-Age et une jeune femme emmurée de son propre chef pour échapper au mariage, telle est l'intrigue du "Domaine des murmures" (Gallimard), le roman de Carole Martinez qui a séduit le jury du 24e Goncourt des lycéens 2011.

Choisi au troisième tour lundi avec sept voix contre six pour "Retour à Killybegs" (Grasset) de Sorj Chalandon, le second roman de Carole Martinez a conquis les membres du jury par son "écriture poétique, qui offre une autre vision du monde", a expliqué Benjamin Requet, président du jury et élève de seconde au lycée Montaigne, à Paris.

Les lycéens ont notamment apprécié que Carole Martinez (remarquée avec son premier roman "Coeur cousu") ait fait du Moyen-Age et de cette jeune fille refusant son destin un récit "moderne très bien écrit", qui aborde "beaucoup de sujets d'actualité", comme la place des femmes, la foi, les rapports père-fille, a souligné Joséphine, 15 ans, du Lycée français de Londres.

L'héroïne Esclarmonde "obtient un pouvoir incroyable" depuis sa cellule, recueillant les confidences et attirant les pèlerins qui vont en faire une quasi sainte, s'est enthousiasmée Léa, 16 ans, en 1ère littéraire au lycée Auguste-Rodin, à Paris.

A lire : l'excellente présentation du livre par luzycalor (l'une des Marie Stuart de mon tag).



Quant à remporter le prix Goncourt normal, vous rigolez. Il faut être un homme et écrire sur les hommes.

lundi 14 novembre 2011

A bas le vêtement féminin !

Quand les aventures ne viennent pas à moi, je vais à elles, donc, comme je le raconte sur le blog de Kalista, ma nouvelle rupture avec le train-train quotidien a consisté dernièrement à me lancer dans une expérience que je n'avais jamais osé tenter (alors que ce n'est pas très sorcier mais on n'est tellement conditionné, comme on dit) : me déguiser sans prétexte comme les films ou les bals costumés, bref...hors des clous.

Je me suis introduite au rayon hommes d'une filiale des magasins H&M et j'ai choisi des vêtements d'hommes à ma taille. Première surprise : j'ai eu moins de mal à trouver des vêtements à ma (petite) taille chez les hommes que chez les femmes ! J'ai trouvé de prime abord le choix de vêtements qui est imparti aux hommes d'une tristesse affligeante. Mais je me suis vite dit que cela a une fonction : ils ne doivent pas s'embarrasser avec le vêtement. On prend beaucoup moins de temps à choisir quand le choix est restreint = gain de temps. D'autre part on a affaire à une grande uniformité, cela renforce le sentiment d'appartenance à un groupe donné, alors que chez les femmes, il y a tant de styles ! On ne s'étonne plus du fait qu'elles se toisent entre elles en se disant "Tiens comment elle est habillée celle-là". Le rayon féminin de H & M s'étale sur trois étages, le masculin prend à peine le tiers d'un étage !

Je suis allée essayer ma pêche de fringues masculines chez les femmes parce que je ne tenais pas à me faire remarquer en entrant dans les cabines. Heureusement personne ne m'a arrêtée en chemin ni demandé ce que j'essayais. Peut-être que je ne devrais pas écrire cela ici et que l'idée d'instaurer une frontière avec laisser-passer dans le magasin pourrait venir aux fabricants de discrimination sexuelle, sait-on jamais !
J'ai essayé les vêtements, assurées de ressembler immédiatement à un mec. Et bien PAS DU TOUT ! Une fois sur moi, les vêtements masculins (un jean, un chemisier, un pull) n'en étaient plus ! Sans compter que les coupes simples, sobres et polyvalentes m'allèrent immédiatement très bien.
Je les ai achetés.
Aujourd'hui je les porte au boulot et j'observe si quelqu'un remarque quelque chose. Je crois que je viens de découvrir un nouvel univers. S'habiller en femme est beaucoup plus un esclavage qu'on ne se l'imagine.
Mais il se peut que je mette du temps à adhérer à cette forme de vêture car il va falloir faire le deuil des froufrous et des dentelles et ce n'est pas si simple ! En tout cas, il est loin le temps où je m'efforçais de ressembler à Lana del Rey (non, c'est faux, j'essayais de ressembler à Annie Lennox) !

jeudi 10 novembre 2011

"anonyme" est un bâtard incestueux, certes, mais le pire est évité : ce n'est pas une femme



Je voulais publier d'autres choses (le Goncourt des lycéens communiquer par JEA ; le résultat général de mon tag, entre autres) mais je viens de voir avec une salle pleine de gens qui ont participé comme moi d'une manière modeste ou non à sa fabrication, le film de Roland Emmerich consacré à Shakespeare auquel est rattaché désormais un paquet de souvenirs et de billets de ce blog, il faut donc que j'en parle au risque de lasser.
Voir ce film m'a fait l'effet de visionner une vidéo familiale "Tiens, Jessica ! Tiens, Manfred !" retrouver des têtes connues qu'aucun spectateur/trice ne remarquera jamais, retrouver des parties de décor vus dans les coulisses, redécouvrir certains objets aperçus dont on se demandait à quelle genre de scène ils allaient bien pouvoir servir : le chariot à foin, par exemple, à l'abri duquel on est allé s'étendre en cachette et d'où l'on a surpris quelques techniciennes qui s'emparaient de paillasses pour s'allonger sous la Lune parce qu'on est venus à l'aube et que l'on sera encore là à l'aube suivante ; on découvrait enfin quelle effet avait finalement été obtenu avec certaine caméra supergéante à cou de dinosaure et tête chercheuse qui obligeait à se plier en deux à son passage, à apprendre de où à où telle scène interminable recommençée dix fois a été coupée au montage, à se souvenir des odeurs, du froid, du chaud, des sons, des incidents, des conflits, des romances, des diverses équipes techniques et bien sûr des acteurs cotoyés parce qu'excellents dans des rôles qu'ils/elles n'ont bien entendu pas choisis. Tellement bons (90% d'hommes) qu'on en oubliait qu'ils jouaient.


Esthétiquement très réussi, ce film m'a surtout donné envie d'en faire un moi-même mais avec nettement moins d'hommes en vedette.
Un film avec plein de femmes et d'animaux.
Car dans "Anonymous" les animaux vivants sont des véhicules (chevaux), des obstacles (poules qui entravent la fuite de quelq'un) et les animaux morts, comme dans le bureau du soi-disant vrai Shakespeare, sont des trophées au mur (un demi-zèbre, par ex.), des cadavres en bocaux, ou seulement apparemment empaillé comme le faucon aveuglé par un masque (qu'il aurait normalement du porter uniquement à la chasse) afin d'effrayer le visiteur et le/la spectateur/trice.
Voilà qui ressemble à notre époque et non au XIVe siècle !
En attendant pour ce qui est de la théorie selon laquelle l'oeuvre de Shakespeare aurait été écrite par Edouard de Vere, comte d'Oxford, qui aurait en même temps été le fils caché de la reine Elisabeth avec lequel elle aurait ensuite eu un autre fils caché (oui, vous avez bien lu, Roland Emmerich qui par ailleurs est un grand cinéaste vient de surpasser Patrice Chéreau sur la question du cliché de l'inceste au XVIe siècle), elle est juste ÉNORME.

Voilà ce qu'en dit d'ailleurs le Zeit-online (extrait) :

" (...) Ce qui est bête c'est que de Vere est mort en 1604 et que dix pièces ont été écrites après cette date. Macbeth, La Tempête font allusion à des événements qui se sont produits après sa mort. D'après Anonymous de Vere aurait écrit Le songe d'une nuit d'été, un nouveau genre du théâtre elisabéthain, 40 ans avant la première – il aurait donc eu 9 ans. C'est comme si Buddy Holly, le plus grand musicien de rock de tous les temps avait composé Peggy Sue en 1945 ; sauf qu'à l'époque il y n'avait juste pas de rock ’n’ roll du tout. (...)
La question que l'on se demande alors, c'est "qui ment?". Mais les films se préoccupent rarement de vérité historique ; il s'agit de raconter une bonne histoire qui aurait pu éventuellement se passer. Le problème avec Anonymous est malheureusement plus aigu, il pénètre au coeur de la créature postmoderne qui par principe ne fait pas de cas particulier de la vérité parce qu'elle ne serait qu'une »construction«. Tu as ta version et j'ai la mienne – qui sera en mesure de dire laquelle est juste ?"

Bon OK, l'article ne parle ni d'Elisabeth, ni d'inceste, ni du fait que Shakespeare aurait pu être une femme. Il est question de la vérité historique et d'hommes. Et dans le film et dans les critiques et dans les exemples pour étayer ces critiques.
Les hommes, les hommes, les hommes. Seuls sexes autorisés à montrer toutes les facettes de l'être humain.
Dans ce film, les femmes sont ou des quémandeuses de mariage et de dot, ou des prostituées ou une reine qui se préoccupe surtout de ses plaisirs et qui est gouvernée en sous-main par un homme (je n'ai pas retenu le nom de personnage).


Et les bandes-annonces précédant le film ce sont révélées pire encore. Aucun blockbuster à voir dans l'avenir ne répond à l'un des critères du test de Bechdel qui en compte trois.

Ici l'enfance d'Elisabeth pour les anglophones. Fille d'un second lit avec un père qui tua sa mère, abusée sexuellement dans son enfance, soucieuse de ne pas se laisser voler le pouvoir par un homme, voilà une femme qui n'eut certainement pas la sexualité débridée que lui prête Emmerich. D'ailleurs une autre théorie existe qui accorde directement la maternité de l'oeuvre de Shakespeare à sa personne...